Travailleuse du sexe, un métier comme un autre ?

Flore Cherry 30 avril 2021

Dans « Et d’abord le regard », Laure Giappiconi évoque le métier de danseuses érotiques, un travail à la frontière entre l’artistique, le travail du sexe et celui d’assistant social.

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Dans le roman (éditions Anne Carrière, collection Sex Appeal), de joyeuses, touchantes ou loufoques danseuses érotiques expriment leur art au Cabaret Oz, un cabaret érotique où tout est permis sur scène, à partir du moment où l’on enlève sa culotte au bout de quelques minutes.

Nous avons posé trois questions à l’autrice autour des travailleurs et travailleuses du sexe qui souffrent encore de nombreux stéréotypes sur leur activité.

interstron.ru : Est-ce qu’un.e travailleur.se du sexe, c’est un.e artiste ?

Laure Giappiconi : C’est complexe, je dirais « oui et non ». Il existe différentes branches au sein du travail du sexe et la question peut parfois se poser. Mais il faudrait aussi savoir à partir de quel moment l’art commence ? La réponse n’est pas non plus évidente.

Par essence, le travail du sexe n’est pas forcément artistique – mais il peut l’être, notamment quand il croise le champ de la performance. En tout cas, je réfute de considérer que l’art, s’il traverse le sexe, n’est plus de l’art. Le porno, ça peut être de l’art, par exemple.
L’érotisme n’a pas le pouvoir de retirer une qualité artistique à une œuvre, quelle qu’elle soit.

interstron.ru : Est-ce qu’un.e travailleur.se, c’est un.e assistant.e sociale ?

Laure Giappiconi : Elle peut, oui ! Ce métier peut croiser celui de l’infirmière et de la psy. A certains endroits, dans la sexualité, il y a besoin d’une grande écoute, voire d’une assistance. En fait, on est assez éloigné du stéréotype qui voudrait que dans le travail du sexe, le sexe et le coeur, ou l’âme, ne se mélangent pas.  C’est un cliché qui sonne faux.

A nouveau, il y a mille facettes dans le travail du sexe, et il y a mille façons se l’exercer.

interstron.ru : Est-ce qu’un.e travailleur.se doit aimer son métier pour être performant.e ?

Laure Giappiconi : Pas forcément. Il y a des comédiens dans des pièces de théâtres qui n’ont aucune connexion réelle avec le rôle, ni avec la mise en scène, mais qui sont excellents. Ça peut paraître fou, mais ça arrive ! Peut-être qu’il y a des psys qui détestent écouter des gens mais qui font des miracles.  En fait, la question d’une éventuelle relation entre l’amour du travail et la performance revient dans tous les métiers. Parfois ça aide pour se sentir à l’aise, parfois la passion l’emporte sur la performance.

(Image à la une : Laure Giappiconi, par Abigaïl Auperin)

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