Pornographie, de la pellicule au pixel
9 novembre 2024La pornographie s’est métamorphosée au fil du temps et a connu une véritable révolution grâce à l’ère numérique. Zoom sur cette transformation.
En cinquante ans, la pornographie s’est métamorphosée. Où en est-elle aujourd’hui, à l’heure où l’intelligence artificielle bat à nouveau les cartes du monde et où la création de contenu explicite n’a jamais été aussi facile ? Christel Le Coq, de Sextech for Good, Mina et Jade, du compte N’importe Cul apportent leur éclairage et retracent la formidable épopée de la pornographie !
Les débuts dorés de la pornographie
Les années 1970 marquent un tournant décisif dans l’histoire de la pornographie, une période qualifiée « d’âge d’or ». Des films comme Gorge Profonde (1972) atteignent une popularité qui dépasse toutes les attentes, bouleversant les perceptions et légitimant le sexe explicite comme objet de divertissement. Christel Le Coq, fondatrice du collectif SexTech For Good se souvient : « Il y avait le film Emmanuelle qui s’exposait sur les Champs-Élysées. L’actrice était habillée par de grands couturiers, le film a bénéficié d’une promotion populaire. On était vraiment dans une pornographie qui collait à l’univers du cinéma. » Le format Super 8 devient un outil clé pour la production de films pornographiques. Compact et facile à utiliser, il permet aux réalisateurs indépendants de capturer des images à moindre coût. Parallèlement, les projecteurs à domicile et les cinémas X se multiplient, rendant la consommation de pornographie plus accessible et plus discrète.
Malgré cette diffusion élargie, la consommation reste entourée de tabous et de préjugés. La pornographie commence à s’ancrer dans la culture populaire, mais elle reste un plaisir souvent caché, pratiqué loin des regards accusateurs.
VHS : Vidéos, Hédonisme et Succès
Les années 1980 apportent une révolution technologique majeure : l’avènement de la vidéo domestique. Si le cinéma avait amorcé l’âge d’or de la pornographie, le magnétoscope et les cassettes VHS permettent de la faire entrer dans les foyers du monde entier. Mina et Jade, du compte Instagram spécialisé dans la culture pornographique N’importe Cul, soulignent l’importance de cette époque : « La VHS a permis aux gens de regarder ça de chez eux, sans avoir à acheter de tickets de cinéma. Cela a aussi ouvert la voie au développement de l’amateurisme dans le porno, avec des caméras compactes qui ont rendu possible le gonzo, un genre très minimaliste et direct. »
Les vidéoclubs jouent un rôle crucial dans cette démocratisation, avec des sections réservées aux adultes derrière un rideau épais. Le marché de la vidéo pornographique explose, et les productions se multiplient, répondant à une demande croissante. La pornographie devient un produit de consommation courante, accessible en toute discrétion.
Le triomphe du nu-mérique
Les années 1990 marquent une nouvelle transition majeure avec l’avènement du numérique. Les films sur CD-ROM et DVD remplacent progressivement les cassettes VHS, offrant une meilleure qualité d’image et une plus grande durabilité. Mais c’est l’arrivée d’Internet qui provoque la véritable révolution. Les premiers sites web pornographiques apparaissent, offrant un accès quasi instantané à une vaste bibliothèque de contenus. Le streaming, bien qu’encore rudimentaire à l’époque, marque le début d’une nouvelle façon de consommer du contenu. Mina et Jade notent que « Internet a permis le développement de l’amateurisme, du caméscope au smartphone, chaque foyer peut désormais produire et diffuser son propre porno. »
Mais cette nouvelle accessibilité s’accompagne aussi de nouveaux défis, notamment en matière de droits d’auteur et de protection des œuvres. L’industrie doit s’adapter à cette nouvelle réalité numérique, cherchant à protéger ses productions tout en s’assurant que le public puisse y accéder facilement. Le passage au numérique transforme également la production, avec un glissement vers des contenus plus bruts et authentiques.
A lire aussi :
En quoi la pornographie modifie les rapports sexuels ?
Pornographie : les français lisent toujours des revues érotiques