Schlaasss : du rap hardcore et beaucoup d’amour

On vous a découverts avec des titres comme « Salope », un peu bourrin… Vous êtes d’humeur plus câline avec « Onani ». C’est l’autre face de Schlaasss ?

On est à voile et à vapeur. En bons chevaliers de la culture pour tous, on se doit d’explorer toutes les portes d’entrée du château. Et puis comme on fait du rap intelligent on se doit de toucher à l’universalité de chacun avec des textes en prise avec la réalité (ça fait des passages radio, ça).

De Sexy Sushi à Die Antwoord en passant par le Klub des Loosers ou Stupeflip, on pourrait vous trouver quelques ressemblances, mais vous avez créé votre propre univers, très visuel et bien taillé pour le Web… Vous avez l’impression de contribuer différemment à la scène française ?

Nous contribuons au retour des valeurs catholiques, familiales et maritales que notre pauvre France a perdues au travers de ce 20^ème siècle où tout est allé beaucoup trop vite. Comme toutes les bonnes gens de notre bord, on a bien compris qu’il fallait utiliser le Web et spécialement les réseaux sociaux afin de propager la parole divine, car ce ne sont pas les médias traditionnels bolcheviques qui le feront. Dans cette croisade pour le retour du bon goût et de la poésie, nous avons la chance d’avoir avec nous le valeureux chevalier maure Hadrien Mekki, artiste global qui réalise tous nos clips et vidéos.

Ils sont beaux vos branleurs, ils viennent d’où ?

On a d’abord demandé à une agence de casting spécialisée dans l’onanisme de nous sélectionner quelques personnes puis on a fait une seconde sélection au lit en leur faisant miroiter un long métrage, bref le parcours classique dans le cinoche… Oui ils sont beaux, de toute façon, les moches, ça ne fait pas de vue.

Les costumes semblent dire : « Tout le monde le fait. » Vous voyez une certaine hypocrisie autour de la masturbation ?

Charlie : Malgré la catégorie  « solo » de Youporn, oui. Surtout quand on découvre ça gamins. Moi pendant cinq ans, j’ai cru que j’avais une maladie grave, un problème. Je n’associais pas du tout ça aux garçons, aux câlins, aux bisous… J’étais trop petite, je croyais que j’étais possédée ou un truc dans le genre. Je n’osais en parler à personne, c’était extrêmement culpabilisant. Dans ma tête j’appelais ça « Les Pompiers » parce que ça faisait comme une sirène dans mon corps et un feu qu’il fallait éteindre et qui revenait toujours. Donc oui, c’est important d’en parler comme quelque chose de naturel, bénéfique, kikoo-love, même si ça reste très intime et personnel.

Daddy : Je crois qu’aujourd’hui, tout de même, seul un attardé oserait avancer que la masturbation rend sourd.

Vos paroles donnent l’impression que la masturbation est préférable au rapport sexuel (à plusieurs)…

C’est comme la vie en fait. Parfois c’est bien agréable de se taper une petite branlette en modelant la réalité à son désir. Et puis on a pas toujours quelqu’un sous la main pour monter au charbon (spécial dédicace à Saint Etienne yo). On fait du rap (quand ça nous arrange) donc on prône la culture « DO IT YOURSELF ». Et puis c’est une façon de se donner de l’amour à soi-même, c’est rassurant quand même de savoir qu’on peut niquer avec soi-même, même en pensant à quelqu’un d’autre.

Prophétisez-vous une humanité dénuée de rapports amoureux et accro à la masturbation ? Vous êtes des déçus de l’interaction physique ?

On aime bien faire l’amour avec des personnes vivantes quand même, un bon vieil être humain, y’a rien de mieux pour tirer un coup. Et puis on cache bien notre jeu, on est des gros romantiques en fait, d’ailleurs on est tous les deux vierges. C’est pour ça qu’on se masturbe beaucoup, ça commence à faire un peu long en attendant le mariage. C’est cool l’entrainement, mais le but c’est le match quand même.

Selon vous, tout le monde est-il plus beau quand il se masturbe ?

Le sexe rend les gens beaux et héroïques, parce qu’ils s’ oublient et il n’y a rien de plus sauvage et majestueux que quelqu’un qui s’abandonne et prend son pied, c’est ce après quoi tout le monde court toute sa vie en fait, ce putain de frisson. Le reste c’est de l’ornementation.

Qu’est-ce qui vous fait fantasmer, en vrai ?

Les Volvos et les couteaux.

Et sinon, vous connaissez un peu le magazine interstron.ru ?

Charlie : Moi interstron.ru, je me souviens que c’était au marchand de journaux quand j’étais petite et que je regardais sur la pile au-dessus de mon picsou la dame avec ses gros seins et son bronzage et que je me demandais si c’était normal qu’une dame ça m’excite ou qu’alors ça voulait dire que j’étais lesbienne et que du coup ma mère allait avoir les boules.

Daddy : Quand j’étais au collège, on en avait volé un dans le cartable du prof de sport, c’est là que j’ai la première fois eu une idée de ce qu’est l’échangisme, mais à vrai dire, c’est les photos qui m’intéressaient le plus.

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