La voix, un outil érotique : comment bien l’utiliser au lit ?

Clarisse Luiz 31 mai 2019

 « Les femmes jouissent d’abord par les oreilles » écrivait Marguerite Duras.

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La voix est un organe que l’on considère rarement comme une zone érogène des plus essentielles. Pourtant, pour passer du « dire » au « jouir », il n’y a parfois qu’un mot…

« Non seulement je couine son nom pendant l’acte mais également des conneries qui tournent en rond, genre « Oh, oui, J-Do. Oh, mon Dieuuuuuuuuu ! » ou alors « Oh, merci J-Do, merci », je m’embrouille dans des remerciements qui sortent tout seuls et des « C’est bon, c’est tellement bon », 40 000 fois les mêmes clichés. C’est risible, mais c’est comme ça, le langage de mots ne suit tout simplement pas. Alors pourquoi l’ouvrir quand même pour dire des conneries ? Sais pas. Je miaule son nom, le mêle à des « ouiiiii » stupides, et il me demande et redemande quand même si c’était bien. Jamais vu plus ridicule. » Difficile de ne pas se sentir concerné par cet extrait de Parties Communes, l’excellent roman d’Anne Vassivière paru aux éditions La Musardine. Un livre qui recèle de belles pensées introspectives difficilement avouables lorsque l’on est en pleine action, mais qui n’en restent pas moins criantes de vérité. Car oui, au lit, nous l’avons tous constaté : notre vocabulaire passe facilement de 3 000 mots de base à une petite centaine, et se rétrécissent même parfois en quelques onomatopées mal articulées.

Comment on s’exprime au lit  ?

Pour François Perea, dans Le Dire et le jouir, un essai sur notre comportement vocal lorsqu’on passe au lit paru aux éditions La Musardine, nous aurions trois façons distinctes de communiquer :

  • Les silences : la rétention des possibilités d’énonciation constitue une réaction classique du comportement empreint d’émotion. Les mots manquent, alors le sujet reste sans voix.

Si la voix brille par son absence, elle donne aussi tout autre sens quand elle est verbalisée, pour coordonner l’acte sexuel :

  • Les formes verbales : « mets-toi là », « viens sur moi », « plus vite ! », « t’arrêtes pas je vais jouir ».
  • Les formes exclusivement vocales : indiquer son état d’excitation par l’intensité de son halètement et de ses gémissements.

Si ces formes peuvent varier en fonction du moment de l’acte sexuel (qui va souvent crescendo), si on est actif ou passif dans l’acte sexuel (les passifs sont souvent les plus loquaces) ou encore si on est dans un acte intime ou en exhibition, globalement, « François Perea montre que la sexualité s’accomplit selon des scripts, c’est-à-dire des sortes de schémas, qui prescrivent plus ou moins les séquences de gestes et des postures mais également les suites de mots. » souligne Marie-Anne Paveau dès la préface.

Au lit, un peu d’originalité peut vraiment nous faire grimper aux rideaux !

  • Par le fond

« À travers les mots, on visualise une scène et de cette scène nait une émotion érotique, surtout si cette voix est sensuelle, qu’elle soit masculine ou féminine d’ailleurs. Si je lis « je le prends dans ma bouche, et il me fait jouir », ça a une force érotique. Mais si vous entendez une femme qui dit la même chose, c’est augmenté parce que vous avez une matérialisation de ce qui est fait par le dire. Ça rajoute du réel et ça pimente de l’excitation. » nous explique Franck Spengler.

Ces mots qui utilisent nos fantasmes et nos représentations culturelles comme support érotique sont donc des outils infinis, puisqu’irréels, pour puiser dans les désirs secrets les plus profonds de nos partenaires. Et si vous avez peur d’aller « trop loin » et d’utiliser des mots injurieux ou trash – le fameux « Dirty Talk » – sachez que tout dépend de la réceptivité de votre partenaire, n’hésitez pas à en parler avant avec lui. 

D’ailleurs, si le « Dirty Talk » se prête à l’instantanéité des ébats « Je vais t’en foutre partout. » « Prends-là bien ! » car il est souvent bref et percutant, vous pouvez tout aussi bien proposer des formes plus élaborées de discours à votre partenaire en tant que préliminaire en lui bandant les yeux, par exemple, en le laissant fixe dans la pièce pendant que vous tournerez autour de lui.

  • Par la forme

On vous a déjà parlé de l’ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response), cette technique très en vogue qui se base sur des stimuli sensoriels et facilite la relaxation. Notre cerveau est extrêmement réceptif aux bruits et pas simplement pour interpréter le discours sous-jacent. Ces bruits peuvent aussi nous faire changer d’humeur, nous détendre, stimuler certaines hormones, changer notre état de conscience…

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Utiliser sa voix de façon torride…

Si vous passez au lit et que vous n’êtes pas sûr d’assurer vocalement, voici 3 conseils pour déclamer un monologue torride à votre partenaire :

  • Bien placer la voix

Au niveau technique, attention à ne pas s’emporter dans les aigus et à bien rester sur les graves. On peut jouer entre le suave et le murmure, avec quelques moments d’éclats, mais la voix doit rester grave, posée et claire. Il faut que chaque mot soit bien articulé, mais rien ne doit être « surarticulé » au risque de perdre en intensité.

  • Ne pas négliger le regard

Si la voix est évidemment l’instrument sur lequel on va se concentrer, il ne faut surtout pas oublier le contact visuel. Rester très précis et très posé dans le regard, ne pas fuir l’autre. Si c’est un peu difficile, on peut aussi imaginer basculer dans un contact plus tactile, en lui prenant la main ou en caressant la cuisse. Le but est que le corps suive la voix.

  • De la sincérité !

Tout ce qui est dit doit rappeler à l’autre des moments qui ont déjà été vécus ou des détails très personnels. Par exemple, si vous dites « J’adore t’embrasser ! » On sait que tout le monde aime embrasser, ça ne vaut rien. Il faut rentrer dans le détail : tu aimes quoi, exactement ? La texture des lèvres ? L’odeur ? Le mouvement des langues ? Le souffle ?

(Photo à la une : Getty Images)

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