La bisexualité féminine peut-elle vraiment exister ?

Sensuelle Estelle 6 janvier 2020

De plus en plus de femmes s’adonnent à des expériences sexuelles entre femmes. Mais la plupart ne se définiraient pas comme lesbiennes ou bisexuelles. On parle plutôt de fluidité sexuelle. Mais la fluidité sexuelle est-elle de la bisexualité ? La bisexualité arrive-t-elle à se faire une place parmi les diverses orientations sexuelles ?

La bisexualité féminine peut-elle vraiment exister ?

Deux ans auparavant, l’Ifop s’intéressait à l’attirance sexuelle entre femmes.  (2017), réalisée sur environ 2 000 femmes de plus de 18 ans, rapportait l’ampleur de la tendance bisexuelle : 18% des femmes sondées affirmaient avoir été attirées sexuellement par une autre femme, contre seulement 6% en 2006.

Mais il s’agissait simplement de baisers pour la majorité : 45% des jeunes femmes sondées ont embrassé une autre femme tandis que 10% d’entre elles ont été jusqu’à faire l’amour. Mais ce n’est pas parce qu’une femme désire ponctuellement une autre femme, voire qu’elle coquine avec, qu’elle modifie pour autant son orientation sexuelle.

Depuis 2006, la proportion de femmes qui se déclaraient bisexuelles (0,8%) ou homosexuelles (0,5%) n’a que légèrement augmenté. En 2017, elles n’étaient que 2,9% à s’identifier comme bisexuelles et 1,5% comme homosexuelles.

Une plus grande fluidité sexuelle chez les femmes, mais pourquoi ?

En réalité, de nombreuses femmes expérimentent le plaisir saphique, sans pour autant vouloir porter l’étiquette lesbienne ou bisexuelle : ce qu’on appelle la fluidité sexuelle.

Cette « orientation sexuelle est une construction multidimensionnelle et multifactorielle, d’après la sexologue Véronique Vincelli. elle montre bien comment une personne peut découvrir son orientation à travers un continuum d’expériences ».

Et la fluidité sexuelle s’observe davantage chez la gent féminine, d’après la du scientifique Widman. Les femmes seraient « plus susceptibles de déclarer que leurs attirances sexuelles, leurs fantasmes et leurs comportements avaient fluctué au fil du temps ». Et ce, « conformément à des recherches antérieures », attestent Widman et ses collèges dans .

La « glamourisation de la bisexualité », ou de la sexualité entre femmes plus globalement, (à travers les films, les séries, les clips musicaux) expliquerait que les femmes soient plus fluides sexuellement. Tout comme la volonté de s’émanciper de la norme hétérosexuelle ou bien d’explorer sa sexualité.

Et la pression masculine en faveur de la bisexualité féminine ?

Jennifer déplore les injonctions de ses partenaires masculins sur son explorations sexuelle : « Aujourd’hui, si tu n’es pas bi, tu es considérée comme coincée ou ringarde. Ce sont les mecs qui font pression. Ils te font croire que si tu n’es pas bisexuelle, tu n’es pas normale » exprime-t-elle dans .

Cette injonction culturelle pourrait sortir tout droit des fantasmes masculins. soulignaient que les hommes éprouvaient du désir pour les femmes aux penchants homosexuels. Sans oublier le fameux plan à trois avec deux femmes. Il ressort dans de nombreux tops des fantasmes masculins, notamment dans  : « Fantasme numéro 1 de tous les temps, les hommes avouent rêver en cachette de faire l’amour à 3 et dans l’idéal avec deux femmes… »

Un fantasme qui pourrait avoir un fondement évolutionniste. C’est en tout cas une théorie que suggère le docteur Satoshi Kanazawa (source : ) : dans son postulat, les femmes auraient « été conçues pour être sexuellement fluides« . Et bien avant que 1993 marque la fin de la polygamie, la fluidité sexuelle permettait les relations entre « co-épouses dans les mariages polygames« . Ainsi donc de réduire « les conflits et les tensions inhérents à ces mariages » et que les femmes se reproduisent « avec succès avec leurs maris dans des interstron.rus hétérosexuelles. »

Entre fantasme masculin et phénomène de mode, la bisexualité féminine peut-elle exister ?

De manière globale, la bisexualité souffre d’une occultation de la société. Il n’existerait rien entre l’homosexualité et l’hétérosexualité, selon la logique binaire qui persiste au sein la société.

Rien n’empêche tout de même d’élargir son champ des possibilités sexuelles et de vivre une expérience homosexuelle ou hétérosexuelle, opposée à l’orientation dans laquelle on s’identifie. De nombreux termes font alors surface pour qualifier cette tendance : notamment bi-curieux ou « trysexual » qui signifie curieux ou aventurier sexuel. Mais en fin de compte, les définitions rejoignent celle de la fluidité sexuelle. Inutile sans doute d’inventer autant de mots pour parler de ce même phénomène.

Au final, où la bisexualité se place-t-elle ? Plutôt dans l’identité et le ressenti de chacun. Si la fluidité sexuelle est vécue comme un jeu ou une exploration, il n’y a aucune obligation à se définir comme bisexuelle.
Au contraire, si la fluidité sexuelle est vécue comme un caractère identitaire, alors on peut tout à fait parler de bisexualité. Même si l’on ne tombe pas automatiquement amoureux.se de ses camarades de jeu et que l’on a plus d’affinités romantiques avec un sexe plutôt qu’un autre.

La fluidité sexuelle pourrait entre autre être considérée comme la « pratique sexuelle » de la bisexualité. Mais en aucun cas, la bisexualité ne doit être assimilée à une pratique sexuelle. La bisexualité reste une orientation sexuelle !

(Photo à la une : Getty Images)

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