Les études scolaires : le meilleur moyen de rencontrer l’amour ?

En 2018, une étude de l’Insee indiquait que la durée moyenne de scolarisation pour un Français dans le parcours supérieur s’élevait à 2,7 années. Soit 3 ans pour les femmes et 2,4 années pour les hommes. Un chiffre bien plus conséquent si l’on considère « les études » comme un parcours débutant au lendemain de l’âge obligatoire de scolarité en France. Une espérance qui s’élève en moyenne à 6 années sur les bancs de l’Ecole. Pour rappel, en France, l’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans révolu. Autant dire que 6 années suffisent pour suivre un cursus scolaire débouchant sur un diplôme mais également pour, potentiellement, rencontrer l’amour.

Pourquoi les études sont propices aux rencontres amoureuses :

Le sociologue Philippe Juhem a mené une enquête en 1995 dans trois lycée d’Aix-en-Provence. Au cours de leur scolarité, les lycéens se fréquentent assidûment et développent des relations très intimes. Les étudiants se jugent et le sociologue voit apparaître certaines catégories de jugement dans lesquelles, le physique, le milieu social et les traits de personnalités jouent des rôles importants. Il constate également que cet entre-soi booste puisque chacun est en quête de reconnaissance vis-à-vis de ses pairs.

Les lycéens, par exemple, découvrent le sentiment d’appartenance au sein d’un groupe. Philippe Juhem remarque que les étudiants se rassemblent selon leur style vestimentaire, la musique qu’ils écoutent ou encore les idées qu’ils défendent. Le sociologue fait le lien entre « flirt » et position sociale : plus grande sera la considération de nos ami(e)s, plus nous aurons de chance de sortir avec la fille ou le garçon dont nous sommes amoureux(se). Des traits de personnalité qui se ressentent également dans le parcours scolaire et qui créent au sein des couples, une homogamie éducative.

Les rencontres à l’Ecole : homogamie éducative et inégalité de genre

En France, l’allongement des études a fortement augmenté la naissance des au cours de la scolarité. Selon une enquête menée par Milan Bouchet-Valat et Sébastien Grobon, chercheurs à l’Ined et à la Dares, moins de deux relations sur dix naissait pendant le cursus scolaire chez les personnes nées en 1950. Trente ans plus tard, on constate que pour les personnes nées en 1980, c’est plus de cinq relations sur dix qui débutent au cours des études. Un phénomène qui débouche automatiquement sur une homogamie éducative, soit des couples dont le niveau de diplôme est le même. Pour les couples formés pendant les études, 50 % d’entre eux déclarent avoir le même niveau de diplôme. Une moyenne bien plus élevée que pour les couples formés sur internet (26 %) ou dans le cadre d’activités culturelles (27%).

Selon Milan Bouchet-Valat et Sébastien Grobon, on pourrait penser que cette homogamie éducative tend à réduire les inégalités entre les hommes et les femmes. Même si l’on constate que les femmes sont aujourd’hui, en moyenne, plus diplômées que les hommes, des écarts de revenus entre les deux sexes persistent. Selon la proposition de loi visant à mettre fin aux écarts de rémunération entre les femmes et les hommes à poste égal présentée par la Nupes, l’écart salarial entre femmes et hommes à poste équivalent et compétences égales est  de 9 %.

Homogamie sociale de la rencontre n’est donc pas synonyme d’égalité des sexes. Même si souvent, ce phénomène permet de partager les mêmes valeurs et donc une vision commune de l’avenir.

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