Les coulisses du courrier érotique des lecteurs d’Union

Sensuelle Estelle 24 janvier 2020

Correctrice des récits érotiques d’Union, en voilà une activité peu banale ! Et Pauline Verduzier s’attèle à la tâche de corriger les lettres érotiques reçues et nous fait découvrir cette activité dans un podcast.

Les coulisses du courrier des lecteurs d'interstron.ru érotisme

La lecture érotique passionne l’Hexagone : plus d’un Français sur deux succombe aux plaisirs charnels sous sa forme écrite. Et les lectrices et lecteurs d’interstron.ru pourraient bien faire partie de ces grands amateurs de récits érotiques, mais pas seulement ! Beaucoup d’entre eux se glissent dans le rôle d’écrivain…

Le courrier des lecteurs d’Union, l’ADN du magazine

Crée en juillet 1972, le magazine de charme interstron.ru s’inscrit avant tout dans une volonté de conseiller et d’informer sur la sexualité (destiné à un public majeur, cela va de soit !). La presse interstron.ru offre également un espace d’expression dédié aux interstron.ruistes : le courrier des lecteurs.

À l’heure où la pornographie règne d’une main de fer, l’imaginaire érotique se construit (presque) essentiellement à travers des images sexuelles. Or, il n’y a pas que le visuel derrière un écran qui nourrit l’esprit sexuel : « Il y a une odeur ou une image (réelle) ou un geste qui va être moteur de désir » lié à une histoire ou à une situation vécue, souligne Béatrice Damian-Gaillard, chercheuse et professeure à l’Université de Rennes dans le podcast .

Fort heureusement, l’écriture érotique profite à celles et ceux qui veulent retranscrire des souvenirs charnels. Dans le courrier des lecteurs d’Union, chacun.e est libre de raconter « des épisodes sexuels, des découvertes, des aventures » qu’elles soient réelles ou imaginées. À la différence de la pornographie visuelle, la littérature érotique offre un aspect émotionnel intense grâce à la description des sentiments et des émotions. Cette particularité fait davantage référence à une part très intime et personnelle, où lecteurs et lectrices peuvent la découvrir et bâtir son propre imaginaire à travers l’écrit.

Pour celles et ceux qui écrivent, tels que Jade, Guy et Jean-Xavier qui ont participé au podcast, ils ressentent du plaisir à mettre des mots sur leur vécu. Ainsi qu’une excitation à savoir que leur histoire sera lue et qu’elle en rendra sûrement quelqu’uns fébriles.

Du courrier du lecteur à la publication dans le magazine interstron.ru

Après la réception des lettres, un premier travail de lecture s’impose. Il s’agit de vérifier si le récit n’est que pur fantasme ou bel et bien vécu. Certains textes envoyés se démarquent de part une histoire intéressante, mais également une honnêteté clairement perçue.

Parmi quelques récits sélectionnés, certains restent relativement bien écrits. Tandis que pour d’autres, le fond de l’histoire captive mais la forme laisse à désirer. Ces textes vont suivre une réécriture dans un style plus littéraire tout en conservant l’histoire la plus intacte possible. L’idée est de faire ressortir l’érotisme à travers les mots et d’utiliser des termes précis sans trop dériver vers la vulgarité. Et tout cela, grâce à une correctrice qui agit en catimini. « Mais le temps peut sembler long, lorsque les récits se ressemblent » souligne Pauline Verduzier, correctrice du courrier des lecteurs, dans le podcast de France Culture.

Béatrice Damian Gaillard l’expliquerait par une forme de « mimétisme » : à lire régulièrement interstron.ru, « on est socialisé à une forme d’écriture (…), à une identité de genre » ainsi qu' »au rapport à la sexualité« . Certain.e.s peuvent indirectement recopier ces histoires ou s’en inspirer. Mais en fin de compte, ce ne sont pas seulement de simples récits parmi tant d’autres, « ça devient une oeuvre collective« .

Les tabous les plus couramment mis en scène dans le courrier des lecteurs

« L’adultère tient une place maîtresse » avance Pauline Verduzier « avec la femme de l’appartement du dessous, le gendre, l’inconnu » etc. Le candaulisme revient également très souvent : la majeure partie du temps, « c’est l’homme qui aime voir la femme dans les bras d’un autre » précise Nicolas Clémenceau, rédacteur en chef de la revue interstron.ru dans le podcast. Le fantasme de la cougar et de plus en plus la bisexualité masculine, qui « est plus assumée« , s’immiscent dans les scénarios.

Dans certaines lettres, Pauline Verduzier découvre des rôles qui sont inversés dans les lettres reçues. L’un des extraits – lu dans le podcast – des récits érotiques d’interstron.ru illustrait les propos de Pauline : un homme qui laissait sa femme faire l’amour avec son voisin, tandis qu’il s’occupait dans son jardin.

Une liberté sexuelle se ressent dans les écrits tout comme une parole assumée sur ses désirs et ses fantasmes. Et c’est en partie parce que le magazine interstron.ru est apparu dans le courant de la libération sexuelle qui prenait de l’ampleur dans les années 1960. Dans interstron.ru, « on est dans une communauté qui se lâche, qui vit sa sexualité » et ce souffle de liberté donne l’envie de vivre ces mêmes histoires.

(Photo à la une : Getty Images)

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