Coronavirus : les travailleuses du sexe en première ligne !

James-Nicolas de Sade 16 mars 2020

Alors que la loi d’avril 2016, en plus de pénaliser l’achat de services sexuels, avait précarisé les travailleurs et travailleuses du sexe, les nouvelles annonces liées au Covid-19 risquent encore de porter atteinte au domaine du Travail Sexuel.

Edouard Philippe l’a annoncé samedi, la France est passée au stade 3 de l’épidémie de Covid-19. La conséquence première est la fermeture de tous les lieux considérés comme « non indispensables. »  Ces lieux sont par exemple les restaurants, les bars, les cinémas, les discothèques. Beaucoup de domaines d’activités seront impactés par les mesures de confinement. Y compris le monde du travail sexuel.

Une pénurie de clients « plus intense »

Avant même le stade 3, les travailleurs et travailleuses du sexe avaient déjà remarqué une baisse d’activité. Sarah*, 29 ans, est travailleuse du sexe. Elle travaille sur Internet au travers de ses annonces et a remarqué une baisse de trafic : « Même si on est en saison creuse, j’avais l’habitude d’avoir au moins un message par semaine, même si c’est un fantasmeur. Là, ça va faire 3 semaines que je n’ai rien. » Les clients, comme tous les Français, semblent avoir de plus en plus peur du coronavirus.

Alors que la loi d’Avril 2016 avait déjà porté atteinte aux travailleurs et travailleuses du sexe, la pandémie de Covid-19 n’améliore pas la situation. Même constat chez Manon*, 44 ans, dominatrice professionnelle : « Il y a une sorte de paranoïa qui s’est installée. J’ai déjà eu un soumis qui m’a demandé de nettoyer mes jouets devant lui. Je l’ai puni de sa désobéissance mais j’ai quand même accepté, les clients sont tellement rares en ce moment. »

Le manque de clients est malgré tout compris et accepté par les travailleurs et travailleuses du sexe : « C’est une question de santé publique avant tout. » affirme Vincent*, 21 ans, travailleur du sexe exerçant notamment grâce aux applications. La pénurie de clients est « plus intense mais c’est compréhensible. Il faut avant protéger la santé tout le monde, donc ne pas sortir. » Les revenus semblent donc s’amoindrir au fur et à mesure de l’évolution de la pandémie.

Un avenir incertain

Les déclarations de jeudi et samedi n’étaient que le début. Emmanuel Macron s’exprimera ce soir sur les prochaines mesures mises en oeuvre pour ralentir la propagation du virus. Si les informations révélées par le JDD hier s’avèrent vraies, un confinement total serait préconisé et un couvre-feu serait établi dès 18h.

Cette décision serait terrible pour les travailleuses du sexe exerçant dans la rue. « Après les arrêtés anti-camionnettes et contre le racolage, place au confinement. » déclare Julia*, TDS transgenre qui travaille dans le Bois de Boulogne. Pour elle, le « business va s’arrêter. Sauf qu’il n’existe pas de chômage technique pour les indépendants, encore moins pour les putes ! » La mesure de couvre-feu est particulièrement critiquée par les TDS exerçant dans la rue. Le constat est le même pour toutes. Il existait déjà une « certaine honte à venir nous voir la nuit, alors le jour… »  continue Julia : « On va s’adapter aux clients. Ils viendront en journée donc on travaillera en horaire de jour, pas le choix. »

En cette période de confinement, une partie de l’industrie du travail sexuel sera à l’arrêt, comme beaucoup de Français. L’escorting n’existe pas en télétravail.  Une autre partie de l’industrie va sans doute connaître une ascension fulgurante par contre, celle du showcam et du . Julia a par ailleurs déjà réfléchi à cette hypothèse : « J’ai commencé à voir comment travailler pour faire de la . J’ai un loyer à payer, des chats à nourrir, je ne peux pas me permettre d’arrêter. »

*Les prénoms ont été modifiés

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