Jusqu’où peut-on aller en matière de chirurgie plastique ?
9 mars 2018Si la communauté scientifique et les pouvoirs politiques tentent de baliser le terrain, le grand public aurait plutôt tendance à banaliser ce type d’opérations.
À quoi ça sert ?
La chirurgie plastique se divise en deux grandes spécialités : la chirurgie reconstructrice et la chirurgie esthétique. Cancer du sein, déformation de naissance, traumatismes divers ou purement esthétiques qui mènent à la chirurgie plastique.
De même, quand le nez, les oreilles, le pénis ou la poitrine dérogent à une certaine norme, la chirurgie peut venir corriger la nature avec élégance pour rendre la vie plus agréable. Enfin, on peut estimer, pour des motifs d’ordre professionnel ou relationnel, que certains points de notre corps pourraient être optimisés afin de gagner en confiance en nous et en reconnaissance sociale.
Après tout, chacun dispose de son corps à sa guise… dans la mesure où le chirurgien veut et peut opérer la personne qui en fait la demande, car le praticien peut opposer un refus s’il estime votre demande non fondée. C’est alors que l’affaire se corse, car une nouvelle façon de “consommer de la chirurgie” émerge, pour le meilleur et pour le pire.
La chirurgie plastique, un effet de mode ?
Un peu de bon sens !
De ces cris d’orfraie lancés au Sénat, on retiendra tout de même l’intervention du Dr Duteille, chef du service grands brûlés et chirurgie plastique au CHU de Nantes, pour qui “il faut éviter les chirurgies démesurées et trouver la balance entre le bénéfice et le potentiel préjudice chirurgical”. Pas avare de ses meilleures blagues, il ajoute : “Un bonnet A opéré à 18 ans, c’est parfois une vie sans antidépresseurs.” Le propos ferait presque oublier qu’il existe de véritables escroqueries dans le domaine de l’esthétique en France.
Les vrais débordements
Si une tendance à la surconsommation de la chirurgie esthétique émerge dans le monde, la France s’y place seulement à la 14e place mondiale. L’exemple édifiant de nos amis asiatiques, comme en Corée du Sud, pourrait nous éclairer sur la piste à ne pas suivre : yeux, nez, lèvres, oreilles… Au pays du matin calme, une femme sur cinq est passée sur le billard pour parfaire son apparence. Viennent ensuite les États-Unis où l’on peut rencontrer des “freaks” célèbres, comme , qui cherche toujours à ressembler à la poupée Ken après 90 opérations à seulement 33 ans… Le Royaume-Uni n’est pas non plus en reste. On y a vu le nombre de nymphoplasties se multiplier par cinq en cinq ans. Et ce n’est rien par rapport à l’Amérique Latine (surtout le Brésil), où l’on peut dorénavant aller se faire opérer pour un prix plus raisonnable.
Vous souhaitez sauter le pas ?
Sachez que le chirurgien spécialisé (diplômé en chirurgie plastique) a un devoir d’information. C’est lui/elle qui va évaluer “l’adéquation opératoire” entre la demande et ce qui peut être réalisé. Il saura éviter les éventuelles interférences d’un tiers et repérer les cas typiques de dysmorphophobie (ce trouble qui nous fait détester notre corps), tout ceci dans un cadre déontologique strict. Lors des consultations préparatoires, on vous informera qu’il y a toujours un risque encouru.
Les effets indésirables restent conséquents à chaque fois qu’on subit une chirurgie. Il existe des cas mortels et les professionnels sont là pour vous le rappeler. En France, la marchandisation à outrance de la chirurgie plastique n’est pas une réalité. Le Conseil national de l’ordre des médecins y veille et, apparemment, les pouvoirs publics également.
Ne laissons personne nous dire le contraire: notre corps nous appartient, et nous avons le droit de vouloir de plus gros seins, un anus plus rose, de plus grosses fesses ou des lèvres intimes plus courtes.