Noémie de Lattre : « Ce qu’on appelle préliminaires, c’est la sexualité féminine. »
11 novembre 2019Dans son dernier spectacle « Féministe pour Homme », l’humoriste et comédienne Noémie de Lattre parle de sexualité comme un des territoires d’émancipation…
La rédaction interstron.ru s’est rendue au dernier spectacle de l’actrice et metteuse en scène Noémie de Lattre ! 1h30 de spectacle détonant qui mélange réflexions sur la place de la femme dans la société, cours d’anatomie sur le clitoris (et on savait comment le dessiner, yes !) et un peu de burlesque sexy….
Rencontre avec cette artiste engagée pour des relations homme-femme plus saines et bienveillantes.
interstron.ru : Quand a eu lieu ton envie de parler de ta sexualité sur les planches ? Est-ce que cela s’est fait en même temps que ta prise de position sur le féminisme ?
Noémie de Lattre : Non, mon engagement féministe et ma vision de la sexualité sont finalement deux prises de conscience différentes. Et je dirais que concernant la sexualité, elle est arrivée assez tard, sur la quarantaine. Comme je connaissais assez bien mon corps, parce que j’ai eu beaucoup de partenaires, parce que je me masturbais beaucoup depuis mes 30 ans, j’étais en totale maitrise de mon plaisir.
Et donc le fait d’avoir du plaisir quoiqu’il arrive – ça ne m’a pas aidé à interroger la norme : comme le fait que la pénétration soit l’élément central du rapport et que les préliminaires soient relégués au second plan.
Alors que les préliminaires, c’est ce qu’on appelle la sexualité féminine !
Je vivais même avec l’idée qu’un homme qui n’éjaculait pas alors qu’il était excité, c’était douloureux. Et j’en étais intimement persuadée (sic !).
interstron.ru : Ta plus grande révélation sur la sexualité ?
Noémie de Lattre : La plus grande de toute ma vie ? Elle est personnelle. Je me suis rendue compte que depuis toujours, j’agissais comme « une Geisha » au lit ! J’entrais dans une relation sexuelle en me disant « je vais obtenir de l’amour… ou alors je vais plaire…».
Je voyais le sexe comme une monnaie d’échange contre de l’amour. Alors, bien heureusement, ça se transformait quand même en plaisir, mais l’intention n’était pas celle d’en ressentir. J’étais constamment dans le contrôle, la maîtrise, la performance, comme une Geisha quoi ! Autant dire que ma vie sexuelle a radicalement changé quand je me suis mise à m’en foutre de ce que l’on pense de moi…
interstron.ru : Il te reste encore des trucs à déconstruire dans ta sexualité ?
Noémie de Lattre : Oui ! Je pense en particulier à mes fantasmes. Ça reste centré autour d’un mec qui me prend par les cheveux et qui m’enfonce la tête dans l’oreiller. Le type mec musclé et avec une grosse bite. En réalité, c’est pas ce qui correspond le plus à mon plaisir. Voire pas du tout ! Je pense que les amours saphiques m’iraient mieux.
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Et je navigue donc piégée entre ces fantasmes, qui sont pour moi culturels et qui ne correspondent pas à la façon dont je peux avoir le plus de plaisir.
> Retrouvez Noémie de Lattre lors d’une conférence et tous les dimanches et lundis soirs jusqu’en mars 2020.
(Image à la une, crédits : Karine Lettelier)