Harcèlement sexuel et trans-porcs en commun

Flore Cherry 23 avril 2015

« Hé mademoiselle, t’es charmante… »
Difficile de l’ignorer ! Entre les sifflements, les regards insistants et les compliments douteux, certaines femmes (et, moins fréquemment, certains hommes aussi) souffrent d’une pression répétée et quotidienne appelée le « harcèlement sexuel ». Minimisé par certains et mal compris par d’autres, que se cache derrière ce mot et quelles sont ses conséquences ?
Aujourd’hui encore, loin de se sentir en sécurité, de nombreuses femmes modifient leur comportement ou leur itinéraire dans les transports. Quand passer de « charmante » à « transparente » devient une nécessité c’est qu’il est peut être temps de tirer sur le signal d’alarme !

Pourquoi ça fait du bruit en ce moment ?

« 100% des utilisatrices des transports en commun ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou agressions sexuelles. » C’est le chiffre  choc  que le HCEfh (Haut Comité pour l’Egalité des Hommes et des Femmes) vient de faire éclater dans son , largement médiatisé les jours suivants. Un chiffre à prendre avec quelques réserves néanmoins, il résulte de consultations citoyennes  portées sur un échantillon de 600 femmes résidentes en Seine-Saint-Denis et en Essonne, et, bien que le HCEfh se défende dans ce même rapport de « reconnaître le caractère universel du phénomène (…) non réductible à un profil type d’hommes, de lieux ou de territoires. », on peut supposer que ce résultat aurait été légèrement différent si l’étude s’était étendue à l’ensemble du territoire français. Malgré tout, le harcèlement sexuel est une réalité pour des milliers d’utilisateurs de transports en commun et mérite d’être observé, traité, et surtout, nettement abaissé !

3 orientations et 15 recommandations ont émergé de ce rapport, en particulier des mesures qui relèvent des pouvoirs publics : « s’assurer d’une meilleure application de la loi », « intégrer la lutte contre le harcèlement dans la politique publique d’éducation à l’égalité et à la sexualite » et « organiser un grande campagne nationale, construite en concertation avec la société civile ».

On ne peut qu’espérer que toutes ces belles initiatives vont porter leurs fruits et aider à faire reculer un dernier bastion du sexisme ordinaire !

C’est quoi exactement le « harcèlement sexuel » ?

D’après l’Article 222-33 du Code Pénal :

« Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. »

Si certains comportements relèvent du « harcèlement sexiste » comme le sifflement, les commentaires sur le physique ou les invitations insistantes, et ne sont ainsi pas « punies » explicitement par la loi, il y a quand même des actions à mener pour ralentir ces agissements !

Mais Mademoiselle, je t’ai juste draguée !

Si on ne veut pas passer pour harceleur, est-il encore « correct » de parler à une femme dans la rue en vue de la courtiser ? Selon le rapport du HCEhf : « La drague comprend une rencontre, à deux, c’est-à-dire avec le consentement de l’autre. Sans consentement, c’est du harcèlement. Si la personne dit non, c’est non. Si elle ne dit rien, c’est toujours non. Poursuivre la discussion après un refus, c’est du harcèlement et ne constitue en rien une justification pour proférer des insultes sexistes. Le harcèlement n’est ni de la drague ni de la flatterie. »

Et si vous voulez un petit truc de fille ? Pour draguer, mieux vaut que la rencontre ai l’air « authentique » (inutile donc de vous montrer trop sûr de vous) et surtout, ne complimentez pas tout de suite votre « proie » sur le physique ; les femmes n’aiment pas (toujours ?) être considérée comme un objet. Dans le doute, vous pouvez chercher un autre angle d’approche.

Que faire en cas d’harcèlement ?

Selon Marie-Pierre, membre de l’association  : « On ne dicte pas vraiment une ligne de conduite à adopter ; les femmes n’ont pas toutes les mêmes armes face au harcèlement et certaines n’oseront pas réagir. Le conseil de base c’est d’essayer de verbaliser ce qu’il se passe. Quand une femme se sent harcelée, le mieux est qu’elle le dise clairement sur le moment ! Elle peut aussi prendre à témoin les passants. Il faut faire comprendre au harceleur qu’il fait une bêtise. Attention tout de même à ne pas se mettre en danger…»

Cette association a récemment sorti une application « Hé !», qui permet de se mettre dans la peau d’une victime harcelée virtuellement et ainsi mieux appréhender le phénomène.

Parce que « en rire », c’est mieux que « subir » : Vous pouvez aussi vous débarrasser d’un harceleur en utilisant l’absurde ! Par exemple, répondez de façon répétée et sur un ton monocorde « La nuit, tous les chats sont gris. » à une personne qui vous invite avec insistance au café du coin. Ne sachant par quel bout le prendre, elle vous laissera rapidement tranquille. De cette expérience qui aurait pu vous plomber le moral, il ne vous restera plus qu’une bonne anecdote à raconter à vos amies ! (testé et approuvé par votre rédactrice)

Cette astuce m’a été soufflée par , un collectif qui connaît bien le problème d’harcèlement de rue.

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À propos de l’auteur
Flore Cherry

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Journaliste, blogueuse et organisatrice d'événements dans le milieu de l'érotisme, je suis une jeune fille cul-rieuse qui parle de sexe sans complexe (et avec une pincée d'humour, pour que ça glisse mieux !)

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