Pourquoi Hollywood boude-t-il les scènes de sexe ?

Rania 13 avril 2025

Dans les années 70, les scènes de sexe au cinéma étaient des incontournables ! Mais aujourd’hui, ces scènes sont déplorées par la nouvelle génération. Zoom sur la disparition du porno au cinéma !

Une onde de chasteté s’effondre sur le cinéma Hollywoodien. C’est le documentaire Hollywood : sexe et puritanisme, diffusé en 2024 sur Canal+ et ARTE, qui en est témoin. À travers ce documentaire, la représentation de la sexualité dans le cinéma américain est explorée, mettant en lumière la ligne fine entre la sensualité et le puritanisme. Il retrace les étapes clés de cette évolution, de l’héritage du Code Hays dans les années 1960 à l’essor du thriller érotique dans les années 1990. Il interroge les répercussions du mouvement #MeToo en 2017, qui a bouleversé la production des films hollywoodiens, avec l’affaire Harvey Weinstein, un producteur Hollywoodien accusé d’agressions sexuelles et de viols.

Ce documentaire de Viola Löffler se base également sur une étude qui révèle une diminution des scènes de sexe au cinéma. Il met ainsi en perspective les évolutions de la perception de l’intimité dans le cinéma et soulève une question fondamentale : la scène de sexe au cinéma est-elle en voie de disparition face à l’explosion de la pornographie en ligne ?

Une disparition progressive de la nudité sur les écrans

Dans les années 1970 à 1980, la nudité féminine au cinéma hollywoodien a été libérée de la censure du Code Hays, marquant une évolution des mœurs. Pourtant, depuis les années 2000, cette tendance s’est inversée. Une analyse menée par le producteur de films Stephen Follows sur 250 films montre que le contenu érotique a diminué de près de 40 % depuis le début du siècle.

Ce n’est pas seulement le cinéma qui est concerné par cette baisse : la même évolution se retrouve dans les séries télévisées, où les scènes sexuelles deviennent de plus en plus rares, malgré une plus grande liberté d’expression.

Aux États-Unis, où ces plateformes sont basées, les séries à caractère sexuel, courantes sur HBO, qui a été pionnière dans les contenus explicites, sont aussi produites par Netflix comme la série 365 jours. Toutefois, ces séries doivent être classifiées par des organismes comme la MPAA et la TV Parental Guidelines pour signaler leur contenu adulte.

Alors, pourquoi cette diminution de l’érotisme à l’écran ? Les producteurs s’adaptent à un public plus large, de plus en plus désireux de voir moins de nudité et plus de suggestions subtiles. Ils visent ainsi un public familial, en quête de récits plus accessibles. Si l’érotisme se fait plus rare au cinéma, il n’a pas pour autant disparu. Il a simplement trouvé un nouveau foyer ailleurs.

L’émergence du porno en ligne : la génération Z blasée ?

Aujourd’hui, l’érotisme semble se délocaliser dans les nouvelles technologies. L’émergence de plateformes pornographiques telles que YouPorn et PornHub, offrant un accès gratuit et illimité, a révolutionné l’accès à l’érotisme. L’époque où il fallait acheter une place de cinéma pour voir des scènes explicites semble révolue.

Cependant, ces plateformes font toujours débat, notamment à cause de l’absence de contrôle d’âge et de la provenance des contenus. 17 % des visiteurs de PornHub sont des mineurs, et 87 % d’entre eux accèdent à ces sites via un téléphone mobile. Un sondage IFOP montre qu’en 2017, 51 % des jeunes admettaient consulter régulièrement ces sites, contre 37 % en 2013, une tendance inquiétante.

Mais tous les jeunes ne consomment du porno de manière consentie. Selon un rapport du Sénat, la première exposition au contenu pornographique intervient lors de l’école primaire via des liens trompeurs, des pop-ups, ou encore via d’autres élèves. Entre 40 % et 70 % de ces expositions sont donc involontaires selon les études, en particulier chez les jeunes filles.

Paradoxalement, malgré cet accès facilité à la pornographie, la génération Z a l’air de plus en plus blasée par les scènes de sexe au cinéma. Selon une étude menée par l’UCLA en 2023, 47,5 % des jeunes de 10 à 24 ans jugent les scènes érotiques comme superflues. Mieux encore, 51,5 % préfèrent des récits centrés sur l’amitié ou sur des relations platoniques. Ce changement d’attitude se reflète dans certains films récents comme Challengers, Saltburn ou Babygirl, qui, bien que portés sur la sexualité, privilégient la suggestion à la représentation explicite.

Ce phénomène, appelé « slow burn« , se caractérise par une montée en tension où l’érotisme reste implicite, créant une atmosphère de désir sans jamais franchir le seuil de l’explicite.

Avec l’accès facilité à la pornographie en ligne, les spectateurs n’ont plus besoin de rechercher ce type de contenu au cinéma.

La pression sur les réalisateurs de produire des scènes sexuelles pour attirer un public en quête de sensations a donc diminué. Parallèlement, le streaming a permis à des productions plus audacieuses et de niche de trouver leur place dans les séries télévisées et les films indépendants, tandis que les grandes productions se dirigent de plus en plus vers des récits plus accessibles et moins centrés sur le porno.

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