L’amour sonore : pourquoi crie-t-on lors de l’orgasme ?

La pornographie semble avoir normalisé le sexe bruyant. Acteurs ou actrices, ces derniers ne lésinent pas sur les moyens quand il s’agit de faire péter les décibels au cours de leurs performances sexuelles. Crier son plaisir sexuel est-il un acte propre à la pornographie ? Les cris sont-ils synonymes de simulation ou de plaisir réel et profond ?

Les formes de langage pendant l’acte sexuel 

Le langage qui resurgit en plein acte sexuel intéresse certains spécialistes, qui tentent de le comprendre et le définir. Révélant la part animale qui sommeille en chacun de nous, la communication en pleine partie de jambe en l’air ne se résume pas qu’au très popularisé : dirty talk.

Du côté de la science, et même de la poésie, les différentes formes d’expression linguistiques et sonores émises par les partenaires en plein acte sexuel (cris, gémissements, grognements, etc.) sont répertoriés sous l’appellation « vocalisation copulatoire ». Le docteur , sexologue et andrologue, qualifie ces sonorités orgasmiques comme étant des moyens de communication : » C’est une manière de communiquer. Quand la femme prend du plaisir, elle le manifeste. C’est une manière de dire que c’est bon et qu’il (ou elle) peut continuer« . Il appuie ses propos en insistant sur le côté animal, qui assaillit les hommes et les femmes, pendant l’acte sexuel.

En 2017, François Perea, expert des sciences du langage, écrit . L’ouvrage s’oriente sur les techniques du langage pendant les relations sexuelles. Il collecte plusieurs enregistrements audio, qu’il met en relation avec sa maîtrise de la discipline linguistique. Ce qui lui permet d’établir une « linguistique du lit », en catégorisant les diverses formes d’expressions rencontrées pendant un rapport sexuel :

• Le silence
• Le discours élaboré
• Les manifestation vocales : respiration forte, expirations vocalisées (« oooh !« , « aaah ! » prolongés), gémissements faibles, cris, hurlements peu articulés, etc.
• Les manifestations verbales : ces unités de langage sont identifiées pendant l’acte pour diriger l’action, la commenter, exprimer ou intensifier un ressenti. Dans cette catégorie, les jurons et/insultes, sont communs parce que fréquemment présents dans la pornographies. Ils permettent également d’exacerber le fantasme au moment de l’acte et dans la relation.

Le sexe sonore : un héritage du porno ?

Dans un article pour , Carmina, actrice et réalisatrice de films pornographiques, prend la parole : « L’orgasme masculin est assez simple à montrer à l’écran : l’éjaculation d’un pénis sur le visage, les fesses, dans le vagin… On part du principe que cela correspond à un orgasme. Mais la question c’est comment montrer le plaisir féminin ? Dans le porno mainstream, à part dans une scène de squirt (ou « éjaculation féminine), cela passe par le vocal : les cris de plaisir, c’est le moyen le plus simple ».

Le docteur Pierre Desvaux offre une tout autre explication quant au fait que les femmes soient les seules à s’égosiller en plein ébat. En se basant sur les dires de ces patients, il avance l’idée que de manière générale : « les hommes sont plus des grands muets traditionnellement ».

Deux se sont interrogés sur ce phénomène sonore propre à l’acte sexuel. Le panel de 71 femmes, hétérosexuelles et actives, a permis de mettre en lumière les motivations de ces dernières à pousser la chansonnette.

Sur cet échantillon, 66 % des femmes interrogées admettent scander leur plaisir pour accélérer la jouissance de leur partenaire. Et 92 % d’entre elles avouent donner de la voix pour rassurer monsieur, ou madame, sur ses performances de sex machine.

Alors influence du porno ou mécanisme propre aux bêtes sexuelles que nous sommes ?

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