L’histoire vibrante du gode

Gwendoline Casamata 15 janvier 2025

Communément, l’origine du godemichet est attribuée à l’Égypte antique autour de 40 avant J-C. Cléopâtre, célèbre pour sa beauté légendaire et son esprit redoutable, serait aussi pionnière dans l’art du plaisir… grâce à un sextoy bourdonnant. Selon la légende, la reine des pharaons utilisait un rouleau de papyrus rempli d’abeilles vivantes, pour profiter des vibrations naturelles de ces petites travailleuses zélées. Mais est-ce vraiment Cléopâtre qui est à l’origine des accessoires de plaisir ? On fait le point sur l’histoire du gode, aussi fascinante que ses multiples formes et usages.

Les Grecs, les Romains et leurs instruments de plaisir

Bien avant Cléopâtre et ses abeilles bourdonnantes, les Grecs et les Romains de l’Antiquité faisaient déjà usage de godemichés. Chez les Romains, en particulier, ces objets étaient très populaires et utilisés pour diverses occasions : en solo, lors des préliminaires, ou même en complément des rapports sexuels. Un historien romain les décrits comme « un instrument pour les rapports sexuels dans les cas où le vrai sexe n’est pas disponible ».

Fabriqués à partir de matériaux variés comme le cuir, le bois ou encore la pierre, ces objets se déclinaient en toutes formes et tailles (jusqu’au ). Certains modèles, plus ostentatoires, pouvaient même être fixés à des meubles ou à d’autres objets pour une expérience plus immersive. Ce pragmatisme, mêlé à une certaine créativité, montre que le plaisir a toujours occupé une place importante dans la vie quotidienne des civilisations antiques.

Moyen Âge et Renaissance : Entre pragmatisme et discrétion

Et loin de disparaître après l’Antiquité, l’usage des godemichés perdure tout au long du Moyen Âge et de la Renaissance. En Europe, ils sont notamment utilisés par les prostituées pour satisfaire leurs clients, tandis qu’en Chine, ces objets sont prisés des courtisanes. Le gode, bien que parfois caché sous des apparences discrètes, fait partie intégrante de la vie érotique de nombreuses cultures.

Les matériaux employés varient selon les époques et les régions : le bois et la pierre pour leur solidité, le cuir pour sa souplesse, et même le verre pour une touche d’élégance. Si leur fabrication témoigne souvent d’une grande habileté artisanale, leurs usages restent aussi diversifiés que les besoins de leurs propriétaires.

La masturbation médicale

Au XVIIᵉ siècle, les médecins ont recours à des massages manuels pour traiter l’hystérie, un travail fastidieux et épuisant pour ces praticiens. Il faut pourtant attendre le XIXe siècle, pour que le vibromasseur entre dans l’histoire scientifique. La révolution industrielle marque un tournant décisif dans l’évolution des sextoys et l’arrivée des machines offre un sérieux coup de main aux médecins.

En 1883, le médecin anglais Joseph Mortimer Granville invente le tout premier vibromasseur mécanique, baptisé le « marteau de Granville ». Le système fonctionne grâce à un mécanisme à ressort, puis à vapeur, et promet de soulager les tensions de ces dames sans fatiguer les médecins. Bien loin des accessoires élégants et discrets d’aujourd’hui, cette machine ressemble à un outil de forgeron.

Ironiquement, ce dispositif n’est pas destiné à la chambre à coucher mais au cabinet médical pour soigner les femmes atteintes d’hystérie, un diagnostic fourre-tout regroupant à peu près tous les troubles féminins imaginables, de l’anxiété à la frustration sexuelle. Granville, lui, ne destinait pas son invention à un usage sexuel, mais la frontière entre thérapie et plaisir a vite été franchie.

Des électroménagers sensuels

Le XXᵉ siècle marque une révolution dans l’univers des vibromasseurs grâce à une avancée technologique majeure : l’électricité. Dès les années 1930, ces appareils, désormais motorisés, quittent l’univers médical pour s’installer dans les foyers. Ils ressemblent alors à des sèche-cheveux ou des batteurs à œufs, un camouflage astucieux pour éviter les regards indiscrets.

Il faut attendre la révolution sexuelle des années 1960, pour que les godes se libèrent véritablement de leur usage médical et se démocratisent dans les foyers. Les mentalités évoluent, les tabous s’effritent et le plaisir féminin sort peu à peu de l’ombre.

Un tournant décisif survient en 1983, lorsque l’entreprise américaine Vibratex lance sur le marché le célèbre Rabbit, le premier sextoy combinant une stimulation interne et externe. Fabriqué au Japon, le Rabbit prend la forme d’un lapin pour contourner la loi nippone sur l’obscénité, interdisant les représentations explicites des organes génitaux. Le succès est immédiat, et le Rabbit, notamment popularisé par la série Sex and the City, devient une icône de l’érotisme moderne.

Le Boom du vibromasseur

La sortie de la saga littéraire 50 nuances de Grey en 2011 marque un nouveau tournant dans la popularité des accessoires de plaisirs. Les ventes explosent en physique ou dans les , et avec elles, les visites aux urgences. Entre 2007 et 2012, le nombre de patients américains ayant recours aux services hospitaliers pour des incidents liés à des accessoires érotiques double, passant de 1700 à plus de 2500 cas par an. En parallèle, les ventes explosent : le gode n’est plus un tabou, mais un accessoire ludique et assumé.

En France, les godemichés ont conquis un large public, et leurs designs futuristes n’ont plus rien à envier à la technologie de pointe. Une étude Ifop de 2017 révèle que 49 % des Françaises ont déjà utilisé un sextoy, un chiffre en hausse de 40 % en dix ans. Loin d’être réservé à une pratique solitaire, l’usage en duo se démocratise, preuve que le plaisir partagé gagne du terrain.

Aujourd’hui, les sex-toys rivalisent de technologie et de sophistication. Connectés, silencieux, ergonomiques, ils s’adaptent aux préférences de chacun et s’affichent fièrement dans des campagnes publicitaires chics et élégantes. Les tabous tombent : ils sont discutés, exposés, et même célébrés comme des objets de bien-être.

De Cléopâtre à l’ère numérique, le godemichet a traversé les époques pour briser les conventions et célébrer le plaisir. Longtemps cantonnés à des usages médicaux ou dissimulés sous des apparences anodines, ils sont désormais des symboles d’émancipation et d’exploration personnelle. Et qui sait ce que l’avenir réserve ? Une chose est sûre, l’imagination humaine n’a pas fini de vibrer.

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