Bientôt des cours d’éducation sexuelle en Tunisie
3 février 2020La Tunisie garde son image de pays progressiste dans le monde arabe-musulman. Elle est la première à mettre en place un programme d’éducation sexuelle.
La Tunisie marquait déjà son intérêt pour la condition féminine lors de la proclamation du Code du statut personnel en 1956 : interdiction de la polygamie, droit au divorce, reconnaissance à l’adoption. La même année, les femmes obtiennent également le droit de vote, suivi quelques années plus tard par la légalisation de l’avortement en 1973.
Le progressisme dont fait preuve la Tunisie se remarque encore aujourd’hui : dès ce mois de janvier, des cours d’éducation sexuelle seront dispensés à l’école à partir de 5 ans.
Des cours d’éducation sexuelle principalement pour lutter contre la pédocriminalité
Deux ans auparavant, la députée du parti islamiste Ennahda, Yamina Zoghlami, revendiquait l’importance d’une sensibilisation à la sexualité : « Il faut ancrer la culture sexuelle auprès des enfants. Cessons de parler de halal [permis] et de haram [interdit]. Apprenons-leur à se familiariser avec leur corps. »
Ce n’est qu’après l’éclatement des actes pédophiles d’un instituteur sur 30 élèves que le gouvernement Tunisien réagit. Désormais, le programme scolaire intégrera l’éducation sexuelle. La volonté principale de ces cours est d’apporter une meilleure compréhension du corps et de la notion d’intimité dès l’âge de 5 ans. D’une certaine façon, cette sensibilisation va « permettre à l’enfant d’identifier des actes malveillants » exprime la chargée de mission auprès du ministère, Elham Barboura.
Un manque de connaissance sexuelle chez les jeunes
La sexualité reste très taboue dans le monde arabo-musulman. Conséquence ? Les jeunes de 15 à 24 ans sont noyés dans une méconnaissance sur la sexualité, la santé sexuelle et la reproduction. D’après les révélations de l’équipe Tawhida Ben Cheikh, 26,4% des jeunes ne savent pas ce qu’est une infection sexuellement transmissible. Et malgré la mise en place d’ateliers informatifs en 1990 pour éduquer et sensibiliser.
Avec les cours d’éducation sexuelle, les jeunes de 8-12 ans et 12-15 ans seront informé.e.s aux effets de la puberté et aux changements corporels.
Une éducation sexuelle qui s’accommode à la culture islamique
Cette mesure, qui peut ébranler la sensibilité des milieux conservateurs, prévoit de ne pas faire de l’éducation sexuelle une matière à part entière : elle sera intégrée à des cours tels que les sciences naturelles.
Arzak Khnich, directrice de l’Association tunisienne de la santé de la reproduction à la radio locale Mosaïque FM, rassure la population tunisienne : les cours sont « adaptés à la culture islamique ». L’éducation sexuelle exclue d’office les pratiques sexuelles, la contraception et la notion de consentement.
(Photo à la une : Getty Images)
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