Où se cache le sexe des robots ?

La rédaction 4 octobre 2018

Prénom, voix, apparence mais aussi attitudes, les robots nous apparaissent comme plus ou moins féminins ou masculins. Des chercheurs mettent en évidence les « stéréotypes de genre » que tendent à reproduire les fabricants de robots et d’assistants personnels.

Les constructeurs jouent-ils consciemment à renforcer les stéréotypes de genre ? Des questions cruciales alors que les robots comme Alice et Leenby, fabriqués à Limoges par l’entreprise Cybedroid, s’apprêtent à partager notre quotidien.

Reproduction inconsciente

Alice et Leenby sont deux sympathiques robots « semi-humanoïdes » destinés à l’animation de salons et à l’accompagnement des patients dans les établissements de soins. Capables d’ « accueillir, renseigner, diffuser des informations pratiques », voire d’ « escorter une personne jusqu’à sa chambre ou livrer de la nourriture et des boissons ». Curieusement, les deux machines présentent un renflement au niveau du torse, comme si elles étaient dotées d’une poitrine féminine. Une apparence qui ne doit rien au hasard explique le directeur de l’entreprise :

Pour nous ce sont des robotes, elles ont été conçues avec des formes féminines pour rassurer les usagers. 

Pour certains roboticiens, féminiser une machine est un moyen de « diminuer l’anxiété qu’elle peut susciter chez l’usager », constate Ludivine Allienne-Dis, doctorante à l’université d’Amiens, avant d’ajouter :

Mais c’est aussi une façon de conforter l’idée selon laquelle un robot féminin serait moins susceptible de se révolter.

De quoi souligner que même si le robot est une machine, donc un objet totalement construit, nous projetons « plus ou moins inconsciemment » sur lui notre vision genrée de la société. Alors pourquoi ne pas mettre une voix masculine sur un Pepper à la plastie plutôt féminine, pour changer ? Ce serait l’occasion de jouer sur les rôles qui sont déterminés socialement selon le genre.

Concevoir sans se soucier du genre

Mais l’entreprise conceptrice de l’humanoïde Pepper () affirmant qu’il « n’est pas facile d’aller à l’encontre des modèles dominants, nous devons faire avec la société telle qu’elle est ». S’ils ont féminisé Pepper pour créer des repères, l’ambiguïté reste palpable car pour SoftBank Robotics : « pousser trop loin la ressemble avec un humain rendra l’utilisateur exigeant sur cette ressemblance ».

L’apparence n’est heureusement pas indispensable pour sexualiser une machine. Le langage et la voix suffisent, comme l’a montré le film Her de Spike Jonze, où le personnage principal noue une relation amoureuse avec son logiciel d’assistance personnalisé à la voix sensuelle de Scarlett Johansson :

Pour les robots comme pour les humains, il n’est pas facile de sortir de la construction binaire. Seul le car il évolue en fonction des interactions avec l’utilisateur. Il utilise la technologie du pour compléter votre profil au fil de vos échanges, dans l’objectif de « devenir ton meilleur ami » et offre trois possibilités : choisir entre le féminin, le masculin et un mode « non-binaire « . Pour voir des robots complètement neutres, il faudra sûrement attendre que nos sociétés acceptent ce concept de neutralité.

(Image à la une : Getty images)

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