Congé « menstruel » accordé aux salariées en Egypte
22 août 2019Un jour de congé par mois pour les femmes aux règles douloureuses, une proposition mise en place par l’entreprise égyptienne Shark and Shrimp
L’IASP (International Association for the Study of Pain) révélerait par une qu’entre 40 et 90 % des femmes en souffrirait. Une réalité qui met en lumière les fortes douleurs ressenties par certaines femmes durant leurs règles, ce qui n’aurait pas échappé à l’entreprise égyptienne Shark and Shrimp.
Les règles : la disparition d’un tabou dans l’entreprise Shark and Shrimp ?
Le Japon, le précurseur du congé menstruel, aurait lancé cette mesure en 1947, suivie par l’Indonésie, la Corée du Sud, Taïwan, des Philippines, de certaines provinces chinoises, de la Zambie… Et maintenant l’Egypte. Une première dans ce pays, dont on doit l’impulsion à l’entreprise égyptienne Shark and Shrimp, qui fait de l’Égypte, le premier pays du Moyen-Orient à mettre en place le congé menstruel.
Une journée par mois serait accordée aux femmes qui ressentent des douleurs pendant leurs règles. Les employées de Shark and Shrimp n’auront pas besoin de fournir de certificat médical en cas de règles douloureuses et pourront rester chez elles une journée pendant leurs règles.
La mise en place de ce congé n’aurait pas été reçue aussi positivement que prévu, notamment dans le milieu professionnel.
« Au départ, elles étaient choquées et timides, car il n’est pas normal de parler librement de la question des menstruations, ici en Égypte. » L’entreprise aurait su tout de fois se montrer convaincante. « Après avoir compris que cette décision leur offrait la possibilité de garder confidentiel le jour de leurs règles auprès de notre représentante des ressources humaines, elles ont été ravies. Elles ont compris que Shark and Shrimp ne se souciait pas uniquement de leurs performances professionnelles. »
Si au Japon, en 1965, 26% des salariées aurait usé de ce recours, aujourd’hui, seul 1% des femmes prennent ce congé « menstruel » à cause d’une raison assez équivoque..
Une mesure jugée discriminatoire
Cette décision, qui semblerait être prise dans les « meilleures » intentions d’après l’entreprise égyptienne, entraînerait l’apparition d’une problématique féministe.
Car, comme en Europe, certains considèrent cette mesure comme discriminatoire, accentuant les stéréotypes sur la féminité. Une femme serait ainsi moins présente au travail qu’un homme. Claire Serre-Combe, représentante d’Osez le féminisme, ajouterait d’ailleurs que : « une telle mesure pourrait décourager encore plus les employeurs qui n’étaient déjà pas très scrupuleux en termes d’équité. Ils se demanderaient l’intérêt d’embaucher quelqu’un qui sera absente trois jours par mois puis ensuite le temps du congé maternité, etc. »
Dans un monde où les femmes se battent pour une égalité des chances, notamment celle d’exercer tous les métiers, ce type de message risque de mal passer. Sans parler de l’incidence (sinon la justification) des différences de salaires entre les hommes et les femmes.
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