PMA, GPA… Et maintenant, on fait quoi ?

La rédaction 28 avril 2016

Cela faisait partie des promesses du candidat Hollande en 2012, mais devant la vindicte d’une grosse poignée de réactionnaires défilant dans les rues de Paris l’année suivante, son gouvernement n’aura offert qu’une reculade supplémentaire. Ainsi le mariage pour tous n’a jamais été transformé en famille pour tous.

C’était une belle avancée sociale sur le papier, mais elle est restée le cul entre deux chaises pour faire mine de ménager la chèvre et le chou. À présent, elle pose autant de problèmes qu’elle en résout. La procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA) restent en théorie inaccessibles pour les couples homoparentaux, mais comme dans le cas de l’avortement à une certaine époque, et du suicide assisté ou de l’assistance sexuelle plus récemment, les individus trouvent forcément une solution à leurs difficultés malgré les atermoiements électoralistes de nos politiques.

« Battez-vous, nom de dieu ! »

Le corps médical, bien que menacé de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende, doit donc composer avec la réalité des demandes du public qu’il s’efforce d’aider autant que possible en jonglant avec les limites d’une loi mal finie. C’est dans ce sens que va le témoignage de Cécile, mère d’un petit garçon élevé par deux mamans : « Nous n’avons rencontré aucune réticence de la part des médecins et des aides-soignantes, bien au contraire ! En règle générale, toutes les personnes auxquelles nous avons eu affaire à la maternité avaient plutôt tendance à nous encourager, du genre “mais battez-vous, nom de dieu !” Ça nous a libérées d’un poids énorme. »

La France en retard

Mais au-delà d’un soutien humain bienvenu, les sages-femmes et les médecins qui accompagnent les homosexuelles dans leur désir de grossesse permettent aussi de s’assurer que l’insémination est réalisée dans les conditions sanitaires nécessaires, car une seringue sans aiguille remplie de sperme suffit !

Une information sur les infections sexuellement transmissibles s’impose, et les conseils des professionnels de santé peuvent aussi aider d’un point de vue purement fonctionnel. Les femmes sont généralement très bien renseignées par leurs recherches précédentes sur le Web. Certaines patientes ont malgré tout besoin d’un rappel sur les cycles d’ovulation ou sur la bonne façon d’utiliser le sperme, en ne l’injectant pas dans le cul-de-sac vaginal par exemple.

Le schéma le plus courant reste cependant la PMA réalisée à l’étranger puis poursuivie en France, car, il faut le savoir, la procréation médicalement assistée est ouverte à toutes les femmes en Espagne depuis 1988, aux Pays-Bas depuis 1994 et en Belgique depuis 2007… Problèmes de cette démarche : elle est coûteuse et nécessite plusieurs voyages.

Et demain ?

Avec un retour possible de la droite au pouvoir à la prochaine élection présidentielle, les regards des ultraconservateurs français vont être rivés sur les programmes des primaires, et chaque candidat à l’investiture devra se prononcer en faveur ou contre les avancées que constituent le mariage et la reconnaissance de l’homoparentalité. Il est encore peu probable que le statut de la famille homoparentale avance dans un avenir proche, mais au vu des prises de positions de plus en plus progressistes dans le camp des Républicains, l’espoir est permis pour les familles homoparentales qui peinent toujours autant à faire reconnaître les conjoints comme parents.

La Manif pour tous serait-elle déjà dans le rétroviseur pour les candidats de la droite ? Si l’on en croit les sondages qui donnent environ sept Français sur dix favorables au mariage pour tous et plus de la moitié à l’adoption, ce serait préférable pour lesdits candidats. Qu’on se souvienne des crispations autour des déclarations de Nicolas Sarkozy en 2014 à propos de la loi Taubira. Comme le formule si bien Cécile : « Ils auraient trop à perdre à revenir en arrière… Beaucoup de gays votent à droite ! Et abroger cette loi aujourd’hui, ce serait presque aussi aberrant que de vouloir rétablir la peine de mort ! »

(Photo à la une : Getty Images)

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