Douche coquine en pensant à mon amant
5 mai 2020Suzy, 50 ans, raconte ses pensées érotiques sous la douche, en repensant à ce beau professeur trentenaire – dont les caresses lui sont interdites en cette période de confinement.
Ce que je vais raconter pourra vous sembler banal mais quand c’est aussi nouveau qu’inattendu, ça en devient une toute autre histoire personnelle. A vous qui êtes des inconnus, il me sera bien plus facile de livrer mes plus secrètes pensées.
Mais tout d’abord laissez-moi me présenter. Je me prénomme Suzy, je suis depuis peu « quinqua », depuis toujours hyperactive, « mam’preneuse » pour maman cheffe de ma petite entreprise ! Je suis mariée (mal) depuis de nombreuses années à un médecin qui est avant tout … un médecin ! Vous l’aurez compris, ma charge mentale est de magnitude cent, sur l’échelle « Simone de Beauvoir » qui en contient huit ! Je suis seule pour tout gérer, j’ai un grand confort matériel et je ne me plains pas mais côté épanouissement personnel et jubilation sensuelle, je suis en plein désert. De nature fidèle, même dans une modernité d’esprit, la découverte du sexe n’a été ni précoce, ni très riche dans ma vie. Dans le mariage, l’idée de séduire à l’extérieur ne m’est jamais venue à l’esprit et mon statut m’a lentement enfermée dans un carcan pour le moins légèrement neurasthénique. J’étais engourdie, comme anesthésiée par cet homme, maladroit et incompétent en amour, qui m’étouffait et qui, doucement, a enchevêtré ma vie dans une mangrove qui a fini d’éteindre chez moi tout désir d’avenir sentimentale et sensuel.
Pourtant la vie est ainsi faite que tout arrive à qui ne l’attend pas ! Poussée par un ami d’enfance d’une proximité fraternelle, je me suis doucement permise quelques petits plaisirs, séduction et auto-plaisirs à l’essai ! Une prison même dorée, non merci, je suis une femme de la génération « résiste, prouve que tu existes ». Mon ami avait évidemment raison, une jolie quinqua qui s’entretient fait encore tourner bien des têtes ! Je suis grande, blonde naturelle, je m’habille à la mode dans des vêtements qui oscillent entre le 36 et le 38, j’ai la chance d’avoir une belle poitrine qui défie toujours la gravité, des hanches bien dessinées. Bref, je suis toujours gaulée et, cerise sur le gâteau, je fais dix ans de moins que mon âge ! Seulement voilà, pas totalement libre dans sa tête, difficile de faire des rencontres. Que dire de la génération à laquelle j’appartiens et qui nous a persuadées, je ne sais trop comment, que ce n’est pas la femme de faire le premier pas ?
Voilà ! Voilà dans quel état psychologique j’étais encore récemment. Alors quand, ce soir-là, dans ce bar branché de ma ville où je vais régulièrement boire des verres et passer des soirées amicales sans aucune arrière-pensée, mon regard croise celui de Léonard, un signal oublié a retenti en moi ! Beau, brun, trentenaire, ténébreux, intelligent et … drôle, il n’en était pas moins un des profs de mon fils, alerte au collège ! Nous avons discuté cinéma, littérature, école, enfants, vie privée, bref, tout y passa avec naturel et spontanéité, chacun curieux et ouvert à découvrir l’autre. Lui débute une période de libertés, il le revendique, c’est bien ainsi, tellement moins de préoccupations sur les attentes éventuelles … Je ne suis pas officiellement libre, alors pas de promesses, que du plaisir à se rapprocher chacun dans sa zone. Je suis bien vite tombée sous le charme de cet homme drôle et attentionné, la bière « la saison des amours » que je buvais lentement pour faire durer le moment portait si bien son nom ce soir-là.
Tout est arrivé si vite, et alors que je cédais délicieusement à cette tentation gourmande, la planète tout entière, elle, cédait à la panique face à la pandémie inattendue et meurtrière du Covid 19, celle qui ferait de l’année 2020 une date très particulière dans la mémoire collective !
L’heure du confinement a sonné, et avec, celle de la distanciation sociale ! Aucune évidence dans cette situation inédite. Il nous restait, pour seule attache, l’écriture numérique et rapide du XXIème siècle qui nous sauverait peut-être de la solitude et du manque, imposés pour raisons sanitaires. A la réflexion, c’est bien ainsi que font des milliers d’humains qui nourrissent leur imaginaire et qui font connaissance sur les sites de rencontres, non ? Alors, malgré un début prometteur, il fallait en revenir à la découverte à distance. Les doutes sont là, le manque aussi mais tout cela est compensé par la possibilité d’une approche toute en finesse et en honnêteté. J’avais envie de le revoir, ce désir était partagé.
Mon amant délicieux d’un soir trop vite passé devenait quelqu’un dans ma vie à chaque jour de confinement qui passait.
Je décidais que rien ne me priverait de faire renaître ma sensualité et mon désir que je croyais à jamais enterrés, pas même ce satané virus. Ce ne sont pas les jeux et les idées qui manquent pour faire connaissance à distance, et plus encore si on le veut bien ! Oserais-je exprimer mon désir, m’exposer nue et parfois fragile, en proie à une excitation qui dévorait mon corps et mes plus intimes pensées ? Aucun de nous ne veut brusquer les choses, entre peur du trop et peur du trop peu … Et si le fait que nous nous connaissions si peu encore nous empêchait d’aller plus loin ? Ma timidité se confronte à l’inhabituel, c’est très probablement une chance finalement, libre à nous d’en faire une. Une photo sensuelle, oui je la veux, oui je la donne, puisqu’elle devient une évidence et même si elle est venue confronter ma timidité légendaire, Léonard ne brusque rien, j’y suis sensible …
Il arrive que nos SMS prennent le chemin du désir plus brûlant. Envie de se voir, de se toucher, de s’envelopper. Les allers-retours prennent le rythme de nos respirations, frénésie de mots et d’images esquissées, désirs parabolés ou évoqués sans détour. Le crescendo est implacable.
Il rêve de mes seins, de leurs petites aréoles roses, de leur saveur vanillée. Je veux son odeur, sa voix, sa respiration, me lover dans ses bras accueillants. Il évoque ma chute de reins et le galbe de mes fesses, y pose virtuellement des mains caressantes, non timides. Nous ressentons ensemble nos frissons. Je désire sa nudité, sentir son désir, obélisque érigé en mon honneur, poser une bouche timide mais gourmande sur ce fruit délicat.
Nous nous offrons l’un à l’autre par la force de l’imaginaire, à distance. Je veux qu’il me trouve belle, à distance.
Interdit de se voir ! Interdit de se toucher ! Pas interdit d’y penser … Je veux ses mains sur moi, ses lèvres sur mes nymphes renaissant à la vie. Je veux sa masculinité, tel un phare dressé dans ma nuit et guidant ma passion sensuelle. Il désire mon corps telle une odalisque, offerte à son regard brûlant. Il veut me prendre, m’enlever, me posséder. Il désire pénétrer mon sanctuaire et y mourir d’extase. Je veux cette lumière, ce feu sacré, boire son ambroisie divine.
Un soir, un de plus, le feu du plaisir m’a dévastée tandis que je percevais ses râles de guerriers déposant les armes aux pieds de notre vertige commun. Mon sillon n’était qu’une coulée de lave, j’avais chaud, j’étais en sueur. Je me suis étonnée de me sentir haleter, à bout de souffle. J’avais joui sans même me caresser. Mon corps était encore brûlant de ce feu inextinguible qui me poussait vers lui.
Je me suis glissée sous la douche et j’ai osé ce qui me paraissait encore impossible quelques semaines plus tôt : je pris la photo de ce moment et lui ai envoyé sans plus y réfléchir. Il a adoré me voir ainsi nue, groggy du plaisir que ses mots avaient déclenché en moi.
J’ai ouvert l’arrivée d’eau, une pluie fraîche et bienfaisante à nimber mon corps mais ce dernier réclamait de nouveau, mon bas-ventre pulsait, un écho sourd et lancinant qui, je le savais, ne me lâcherait pas tant qu’il n’aurait pas eu ce qu’il réclamait. Le pommeau s’est mû comme par magie entre mes cuisses, appuyée contre le carrelage froid j’ai arqué mes cuisses écartelées, prête au supplice. Le jet d’eau d’abord diffus s’est concentré sur une cible perlée et sensible.
Les parois de la douche tournoyaient désormais autour de moi, je vacillais de nouveau alors qu’une seconde vague délétère me submergeait. J’avais besoin d’éteindre ce feu en moi, ce feu qu’avait allumé Léonard et qui me consumait.
Mais seules ses caresses et sa présence physique pourrait circonscrire l’incendie.
C’est décidé, ce soir je défie le monde, je tords le cou à tous mes principes passés et prête à la désobéissance, je me signe une attestation dérogatoire de sortie dont le motif serait bien inavouable !
(Photo à la une : Getty Images)
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