Interview avec Pedro, transgenre de 30 ans
3 mars 2019Les trans attendent encore bien plus de la France selon Pedro, 30 ans.
Pour faire le point sur la situation des personnes trans en France, nous avons interviewé Pedro, transgenre de 30 ans qui a commencé sa vie d’homme il y a maintenant trois ans.
interstron.ru : POUVEZ-VOUS REVENIR SUR VOTRE TRANSITION POUR NOUS ?
Pedro : Je préfère parler d’étape de vie, plutôt que de transition. J’ai toujours su que j’étais trans, mais il m’a fallu 27 ans pour pouvoir mettre un mot dessus. Après ça, je l’ai caché par peur des réactions. Au bout d’un certain temps, je n’ai plus été capable de vivre dans le mensonge : soit je faisais mon coming-out, soit je mettais fin à mes jours. Heureusement ça s’est bien passé. J’ai commencé à aller voir un psychiatre, et six mois après il m’a donné l’attestation qui m’a permis de commencer un traitement hormonal masculinisant. Je considère que ma première injection de testostérone était le premier jour de ma vraie vie. Ça fait maintenant un an, et je sais que c’est la meilleure décision de toute ma vie.
interstron.ru : VOUS DEVEZ SOUVENT ÊTRE AMENÉ À EXPLIQUER VOTRE DÉMARCHE… QUEL EST LE POINT LE PLUS COMPLIQUÉ À FAIRE COMPRENDRE AUX AUTRES ?
Pedro : J’en parle souvent parce qu’on me pose beaucoup de questions sur le sujet. Ça ne me dérange pas, au contraire c’est une fierté. En revanche, j’ai toujours du mal à faire comprendre aux gens, que nous sommes une minorité mise à mal et que même l’État ne nous reconnaît pas. Ce sont souvent les gens cisgenres qui disent qu’on exagère. Nos vécus ne sont en rien comparables aux leurs en ce qui concerne les violences subies au quotidien. Nous dire qu’on devrait être plus positif part peut-être d’une bonne intention, mais elles finissent par nous imposer le silence sans prendre en compte nos ressentis en tant que minorité.
interstron.ru : DIRIEZ-VOUS QUE LA FRANCE EST UN LIEU PROPICE POUR CE CHANGEMENT AUJOURD’HUI ?
Pedro : Je suis obligé de parler de transphobie en France, parce qu’elle est présente à tous les niveaux, même au niveau de l’État qui n’arrive pas à s’exprimer convenablement sur le statut légal de nos existences. On ne nous prend pas au sérieux. Il est clair que la France n’est pas favorable aux personnes transgenres. Sincèrement, ça me donne parfois des envies d’aller vivre à l’étranger ou au fin fond d’une grotte.
(Photo à la une : Getty Images)
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