Le clitoris, la clé de l’émancipation féminine ?

La rédaction 15 novembre 2019

Tantôt absent, tantôt critiqué, le clitoris est désormais sous les feux des projecteurs, présenté telle une icône pop de l’émancipation féminine. On vous dit sur cet incontournable de la sexualité féminine.

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Le clitoris est principalement présenté dans les médias comme la clé du plaisir féminin, de par son étymologie grecque supposée, Kleidos, qui veut dire « clé ». En réalité, cela pourrait également venir de Kleio, voulant dire « fermoir », ou de Kleitoris, « la petite colline » – et il est vrai que cela sied tout aussi bien à ce joli organe qui déclenche des montagnes de plaisir chez les femmes en les emmurant dans un tourbillon de sensations.

Armé de piliers, d’un corps, d’un gland et de deux bulbes, il aurait pour seule mission de les emporter bien plus haut que sa petite colline… directement au septième ciel. On vous dit tout sur cet incontournable de la sexualité féminine, longtemps boudé par le milieu scientifique et revenu récemment dans les projecteurs médiatiques comme une icône pop d’émancipation féminine.

Clito, ce mâle-aimé

Si on trouve des traces de l’évocation du gland du clitoris dans la poésie grecque ancienne (pas sous ce nom précis, évidemment, mais plutôt sous celui d’une baie sauvage), il faut attendre le milieu du XVIe siècle pour que trois anatomistes italiens découvrent sa partie cachée, et donc l’entièreté de l’organe ainsi que son homologie avec le pénis, grâce à la pratique de la dissection.

Une représentation qui date donc, mais qui reste encore méconnue, en raison principalement d’une omerta culturelle qui culmine dans les années 1960 – selon Jean-Claude Piquard, sexologue (La Fabuleuse Histoire du Clitoris) pour France Info : « Il y a eu à cette époque un véritable recul des connaissances que l’on détenait sur le sujet. Le clitoris ne faisait alors l’objet que de quatre lignes dans les traités anatomiques et avait complètement disparu des dictionnaires. Dans les années 80, les catholiques intégristes ont réussi à le faire supprimer des manuels scolaires. » Il a fallu attendre 2017 pour qu’un manuel scolaire le représente correctement au sein de ses pages, notamment grâce aux travaux d’Odile Fillod, une avancée un peu trop molle pour compenser les lacunes de connaissances sociétales.

L’éditrice confirme que la prise de conscience ne s’est pas faite en un claquement de doigt, dans un article sur « Actualitte.com », elle explique : « L’apparition du clitoris dans notre manuel de SVT survient après un processus assez long : nous avons été sensibilisés par des rapports et des colloques. »

Le clito fait son coming-out

Méconnu donc, parfois moqué (ne pense-t-on pas que l’orgasme clitoridien est moins noble que l’orgasme vaginal ?), et dans certains cas extrêmes, excisé, le clitoris prend sa revanche sur les réseaux sociaux et dans la rue en s’affirmant comme un symbole de l’émancipation féminine depuis quelques années.

C’est par exemple à travers l’opération « It’s not a bretzel », une campagne d’affichage en street-art qui a eu lieu début 2019, que les murs d’une cinquantaine de villes françaises ont participé à la redécouverte de l’organe, en version colorée, fun et stylisée. Une campagne qui s’accompagnait de renvoi vers des comptes Instagram d’éducation à la sexualité, particulièrement féminine.

L’école ne veut pas jouer son rôle d’éducateur sur ce sujet ? La rue et les réseaux sociaux s’emparent de la problématique, en touchant les milieux sociaux les plus populaires, avec pour vocation de repousser l’obscurantisme et l’« analphabétisation sexuelle » de la société.

Il semble de plus en plus urgent de connaître et de s’approprier sa propre sexualité, surtout quand on est une femme… pour mieux pouvoir en jouir, bien sûr !

Chacune son clito, chacune son chemin ?

On le rappelle, cet organe du plaisir a pour seule fonction celui du plaisir féminin ! Et s’il est bien apprivoisé, il peut devenir un formidable tremplin vers l’orgasme.

Comment y parvenir, alors ? Il n’existe évidemment pas de recette miracle, chaque femme est différente… mais on peut tout de même vous glisser quelques pistes.

D’après une étude publiée dans le Journal of Sex and Marital Therapy, la majorité des femmes aiment être caressées ou se caresser directement sur la partie émergée du clitoris, un peu moins de la moitié aime à proximité immédiate et seule 5 % préfèrent éviter tout contact avec le bouton magique.

Pour les mouvements à privilégier, il s’agirait pour la plupart de va-et-vient de haut en bas, de mouvements circulaires ou de mouvements de gauche à droite. Plus marginalement, le clitoris et la vulve peuvent être tapotés, pincés, tirés, caressés… pour varier les plaisirs ! Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec vos doigts, vous pouvez également vous aider de sextoys comme le Womanizer qui fait vibrer le clitoris grâce à de l’air pulsé. Une stimulation qui résonne en profondeur et qui faciliterait l’orgasme de ces dames (la marque affiche 73 % de réussite, un chiffre à prendre cependant avec des pincettes).

Le docteur Damien Mascret, auteur de La Revanche du Clitoris (édition La Musardine, 2016), vient nous donner ses ultimes conseils : « Je préconiserai un contact doux, humide, indirect, à travers le capuchon… et puis un rythme et une pression très variable. N’hésitez pas à inciter votre partenaire à vous montrer comment elle procède pour pouvoir appréhender son mode. Beaucoup aiment bien une association avec un doigt vaginal, anal ou une caresse des seins. L’erreur serait de trop se concentrer sur le clitoris alors qu’il faut multiplier les zones érogènes ! »

Eh oui ! Car dans la jouissance féminine, le clito ne fait pas tout ! Ovidie (La Sexualité Féminine de A à Z, La Musardine, 2010) nous le rappelle dans la définition du clitoris : « Certes, le clitoris est un élément fondamental du plaisir féminin. Et sa stimulation est le plus sûr moyen d’obtenir une excitation et un orgasme. Mais limiter l’ensemble de la sexualité féminine à ce charmant petit bouton est tout aussi intégriste que de nier son existence. »

Clito outragé ! Clito brisé ! Clito martyrisé ! Et en 2019 clito libéré ? C’est tout ce qu’on lui souhaite…

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