Et si nous étions tous fétichistes…
30 mars 2016Tout le monde a une idée de ce que le terme “fétichisme” signifie. Déviance pour certains, stimulant sexuel pour d’autres, savons-nous vraiment de quoi il s’agit ? Quels sont les mécanismes du fétichisme ? Et que faire s’il entrave l’épanouissement sexuel ?
Les clés pour comprendre ce phénomène
Le fétichisme peut se définir comme une attraction et une excitation sexuelles déclenchées par une partie du corps, un objet fétiche ou encore une particularité physique du partenaire, et non par le partenaire dans sa totalité. Si l’on rencontre des fétichistes des deux sexes, les hommes sont tout de même bien plus nombreux. Sans entrer dans une analyse hâtive, et donc forcément réductrice, sexologues et psychiatres s’accordent à constater que cette fixation s’installe généralement chez des personnes ayant reçu une éducation rigide, stigmatisant le sexe et le plaisir qui en découle, le considérant comme sale. Le fétichisme devient une perversion sexuelle, ou paraphilie, lorsqu’il entrave la vie sexuelle et rend difficile l’épanouissement.
Les mécanismes du fétichisme
Chez la plupart des gens, l’excitation sexuelle est déclenchée par leur partenaire, et cette excitation leur est signifiée par leurs sens, c’est-à-dire la vue, le toucher, l’odorat, le goût et l’ouïe.
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Pour le fétichiste, l’excitation sexuelle est déplacée vers une partie de ce ou cette partenaire, ou encore vers un objet qui lui est associé. La partie ou l’objet prend alors la place de l’être tout entier. Le fétichisme peut donc être partiel, avec une fixation sur une zone du corps (les jambes, les pieds, les cheveux, les fesses…) ou global, en s’attachant particulièrement à une morphologie (les personnes fortes, maigres, rousses, blondes, etc.) ou encore à une attitude, un comportement qui déclenchera une pulsion sexuelle (un clin d’œil, un croisement de jambes…). Cependant, les fétichistes focalisent le plus souvent leur attention sur des objets tels que les chaussures ou la lingerie, car ces derniers entrent en contact avec la peau. Cela peut aussi concerner des matières liées à l’enfance ou qui évoquent la douceur, la tendresse (fourrure, soie, cuir…) Le choix de l’objet – si tant est qu’il s’agisse d’un réel choix – remonte à l’enfance ou à l’adolescence. Il est associé à une expérience source d’émotions amoureuses ou sexuelles accidentelles, mais pourtant très marquantes.
Petits et grands fétichistes
On note une différence entre les “petits” fétichistes qui pratiquent un fétichisme “normal” (en étant excités occasionnellement par une partie du corps ou des objets à signification sexuelle), et “grands” ou “vrais” fétichistes qui ne trouvent l’excitation que dans leur fétiche, au point que ce dernier remplace leur partenaire. Dans ce cas précis, sexologues et psychiatres considèrent le fétichisme comme une paraphilie, ou déviance. En pratique, tous les hommes sont de petits fétichistes, c’est-à-dire qu’ils ont une prédilection pour une partie du corps de la femme ou une parure, les talons aiguilles par exemple.
De même, certaines femmes sont particulièrement attirées par les moustachus ou encore les messieurs aux cheveux longs. Une femme pourra également apprécier, par exemple, de se sentir sans défense face à un désir masculin qui se manifeste, plus ou moins symboliquement, de manière plutôt brutale. De tels éléments, parce qu’ils peuvent relever du jeu de rôle, mobilisent des émotions et activent un processus directement inscrit dans le périmètre des pratiques sexuelles fétichistes. Qu’ils soient stéréotypés n’est pas un obstacle à la naissance du désir, au contraire : ils contribuent ainsi à instrumentaliser le ou la partenaire en tant qu’objet conforme à des attentes secrètes, c’est-à-dire en tant qu’objet de désir.
Différents objets de fétichisme
Nos chers lecteurs nous font régulièrement part dans leurs courriers de leur goût prononcé pour la lingerie, les chaussures, le caoutchouc ou encore les pieds, pour ne reprendre que les exemples les plus fréquents. Il existe nombre de fétichismes, désignés par des noms plus ou moins savants : on parle de rétifistes pour désigner les amateurs de chaussures, et plus particulièrement d’altocalciphiles pour évoquer les amoureux des talons hauts. Une des explications possibles voudrait que dans la petite enfance, l’enfant posé au sol soit en contact visuel avec les chaussures de sa mère aimante et protectrice. Les amoureux du latex, du cuir ou du caoutchouc ont aussi un nom de code : la doraphilie.
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Lorsqu’on affectionne tout particulièrement les pratiques liées aux objets et à l’univers de l’enfance (couches, urine, jouets, etc.), on parle d’infantilisme. Cette fixation est fort prisée dans les rapports de domination… Le fétichiste commence généralement sa vie sexuelle par fantasmer sur son fétiche en se masturbant à partir d’images mentales. Puis, il voudra entrer en contact avec son fétiche : c’est l’heure de la rencontre avec le ou la partenaire “fétiche compatible”.
Quand le fétichisme se fait extrême
La difficulté majeure survient lorsque le ou la partenaire du fétichiste n’adhère pas à sa fixation et rejette son objet fétiche. Cette situation peut aliéner le fétichiste et renforcer sa dépendance. Il peut également se retrouver en panne d’excitation sexuelle si sa fixation n’est pas au rendez-vous. Qui plus est, il arrive qu’avec le temps, les codes d’attraction sexuelle déjà limités deviennent de plus en plus exclusifs, au point d’être difficilement réalisables. Lorsque le fétichisme nuit à l’épanouissement sexuel, la base de la prise en charge thérapeutique vise à ajouter d’autres codes d’attraction sexuelle à ceux déjà en place. Une thérapie est fortement souhaitable dès lors que la personne concernée souffre : thérapie cognitive qui influera sur le comportement du patient, ou une psychothérapie qui tentera de mettre en évidence le traumatisme originel.
(Photo à la une: Getty Images)
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