Dossier : Nudité et érotisme

La rédaction 27 mai 2021

Déshabillez-moi – oui mais pas tout de suite, pas trop vitechantait Madame Greco en 1967. Qu’est-ce que le plaisir scopique, ce plaisir de voir la peau se dénuder et la chair apparaitre ? Pourquoi la nudité est parfois excitante, parfois moins quand elle est crue ? Quel est le rôle du vêtement et de la lingerie dans tout ça ? interstron.ru s’effeuille pour vous en ce mois d’avril…   

La nudité est-elle érotique ?

Difficile de répondre de façon tranchée à cette question, et surtout, sans savoir si l’on pose cette question pour la personne qui se déshabille ou pour celle qui la regarde.

Pour les naturistes, par exemple, la nudité est avant tout un moyen de se reconnecter à la nature, on peut la pratiquer en famille, sans aucune notion de désir. La nudité a également été un outil politique, les hippies l’utilisaient pour lutter contre le conformisme, les femen, pour faire avancer les causes qui leur tenaient à cœur, et plus récemment, la « World Naked BikeRide »(course de cyclistes nus) permettait d’alerter sur notre consommation de pétrole. Employée pour déranger ou amuser, la nudité revêt alors une portée bien plus grande que celle d’exciter son partenaire…

La culture sur notre rapport à la pudeur joue aussi un rôle très fort lorsqu’il s’agit de sexualiser, ou non, la nudité ! Au Japon par exemple, la nudité en public est tout à fait naturelle dans les onsens, les bains chauds accessibles dans les zones thermales. Un pays qui reste cependant très pudique sur d’autres sujets : une marque d’affection dans la rue, comme un baiser, sera très mal vu.

En France, la nudité et son caractère sexuel est inscrite dans notre héritage judéo-chrétien. Pour Marc Lemonier, auteur de « Petites histoires de la nudité »  (édition Jourdains) :

« Adam et Eve, à l’âge de leur pureté originelle, étaient nus. Se déshabiller pourrait donc devenir une manière de revenir à cet état antérieur au péché original. »

La nudité serait donc plutôt érotique à nos yeux, de sa part son caractère transgressif, encore faut-il la mettre en scène correctement !

L’érotisme, une affaire d’accessoires, d’attitude et de tempo…


Pour Jun, sweetie qui manie l’art du nu au Sweet Paradise (salle de spectacle parisienne) :

« La nudité seule ne suffit pas à faire d’elle quelque chose d’érotique, le nu ne « dit » pas grand-chose ! S’affirmer en tant qu’être érotique passe avant tout par l’appréciation de la lingerie. « S’habiller, c’est s’exprimer », m’a un jour dit Vinh Lim, ma belle-sœur styliste. Et je suis tout à fait d’accord ! »

Car c’est bien ce jeu de cacher ce que l’œil veut voir, à travers de la lingerie pour certains, ou des accessoires pour d’autres, qui rend la nudité joueuse, et donc, érotique. Colette Andris, une danseuse nue d’entre-deux-guerres s’amusait à masquer son intimité avec un ballon :

« J’ai voulu, moi aussi, lancer le nu intégral, sans braver la conventionnelle décence, ni la police : un gros ballon me tenait lieu de « cache-sexe » mobile, et j’exécutais « la danse des ballons », ou, si vous aimez mieux « le jeu du ballon », au cours duquel, jamais on ne voyait pas voir… ».

Madame Jun – Smoke Eye Studio – Sweet Paradise. Instagram

Mais jouer, ce n’est pas juste se dévoiler, cela passe aussi par une attitude, qui va de jeux de regards à son partenaire, à des cambrures qui exposent (ou non) son sexe, jusqu’à des caresses lascives que l’on se donne à soi-même. On peut même imaginer effectuer un peu de bodypainting, en sublimant ses hanches d’un trait noir, en soulignant ses tétons de rouge, ou en agrandissant son aréole avec des paillettes. C’est donc la nudité mise en scène, qui est le summum de l’érotisme. Pour qu’un nu soit érotique, il faut donc que s’opère la rencontre entre deux personnes : un exhibitionniste, qui présente son nu de façon érotique, et un voyeur, attiré par la chose intime.

Vous avez dit voyeuriste ?

 Et en terme de voyeurisme, il y a deux écoles : ceux qui apprécient d’observer l’intimité de l’autre à son insu, et ceux qui apprécient le jeu de séduction qui s’opère tout du long.Pour la première catégorie, attention si vous rentrez dedans, le voyeurisme peut dans certains cas, constituer un délit pénal, lorsqu’il est fait usage pour tout moyen d’observer les parties intimes d’une personne cachée par des habits ou lorsqu’une personne est dans un lieu clos (cabine d’essayage, toilettes, etc.) .

En revanche, le voyeurisme peut librement s’exprimer sur le web, sur des sites de pornographie en ligne ou dans des théâtres érotiques. Là où il est, normal, de s’exhiber devant des inconnus.

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