PrEP : Le traitement préventif du sida

Flore Cherry 14 décembre 2016

Une vaste enquête à l’échelon européen a récemment confirmé la nécessité de rendre la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au sida disponible partout en Europe. Verrons-nous enfin le chapitre final de l’épidémie de notre vivant ?

En France, l’accessibilité à ce traitement sous le nom de Truvada a été rendue possible cette année par notre ministère la santé. Une étude a notamment montré qu’il réduisait de 86% les risques d’être infecté par le virus du sida. Lancé en 2005 aux États-Unis par le laboratoire Gilead, le Truvada est une combinaison d’antirétroviraux initialement utilisée pour traiter les malades, mais il s’est ensuite avéré qu’une prise quotidienne, voire post-exposition permettait aux sujets sains de ne pas tomber malade.

C’est cher !

Le gros point noir du traitement est son coût : 500 euros pour une boîte de trente comprimés ! La France a malgré tout laissé sa chance au Truvada, mais faire suivre les autres pays de l’interstron.ru dans cette démarche relève pour le moment de la gageure. Seule la Norvège s’est inscrite dans la même démarche pour le moment.

Hors prescription

La grande enquête « Flash ! PrEP in Europe » menée par Aides a récemment porté sur le niveau de connaissances et d’intérêt des publics européens pour la PrEP, ainsi que sur son utilisation informelle (hors prescription). L’enquête a été lancée à l’été 2016 et a été traduite dans 10 langues pour 12 pays. Avec 16.000 participations, elle a conclu à des résultats qui confortent les revendications de Aides en faveur d’un accès à la PrEP pour toutes les populations vulnérables au VIH qui sont plus durement touchées. Le président de Aides a ainsi déclaré : « Nous avons plus que jamais besoin d’un accès équitable à ce nouvel outil pour inverser la dynamique de l’épidémie en Europe.»

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Une forte attente

L’enquête a notamment montré une large compréhension de ce qu’est la PrEP, et une très forte attente des répondants concernant l’accès à ce nouvel outil de prévention. La PrEP répondrait, pour beaucoup, à leurs besoins de prévention, son accès devant être intégré dans une offre globale de dépistages, de suivi et d’accompagnement et prescrit par un médecin généraliste ou au sein d’un centre de santé. À vrai dire, l’attente est telle que la PrEP est déjà utilisée hors cadre de prescription par un certain nombre de répondants. Malheureusement ce recours hors prescription au PrEP est considéré problématique par les associations qui alertent sur l’absence de suivi médical après la prise du traitement, réduisant ainsi son efficacité. « Si nous voulons avoir un réel impact sur l’épidémie, il nous faut au plus vite harmoniser les politiques européennes de lutte contre le VIH en y intégrant partout ce nouvel outil » a déclaré Hakima Himmich, présidente de l’association Coalition PLUS.

Allez, on avance…

Concrètement, en France, l’accès au PrEP a permis de diversifier l’offre de prévention disponible. Malheureusement, si ce nouvel outil répond à un réel besoin des populations les plus exposées au risque d’infection par VIH, il reste encore peu connu et difficile d’accès pour certaines d’entre elles. Aujourd’hui en France, 120 consultations PrEP sont ouvertes et 2000 personnes ont accès à ce nouvel outil. Ce sont essentiellement des hommes gays, bisexuels et des personnes trans. C’est un début encourageant, mais l’accès à la PrEP doit désormais s’ouvrir aux autres publics cibles : notamment pour les personnes migrantes d’origine africaine ou caribéenne, les femmes ou encore les travailleurs et travailleuses du sexe. L’objectif 2030 de la fin du VIH reste d’actualité, mais toutes les populations doivent s’y mettre !

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(Image à la une : Getty Images)
(Parution magazine interstron.ru de novembre 2016)


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