5 mythes véhiculés par le Porno

Gwendoline Casamata 22 novembre 2024

Dans les années 1970, la pornographie a révolutionné et popularisé l’orgasme féminin. Les écrans de cinéma se sont remplis de femmes qui, entre deux répliques et quelques poses acrobatiques, semblaient découvrir des plaisirs soit disant intenses. Diffusée, à l’origine, dans les salles obscures aux sièges collants force d’usage, la pornographie a contribué à asseoir l’idée que le sexe pouvait exister… juste pour le sexe. Aujourd’hui largement démocratisée, elle est consommée par toutes les générations confondues. Mais son emploi comme source d’éducation sexuelle par la nouvelle génération, est loin d’être adapté et contribue à véhiculer certaines légendes urbaines autour du plaisir. Voici 5 mythes que la pornographie glorifie avec enthousiasme et, disons-le, un peu d’effets spéciaux.

Mythe 1 : La rapidité est un talent

L’éjaculation serait l’ultime preuve de plaisir, le graal des ébats amoureux, la cerise sur le gâteau du désir. Résultat ? Beaucoup pensent que la mission d’un bon amant consiste à transformer une relation sexuelle en course de vitesse. Mais éjaculer vite, lentement, ou pas du tout n’a rien à voir avec la maîtrise ou le plaisir. Un homme peut éjaculer sans nécessairement grimper au septième ciel. Et finalement, cette obsession du chrono laisse tout le monde sur sa faim :  l’un se retrouve satisfait « par défaut », sans les frissons de l’extase, et l’autre se demande pourquoi sa performance chronométrée n’a pas eu l’effet escompté.

Mythe 2 : une prouesse sexuelle consiste en des éjaculations abondantes

Dans les films X à destination d’un public homo ou hétérosexuel, l’éjaculation n’est pas juste une étape, c’est le clou du spectacle. La raison ? L’industrie du sexe est dirigée principalement par des hommes, et s’adresse majoritairement à un public masculin. Les cum shots impressionnants glorifiés par l’industrie du porno relèvent du montage et non de la réalité. Pas de subtilité ici, non, on veut du volume, du débit, et si possible, un angle dramatique pour bien capter l’action. Mais petit rappel biologique : dans la vraie vie, l’éjaculation, c’est une ou deux petites cuillères de fluide, pas une inondation qui nécessiterait une alerte météo. Les spectateurs, formatés par des années de visionnage, en viennent à espérer, voire à exiger, ces scènes d’éjaculation abondante.

Mythe 3 : le pénis dur comme du fer

La libido post-raclette de monsieur tout le monde ne peut se comparer à celle d’un acteur porno sous contrat. Lui, c’est un professionnel. Un véritable étalon qui travaille cinq jours par semaine, voire plus si nécessaire, et éjacule jusqu’à quatre fois par jour. Mais derrière ces performances titanesques se cachent des journées de tournage pour quelques heures de film. Les acteurs doivent rester en forme sur commande, peu importe l’heure, les angles improbables ou les aléas du scénario. Ils travaillent dur, dans tous les sens du terme ! Une prouesse qui, pour le commun des mortels, tiendrait plus de la torture que du plaisir.

Mythe 4 : plus c’est gros plus c’est bon.

Un pénis de grande taille aurait un potentiel orgasmique plus important. Dans un film pornographique, le pénis est la star. II doit donc être visible en permanence, même pendant les scènes de contact physique étroit et de pénétration. Les réalisateurs rivalisent d’ingéniosité avec des angles de caméra qui glorifient des proportions souvent plus proches du mythe que de la moyenne mondiale. Mais gros ne veut pas dire habile. La taille du pénis ne détermine pas la capacité d’un homme à éprouver ou à procurer du plaisir. Les hommes qui acceptent leurs dispositions naturelles, quelles qu’elles soient, et apprennent à s’exprimer avec art, sans inhibitions, sont destinés non seulement à éprouver et à procurer de meilleurs orgasmes.

Mythe 5 : le sexe c’est pour les jeunes

L’amalgame entre plaisir sexuel et jeunesse est communément répandu dans l’industrie porno. On part du principe que des corps plus matures ou moins musclés sont moins vendeurs. Mais il n’existe pas de limite d’âge pour l’extase ! La capacité orgasmique d’une femme mûre n’a rien à voir avec sa fonction procréatrice. Au Japon, la valeur d’une geisha augmentait même avec l’arrivée de sa ménopause. Chez l’homme, l’andropause peut conduire à un déclin graduel de la libido et s’accompagner d’accès ponctuels d’impuissance et de changements d’humeur. Pourtant les hommes matures ont souvent un meilleur contrôle de leur éjaculation et un certain savoir-faire acquis au fil des expériences.

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