Bientôt la pilule sans ordonnance ?

La rédaction 14 août 2017

La pilule en vente libre : pour ou contre ? Présenté ainsi, il serait bien difficile de répondre tant les arguments pour et contre assaillent l’esprit… L’idée a en tout cas été lancée avec une pétition qui récolte des signatures prestigieuses. Elle mérite d’être analysée en détail.

Bientôt la pilule sans ordonnance ?

Un petit groupe de pharmaciens et le Planning familial ont fondé un collectif pour lancer un appel aux laboratoires pharmaceutiques. Son nom : « ». Son objectif ? Rendre possible l’acquisition sans ordonnance d’une pilule contraceptive progestative (sans œstrogènes et donc présentant moins de risques). Au-delà de l’aspect libertaire, pratique et, comment ne pas y penser, commercial, il s’agit aussi d’un combat pour le droit des femmes et dans les signatures de la pétition sur Change.org, on retrouve d’ailleurs de nombreuses féministes. « Tout est fait pour maintenir le contrôle sur le corps des femmes » s’insurge la signataire Clara de Bort (directrice d’hôpital et féministe). Et il faut bien reconnaître que la France, tout comme l’Europe d’ailleurs (sauf le Portugal), est à la traîne sur le sujet ! Honduras, Roumanie, Afghanistan, Turquie… De nombreux pays ont déjà rendu possible ce procédé.

Des contournements existent déjà

Les femmes peuvent choisir depuis longtemps quand elles veulent un enfant, ou plutôt quand elles n’en veulent pas. L’illusion entretenue est donc tenace, car l’idée est communément acquise : la pilule est facile d’accès en France. C’est sûrement vrai dans les métropoles ou dans les territoires où on peut encore obtenir des rendez-vous médicaux assez facilement. Mais dans les fameux déserts médicaux dont se sont timidement inquiétés les candidats à l’élection présidentielle cette année, la consultation médicale peut virer à la chasse au trésor, surtout quand il s’agit d’un rendez-vous en gynécologie. La solution trouvée par les généralistes est souvent la suivante : pour éviter des désagréments à leurs patientes, ils ajoutent la mention « à renouveler » sur l’ordonnance. C’est en quelque sorte le moyen qui a été choisi au Québec, où les pharmaciens peuvent déjà prescrire une ordonnance de pilule pour une durée de 3 mois, en plus d’une prise de contraception d’urgence.

« America first »

En 2012, le collège américain des gynécologues-obstétriciens avait déjà réalisé une étude qui démontrait qu’un simple questionnaire rempli par les femmes souhaitant obtenir la pilule sans ordonnance suffisait amplement pour éviter tout risque de complications pour la santé. Suite à ce rapport, un laboratoire américain vient de faire la demande d’autorisation sur le marché pour une pilule de ce genre et si la FDA (foods and drugs administration) donne son accord, cela deviendra possible pour les femmes Outre-Atlantique, car contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il n’y a pas d’obligation d’effectuer un dépistage des cancers du col de l’utérus ou du sein. Selon cette étude, les femmes montreraient même une approche plus prudente que leurs prescripteurs, notamment en matière de contre-indications.

Rendez-vous en 2018

Enfin, comme le collectif l’explique dans sa pétition, la commercialisation d’une pilule sans ordonnance servirait à « lutter contre la désinformation » et à promouvoir « le respect de l’autonomie des femmes à l’égard de la contraception ». L’ultimatum est donc lancé : « Par cette pétition, nous demandons aux laboratoires pharmaceutiques de s’engager publiquement à déposer auprès de l’Ansm ou de l’Agence européenne (Ema) un dossier d’autorisation de mise sur le marché (Amm) pour une pilule progestative sans ordonnance avant le 8 mars 2018, Journée internationale des droits des femmes. »

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