Les robots vont-ils nous remplacer sous la couette ?
25 mars 2025Aujourd’hui, les robots ne sont plus que des simples machines servant à aspirer ou pétrir la pâte à pizza : zoom sur l’essor des robots sexuels.

En 2016, le futurologue Ian Pearson suggérait que les relations sexuelles avec des robots deviendraient courantes vers 2050. Un sondage YouGov effectué en 2013 révèle que 9% des Américains interrogés seraient prêts à avoir une relation sexuelle avec un robot. 4 ans plus tard, en 2017, ce chiffre accroit et atteint les 16%, puis s’intensifie à 22% en 2020. On dirait que la technologie au fil du temps fait moins peur et…attire ?
Lorsque la poupée de taille réelle rencontre l’intelligence artificielle
Le robot sexuel actuel n’a rien à voir avec la machine faite de ferraille à l’aspect humain comme les mythiques WALL-E et R2D2, car ils s’humanisent davantage.
Les poupées sexuelles réalistes ont une histoire riche remontant au 17e siècle avec les « dames de voyage » utilisées par les marins européens. L’évolution majeure est survenue au début des années 2000 avec l’introduction des poupées en silicone, le Japon étant pionnier en lançant les premières poupées grandeur nature en 2001.
Aujourd’hui, ces poupées atteignent un niveau de réalisme impressionnant. Leurs caractéristiques physiques, telles que les cheveux, la peau et les organes génitaux, sont remarquablement proches de la réalité. La personnalisation est devenue un aspect clé, permettant aux utilisateurs de choisir des attributs spécifiques.
Les avancées technologiques ont considérablement amélioré ces poupées. Certains modèles intègrent désormais des systèmes d’IA pour l’interaction conversationnelle, capables de communiquer en anglais et en chinois. Elles sont équipées de capteurs tactiles et de systèmes de chauffage, réagissant au toucher humain. Les expressions faciales ont également gagné en réalisme, avec des mouvements oculaires et une synchronisation labiale améliorés.
Ces innovations reflètent l’évolution constante de l’industrie des poupées sexuelles, répondant à une demande croissante de réalisme et d’interaction sophistiquée.
Essor de ces poupées en Chine et au Japon : la faute à la misère sexuelle ?
La Chine est le pays qui détient le plus grand nombre de célibataires dans le monde ! Selon un dernier recensement effectué en 2018, plus de 240 millions de Chinois seraient célibataires.
Ce pays fait face à un important déséquilibre démographique, avec un surplus de 30 millions d’hommes prévu d’ici 2030. Ce phénomène résulte de la politique de l’enfant unique et de la préférence culturelle pour les garçons. De nombreux hommes, privilégiant leur carrière, s’éloignent de leurs familles, ce qui stimule la demande de substituts sexuels.
Au Japon, le célibat est très répandu. En 2016, 44% des femmes et 42% des hommes entre 18 et 35 ans étaient encore vierges. L’industrie des robots et poupées sexuels s’est développée autour de ce phénomène, avec une poupée vendue toutes les 30 secondes.
Ce marché connaît une croissance spectaculaire en Chine, avec une augmentation de 50% en cinq ans. Lors de la journée des célibataires du 11 novembre, les fournisseurs vendent en moyenne une poupée par minute.
En 2025, le pays du soleil levant affiche le taux le plus élevé au monde d’utilisation de robots sexuels, avec 27,1% de sa population ayant essayé ou possédant un tel dispositif.
Selon le dernier recensement de l’INSEE en 2017, la France comptabiliserait en tout 18 millions de célibataires, dont 37% de femmes et 43% d’hommes. De ce fait, le Français est moins attiré par la poupée/robot sexuelle. Une étude publiée par Statista Research Department sur près de 1091 personnes interrogées, prouve que 82% des français n’envisageraient pas d’utiliser ce genre de poupée.
L’attirance pour les choses stoïques ne suscite pas le grand intérêt des Français. Cela peut provenir des différences de culture : le Shintoïsme au Japon donne une essence à toute chose inerte, telles que les outils, les caillous ou les poupées. En revanche en occident, et tout particulièrement chez les Français, il y’a un désir de rencontre, de réalisme.
La digisexualité suscite des réactions biaisées
La digisexualité signifie l’attirance sexuelle pour des technologies numériques, dont les robots.
Une étude de Tidio en 2021 a révélé qu’environ 42% des personnes interrogées pourraient envisager des relations sexuelles avec un robot, avec une préférence plus marquée chez les hommes (48%) que chez les femmes (33%).
Sur la toile, tout s’emballe. Sur le réseau social X, le post du journal The Sun mentionnant « Les femmes autant plus de sexe avec les robots qu’avec les hommes en 2025 » est cité plus de 114 mille fois. Près de 10 ans après, le post est toujours viral !
Certains commentaires récents, de la part des internautes démontrent cette tendance : « je suis prête », « la prophétie est véridique ! », ou encore « que les vrais hommes aillent se faire foutre ». Certains ont hâte, d’autres sont sceptiques : « je n’ai toujours pas fait l’amour avec des robots, vous êtes des menteurs », ou encore « 3 mois après et toujours rien… ».
Un sondage mentionné dans une étude de la Foundation for Responsible Robotics révèle que près de 30% des femmes se disent favorables à l’utilisation des robots sexuels, contre environ deux tiers des hommes. Cette disparité marquée entre les sexes souligne un scepticisme plus prononcé chez les femmes.
Une autre étude datant de 2022, présentée lors de la conférence Love and Sex and Robots, révèle que 41% des personnes interrogées estiment que l’utilisation d’un robot sexuel constitue une forme d’infidélité. Ce chiffre met en exergue une réticence morale notable au sein d’une partie significative de la population.
Cette même étude révèle que 51,5% des personnes interrogées estiment que les robots sexuels du futur contribueraient à accentuer l’objectivation des individus. Cela témoigne d’une méfiance face aux impacts sociaux potentiels de ces technologies.
Dans un environnement où les interactions entre hommes et femmes sont parfois source de tensions, Ian Pearson considérait les robots sexuels comme une option potentiellement plus simple et harmonieuse. D’après son analyse, les facteurs tels que l’épuisement, les conflits conjugaux et le stress quotidien contribuent significativement à la diminution tant qualitative que quantitative des relations intimes entre partenaires humains.