Les smartphones ont-ils tués les recontres réelles ?
15 avril 2025Dans le monde, la natalité diminue rapidement et de manière continue. Selon Alice Evans, chercheuse au King’s College, les smartphones seraient en partie responsables de ce phénomène, car ils auraient enterré les rencontres en personne.

Dans le monde, hommes et femmes n’ont jamais été aussi éloignés… il semblerait que cupidon n’ait pas de réseau. Selon la sociologue Alice Evans : «Partout dans le monde, les gens passent moins de temps avec le sexe opposé». Résultat : explosion du célibat, chute libre de la natalité, et des vies en solo de plus en plus courantes, parfois par choix, souvent par défaut.
Alice Evans mène une étude nommée : « La grande divergence des genres » (The Great Gender Divergence), qui explore les raisons pour lesquelles certaines sociétés sont devenues plus égalitaires entre les sexes que d’autres, et fait un lien direct entre l’impact des smartphones sur les dynamiques amoureuses mondiales.
Baby-krach : faute au smartphone ?
Le téléphone portable, fut un temps, était considéré comme le moyen de rapprochement entre hommes et femmes. Entre réseaux sociaux, applications de rencontres, appels téléphoniques ou mails.
Mais paradoxalement, ces « bulles numériques » semblent aujourd’hui être un frein à la natalité. Alice Evans établit un lien entre la baisse de la natalité et l’essor des smartphones, qui transformeraient les comportements sociaux et les aspirations personnelles.
D’après ses recherches, les écrans réduisent les rencontres en face à face en privilégiant des loisirs solitaires comme le streaming ou les réseaux sociaux, ce qui limite les occasions de former des couples.
Sur une discussion Reddit, les internautes semblent valider le lien entre célibat et smartphones : »Je me souviens de l’époque où j’étais à l’université et que je me connectais sur AIM (je me trahis totalement là) ou que j’appelais des amis au hasard sur une ligne fixe pour voir s’ils voulaient aller au café ou voir un film. Si je m’ennuyais ou que je ne me sentais pas sociable, je lisais un livre ou je mettais un DVD. Ensuite, on sortait et on croisait d’autres gens. Les jeunes, pour la plupart, font beaucoup moins de choses en personne. Ils ne savent même pas ce qu’ils ratent en contact humain comparé à la génération précédente. »
Cette « bulle numérique » tend à isoler les deux genres, accentuant ainsi la déconjugalité, comme en Asie de l’Est et en Europe du Sud, où le célibat grimpe en flèche à mesure que les smartphones se généralisent.
La sociologue souligne que les contenus culturels mondialisés, comme la série qui fait carton plein Emily in Paris ou la chanson Flowers de Miley Cyrus renforceraient chez les femmes un désir d’indépendance, souvent en décalage avec les modèles « familiaux traditionnels« . Sans établir de causalité, elle souligne que les smartphones amplifient des tendances déjà existantes : la montée de l’individualisme, l’accès à l’éducation pour les femmes, et le report des projets parentaux.
Mouvements féministes vs masculinistes sur les réseaux sociaux
L’étude d’Alice Evans met en lumière une divergence croissante entre les attentes des genres : les femmes, influencées par des contenus numériques porteurs d’émancipation, réclament davantage d’égalité, tandis que certains hommes réagissent en rejetant ces évolutions.
Cette fracture alimente à la fois l’essor des mouvements féministes internationaux, symbolisés par des hymnes comme Run the World de Beyoncé et celui de discours masculinistes dénonçant une supposée « crise de la masculinité ».
La sociologue constate que les réseaux sociaux, via leurs algorithmes, renforcent les positions les plus extrêmes, polarisant les débats autour du genre. Dans des pays comme la Turquie ou le Mexique, de jeunes femmes adoptent des modèles d’émancipation diffusés sur Netflix, tandis que des hommes conservateurs se regroupent en ligne pour défendre des rôles traditionnels.
Cette dynamique contribue à expliquer l’augmentation du célibat et la difficulté croissante à faire converger les attentes féminines et masculines.
Sur Tiktok, c’est l’effervescence des mouvements masculinistes, avec des milliers de vidéos de « coachs » défendant l’idée d’un homme dominant et fort, dans un monde qu’ils jugent « écrasé » par les mouvements féministes. Parmi ces mouvements nous retrouvons les « incels » ces fameux « célibataires involontaires« , ou, très tendance sur la plateforme, le #MGTOW. Le courant MGTOW, regroupe des masculinistes qui considèrent la femme comme « superficielle, vénale et toxique« . Affirmant la supériorité des hommes et pronant haut et fort la haine du genre féminin, ils choisissent de rester célibataires et d’enchainer les plans culs afin de « punir la femme ».
Ces mouvements masculinistes inquiètent de par leur agressivité, et de nombreux documentaires les décryptent voire les dénoncent, tels que « Mascus » diffusé sur France TV et Youtube, ou encore « Viril » sur Arte. Plus récemment, la série Adolescence, sur Netflix, aborde le sujet des incels et des féminicides.
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