Se mettre nu, la nouvelle révolution ?
17 mai 2025Ce dossier sur le naturisme dévoile une communauté de plus en plus jeune, croissante et présente un peu partout !
Se débarrasser de ses vêtements, c’est bien plus qu’un simple choix vestimentaire pour les naturistes : c’est une philosophie, un mode de vie, une manière de renouer avec soi-même et avec la nature. Comment cette communauté en plein essor a-t-elle su se réinventer ? Comment la culture accompagne-t-elle la désacralisation de la nudité ? Derrière les clichés d’un monde où l’on bronze sans marques de maillot, on déshabille la communauté des naturistes !
Des adeptes de plus en plus jeunes !
Le naturisme connaît une nouvelle vague de popularité, attirant des profils bien différents des générations précédentes. Loin des clichés des hippies ou des retraités nostalgiques des années 70, les nouveaux naturistes sont jeunes, urbains et souvent en quête de bien-être et d’authenticité.
Selon les chiffres récents, la France compte 4,7 millions de pratiquants (source : Fédération Française de Naturisme), avec une répartition équilibrée entre Français et étrangers. Ce chiffre est en hausse, notamment grâce à une acceptation sociale plus grande et à un changement de mentalité sur la nudité.
Julien, 28 ans, ingénieur en informatique, a découvert le naturisme après un burn-out. « J’avais besoin de couper avec le regard des autres, avec la pression de l’apparence et de la performance. J’ai commencé par une retraite dans un centre de méditation où la nudité était encouragée. Aujourd’hui, c’est devenu une partie essentielle de mon bien-être, au même titre que le sport ou la lecture. »
Les réseaux sociaux et les médias ont également contribué à cette nouvelle image du naturisme, en partie grâce à certaines figures influentes qui ont su moderniser et démocratiser la pratique. L’animateur Nans Thomassey, avec son émission Nus et culottés sur France 5, a su montrer une approche bienveillante et humaniste du naturisme, loin des clichés. Son concept ? Partir nu avec un ami et voyager à travers la France en comptant sur la générosité des inconnus. Un programme qui a permis de démystifier la nudité et de la montrer sous un angle de liberté et d’aventure.
Sur TikTok, Jessica Dubé partage régulièrement ses expériences dans des campings naturistes, contribuant à moderniser cette image auprès d’un public plus jeune. À travers ses vidéos pédagogiques et humoristiques, elle casse les préjugés et rend la pratique accessible et décomplexée.
Le naturisme premium, quand la nudité rime avec confort
Autrefois centré sur des campings rudimentaires et des espaces sauvages, le naturisme évolue vers des structures plus confortables et haut de gamme. Marc Lemonier, spécialiste du sujet, auteur de Petites Histoires de la Nudité, (2018, éditions Jourdan) explique cette transformation :
« Les groupes hôteliers ont compris que le naturisme pouvait être un vrai marché. Exit les vieux campings minimalistes, aujourd’hui, des marques comme Libranoo ou Tohapi rachètent des terrains naturistes existants et les font monter en gamme. Ils proposent des bungalows équipés, des espaces bien-être et des activités familiales. C’est un naturisme ‘Center Parcs’ où l’expérience est scénarisée. »
Cette montée en gamme répond à une demande précise : celle d’une clientèle CSP+ urbaine et familiale, séduite par un mode de vie décomplexé, mais qui veut conserver son confort.
Céline et Baptiste, un couple de trentenaires parisiens, sont devenus adeptes de ces nouveaux espaces naturistes. « On aime la nature et la liberté, mais on n’avait jamais envisagé le naturisme. On a testé un week-end dans un centre de vacances où la nudité était de mise, mais avec des installations modernes et confortables. Ça n’avait rien à voir avec les clichés des campings vieillots. Aujourd’hui, on part chaque été dans ces lieux où l’on se sent bien. »
Depuis le COVID, cette tendance s’est amplifiée. La recherche de lieux préservés, sans jugement et sans pression sociale séduit de nombreux Français fatigués des contraintes du monde moderne. « Ce que j’aime le plus, c’est l’absence totale de codes sociaux », explique Léo, consultant en finance. « En costume-cravate toute l’année, j’ai trouvé dans le naturisme un espace où je peux me libérer de toutes les étiquettes, y compris celles que je porte malgré moi. »
Dans culture, il y a cul !
Le monde de la culture s’ouvre de plus en plus au naturisme. Des musées comme le Palais de Tokyo ou le MUCEM à Marseille ont organisé des visites dédiées aux naturistes, offrant une nouvelle manière d’apprécier l’art. L’idée ? Se détacher du regard social sur le corps et reconnecter avec une expérience plus intime et sensorielle des œuvres exposées.
Le théâtre, la danse et les performances artistiques sont également concernés. Selon Christophe Combarieu, journaliste et animateur, la nudité devient un outil culturel puissant pour désacraliser le corps et proposer des formes d’expression plus authentiques.
« Le monde de la culture a toujours eu besoin de nouveauté. Aujourd’hui, on voit de plus en plus de ballets où les danseurs sont nus, des pièces de théâtre dédiées au naturisme. L’art pousse à désacraliser la nudité, à en faire une force et non un tabou. »
En parallèle, certains événements vont encore plus loin en mêlant littérature et naturisme. C’est le cas des lectures naturistes, une tendance qui, bien qu’encore marginale, connaît un succès croissant en France.
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