Culture du viol, les quatre grands mythes qui l’entretiennent

Flore Cherry 3 mars 2016

« Elle portait une jupe trop courte. »
« Les filles, elles disent non puis elles disent oui. »
« Il ne fallait pas traîner avec des inconnus… »
Suite à la sortie d’une enquête IPSOS pour Mémoire Traumatique, on revient sur 4 grands chiffres chocs qui laissent transparaitre que la culture du viol est bien encore une réalité dans les mentalités…

culture du viol

Selon un récent sondage pour , une association pour l’information sur les conséquences psychotraumatiques des violences, une méconnaissance sur la réalité des viols et leur champ de définition serait partagée par un fort pourcentage de notre société.

Si le rapport est très intéressant à lire dans son intégralité, nous nous sommes concentrés dans la suite de l’article sur les chiffres concernant les mythes issus de la « culture du viol ». On rappelle que la culture du viol est un ensemble de croyances qui visent à culpabiliser la victime et à trouver des circonstances atténuantes à l’agresseur.

Mythe n° 1  : les femmes qui disent non, parfois elles disent oui

Près d’1 Français sur 4 pense « que dans le domaine sexuel, les femmes ne sauraient pas vraiment ce qu’elle veulent par rapport aux hommes ».

Pour rappel, dans le cas du harcèlement sexuel, celui-ci débute à partir du premier « non ». Inutile donc d’insister en pensant qu’elle va dire « oui », si cette technique peut éventuellement fonctionner, elle entretient un rapport harceleur – cédant.

L’éclairage de Laure Salmona, rédactrice du rapport de l’enquête :
« Cette croyance peut avoir des effets dévastateurs : donner du crédit à ce type d’assertion revient à considérer que les femmes sont incapables de décider pour elles-mêmes et ont besoin des hommes pour comprendre quels sont leurs vrais désirs. C’est leur dénier la faculté de décider de consentir ou non à un rapport sexuel. »

Mythe n° 2  : au début elle disait non puis après ça lui a plu !

Près d’1 Français sur 5 considère qu’il n’y a pas viol lorsqu’une personne cède quand on la force.

Ils considèrent cependant majoritairement qu’il s’agit d’une agression sexuelle, même s’il y a eu une pénétration sexuelle.

On rappelle que la différence entre agression sexuelle et viol ne tient pas de l’intensité de réaction de la victime mais bien de la nature du délit. S’il y a eu pénétration (fellation, doigt dans des parties intimes, compris) il s’agit d’un viol, si l’attouchement reste en surface du corps (les seins, les fesses, le sexe etc.) il s’agit d’une agression sexuelle (dans le cas bien évidemment d’une absence de consentement explicite ou tacite de la part du partenaire).

L’éclairage de Laure Salmona, rédactrice du rapport de l’enquête :

« Céder n’est pas consentir : de nombreuses contraintes physiques, morales ou économiques peuvent permettent à une personne d’imposer des actes ou des comportements sexuels à une autre personne qui ne les veut pas, et qui les subira sans dire mot, ni s’opposer. »

Mythe n° 3  : si elle avait (vraiment !) fait attention, elle aurait pu éviter d’être violée

Près d’1 Français sur 4 considère que  « lorsque l’on respecte certaines règles simples de précaution, on n’a quasiment aucun risque d’être victime de viol ».
On constate un fort pourcentage chez les hommes les plus âgés.

L’éclairage de Laure Salmona, rédactrice du rapport de l’enquête :

« Cette mise en cause des comportements des victimes sous-entend qu’elles sont pour quelque chose dans la survenue des violences, qu’elles en sont responsables d’une façon ou d’une autre, qu’elles ne se sont pas comportées de la bonne façon, qu’elles se sont exposées de façon irresponsable, qu’il y avait sûrement autre chose à faire qui aurait permis d’éviter ces violences, et qu’en dernier ressort c’était à elles de se protéger plus efficacement ou de mieux faire comprendre à l’auteur des violences qu’elles ne voulaient pas ou qu’il ne fallait pas qu’il se comporte ainsi. »

Mythe n° 4  : il ne faut pas faire confiance aux inconnus, c’est souvent eux les violeurs

44% des Français estiment que les victimes courent plus de risques d’être violées par quelqu’un qu’elles ne connaissent pas.
Ce qui est fondamentalement faux ! (2010-2015), dans 9 cas sur 10, la femme connait son agresseur.
Vous avez plus de chances d’être agressé par un proche ou par un membre de votre famille que par un psychopathe sévèrement alcoolisé.

la culture du viol, entre mythe et réalité

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À propos de l’auteur
Flore Cherry

Flore Cherry

Journaliste, blogueuse et organisatrice d'événements dans le milieu de l'érotisme, je suis une jeune fille cul-rieuse qui parle de sexe sans complexe (et avec une pincée d'humour, pour que ça glisse mieux !)

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