Mère Dragon : le plaisir du bondage

La rédaction 19 janvier 2021

Si Mère Dragon est habituellement aux manettes, la show girl avoue lâcher prise en se faisant attacher en tant que modèle Shibari.

Show girl, fire-artist, pole-danseuse, icône BDSM, Mère Dragon est une artiste de scène spécialisée dans l’érotisme alternatif. Elle nous parle aujourd’hui du bondage et du plaisir que lui procure le Shibari.

interstron.ru : Qu’éprouves-tu lorsque tu te fais attacher en spectacle, devant du public lors d’un show ?

Mère Dragon : Lorsque je monte sur scène en tant que modèle Shibari, j’aime (avant tout parce que la scène est mon univers à part entière !) le fait d’offrir au public cet instant qui habituellement a trait à l’intime : la mise à l’épreuve du corps, la perception de la sensation, la vulnérabilité que l’on vit lorsque l’on est attaché(e)… Je ressens quelque chose de fort, une réelle connexion, que le public soit habitué ou non à ce genre de performance, car avec mon attacheur nous emmenons le spectateur dans une expérience émotionnelle. C’est une histoire que nous racontons ensemble, et que le public décrypte à travers les gestes du « rigger », et qu’il ressent également au travers de mes réactions, de mes émotions.

interstron.ru : Et en privé ?

Mère Dragon : Lorsque je pratique le Shibari dans la sphère privée, je peux être accompagnée de mon compagnon, alors spectateur, ou seule avec mon encordeur. J’opère alors à un total lâcher-prise sous la main de la personne qui m’attache, et entre ainsi dans une expérience de confiance à part entière.

Ce n’est alors plus moi qui raconte l’histoire, c’est le « rigger » qui me guide, et me pousse parfois, me met face à mes limites physiques pour ouvrir mes frontières cérébrales, m’amène aussi toujours plus à explorer mes notions de la douleur et de la contrainte. Il peut également se mettre en place en parallèle de la soumission physique, un jeu de domination aussi cérébrale, via la parole, la connexion visuelle, la mise en situation, etc. Le moment du « décrochage » en fin de séance est aussi très important, le relâchement de la tension est parfois submergeant et extrêmement agréable, tout comme l’aftercare, en toute confiance et lâcher-prise, jusqu’au bout.

interstron.ru : Quelle « jouissance » ressent-on à être immobilisé ?

Mère Dragon : La pression des cordes sur certaines zones du corps (et pas toujours celles qu’on croit !), ainsi que son intensité, peut être à la fois très douce et relaxante, ou très aigüe et tranchante. Cet équilibre parfaitement maîtrisé entre plaisir et douleur est central, et permet alors de faire évoluer la posture, parfois dans des dimensions que l’on n’aurait pas pensé possibles en dehors des cordes. Les sensations sont différentes lorsque l’on est attaché(e) au sol, ou en suspension. Le plaisir cérébral de l’encordement est aussi non négligeable, pour les personnes comme moi qui sont sensibles aux jeux de soumission.

Il s’agit là de faire une confiance aveugle à l’autre, en ses gestes, en ses choix, de s’extraire quelque part de l’équation en ne vivant que par la communication physique et la connexion mentale avec la personne qui vous encorde, pouvant être une connaissance, un ami, un amant, un parfait inconnu… Les possibilités sont immenses ! Cette exploration de l’inconnu est très excitante, tout comme le fait de se mettre entre des mains expertes et de se laisser guider sans moyen de résister.

Enfin, le Shibari n’a pas besoin d’être hautement technique pour être appréciable : des choses très simples peuvent être réalisées et partagées, et ne nécessitent pas d’être « rigger » depuis 10 ans pour offrir une expérience positive ! Bien entendu, la communication, le respect et la sécurité passent avant tout.

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