Harem ottoman : connaissez-vous ces personnages mythiques ?

Flore Cherry 7 septembre 2021

L’Harem, temple érotique du patriarcat où toutes les femmes se soumettaient au sultan divin ? La réalité est pourtant à nuancer…

odalisque harem erotique

On s’imagine volontiers l’harem ottoman comme une prison dorée dans lequel des femmes alanguies et d’une jeunesse éternelle se partagent à rythme égal les faveurs d’un sultan tout puissant. Et pourtant, le harem n’est pas aussi manichéen, il est plutôt nécessaire de l’appréhender comme une sorte d’Etat dans l’Etat, avec ses codes et sa hiérarchie. Et comme dans n’importe quel pays, les hommes ne sont pas tous dominants, les femmes ne sont pas toutes posées sur un pied d’égalité.

L’Odalisque, un symbole érotique ?

Difficile de se représenter une odalisque de harem sans visualiser La Grande Odalisque d’Ingres peinte en 1814, dont on se rappelle que les formes, notamment celle de la colonne vertébrale, ont été idéalisées par le peintre imposant son fantasme à la réalité. Et ce fantasme déteint sur notre représentation de ce personnage, nous l’imaginant telle une beauté fatale alanguie, esclave souveraine par son pouvoir érotique, qui serait vraisemblablement une offrande vierge au sultan, entourée de riches étoffes. En réalité, les odalisques représentent le bas de l’échelle sociale du harem et travaillaient comme esclaves au service des autres femmes bien mieux placées qu’elles, comme les épouses ou les concubines du sultan. Seules les plus jolies, ou les plus douées pour un art, pouvaient être entraînées afin d’espérer obtenir une nuit avec le grand maître.

Odalisque — Wikipédia

La sultane validé, la grande prêtresse du harem

Les femmes étaient-elles donc toutes soumises ? Certes, non ! Une des fonctions les plus puissantes du harem s’incarnait en la sultane validé, la mère du sultan, madone qui pouvait dans certaines périodes de l’histoire avoir un impact politique bien plus puissant que celui de son fils. Non seulement la tradition islamique accordait à droit presque divin à l’image de la mère, mais les fratricides étaient monnaie courante dans la lutte du pouvoir du harem. Et les jeunes sultans qui accédaient au pouvoir se retrouvaient parfois démunis, sous la tutelle de leur mère pour leur incompétence ou trop jeunes pour exercer leurs fonctions. Ces dernières reléguaient alors volontiers leur fils au second plan et traitait directement les affaires d’Etat. Un siècle, intitulé le « sultanat des femmes » , a d’ailleurs particulièrement marqué l’histoire du harem ottoman.

Kösem — Wikipédia

Les Eunuques, loin du l’image du castrat

Farinelli incarnait à merveille l’archétype du castrat du XVIIIème siècle, le visage poupon aux joues rouges posait de manière précieuse dans des habits de belle confection pour de grands peintres. L’eunuque des harems des pays ottomans se retrouve également dans des toiles, mais il n’est en rien comparable aux sopranos. Il provient souvent de pays d’Afrique comme l’Ethiopie ou de la région du Lac Tchad, terres où les jeunes enfants sont robustes et résistent mieux que les locaux au processus d’émasculation très mortifère (un individu sur dix en réchappait). Chargés de veiller sur les concubines, ils bravaient parfois l’interdiction de toucher les femmes du sérail si l’on en croit les dires de Voltaire dans le Dictionnaire Philosophique : « Le kisler-aga, eunuque parfait, à qui on a tout coupé, a aujourd’hui un sérail à Constantinople : on lui a laissé ses yeux et ses mains, et la nature n’a point perdu ses droits dans son cœur. »

Article publié dans le magazine

(Image à la une : L’Odalisque, François Boucher / Article écrit en partenariat avec Blandice Magazine)

À propos de l’auteur
Flore Cherry

Flore Cherry

Journaliste, blogueuse et organisatrice d'événements dans le milieu de l'érotisme, je suis une jeune fille cul-rieuse qui parle de sexe sans complexe (et avec une pincée d'humour, pour que ça glisse mieux !)

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