Les Japonais et la sexualité joyeuse !
6 février 2017Quel est le regard posé sur la sexualité au Japon qu’on pourrait juger un peu exubérante en France ?
> L’éclairage d’Agnes Giard, anthropologue et spécialiste du Japon sur les questions de sexualité
Au Japon, les organes génitaux sont sacrés et vont toujours par paire, comme il sied à des organes conçus pour « aller ensemble ». On prie et on frotte respectueusement les testicules géants des statues de tanuki dans les sanctuaires consacrés au désir d’être mère. Pendant certaines fêtes liées au repiquage du riz et aux récoltes, on offre des sucettes en forme de vulve et de pénis aux jeunes. Lors des fêtes appelées hadaka (nues), des foules d’hommes seulement vêtus d’un fundoshi (cache-sexe) « se frottent les uns contre les autres », essaient d’attraper au vol un symbole phallique que leur lancent les prêtres, maculent de boue les femmes pour leur porter chance, ou se battent pour la possession de flèches au symbolisme transparent…
L’euphorie collective née de ces orgies plus ou moins stylisées est censée renforcer les forces de vie, raison probable pour laquelle le sexe au Japon fait souvent l’objet de plaisanteries portant sur son caractère presque religieux… Assimilant la pénétration à une quête spirituelle, de nombreux pornographes parlent avec semi-ironie de leur plaisir en termes de pèlerinage. Quand ils s’enfoncent dans un vagin, certains prétendent qu’ils en passent des portes successives. La croyance veut en effet que le vagin standard possède 48 plis (hida), ce qui correspond à la date anniversaire de la mort du Bouddha : le quatrième mois et le huitième jour.
Il existe d’ailleurs, parmi les rituels de purification les plus importants au Japon, une fête appelée nagoshi no O-harai et qui consiste, le 30 juin, à passer à travers des cercles de paille (chi no wa). Nagoshi signifie calmer, soulager. Dans tous les sanctuaires, les grands cercles de paille sont dressés comme des portes et les gens passent à travers… La métaphore est transparente, là encore. Pour se purifier, pour repartir à zéro, il faut passer à travers un symbole de l’éternel recommencement.
(Image à la une : scène d’Hadaka / )
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Pour aller plus loin dans l’approche de la sexualité par les Japonais :
> Pourquoi les jeunes Japonais sont-ils tétanisés face à la sexualité ?
« Les études et les articles qui mentionnent régulièrement l’âge avancé de la perte du pucelage au Japon peut faire penser que les Japonais sont tétanisés devant la sexualité. Le sont-ils ? Pourquoi ? »
> LoveDolls, les préjugés vs la réalité
« Il ne suffit pas d’être en manque pour avoir envie de s’acheter une poupée. Le profil du client n’est pas celui de l’homme souffrant de sa solitude, ni celui du looser frustré qui se rabat –faute de mieux– sur un objet parce qu’aucune femme ne veut de lui » Agnes Giard.