Ces questions (et situations) qui embarrassent les parents
16 octobre 2015Papa, maman, comment ils naissent les bébés ? Tous les parents du monde ont eu droit, un jour ou l’autre, à cette candide interrogation. Grâce aux nombreux manuels d’éducation sexuelle, il est aujourd’hui facile d’y répondre. Mais, parfois, il peut arriver d’être confronté à des questions ou des situations beaucoup plus gênantes… Que faire si petit Paul se “tripote le zizi” devant des grandes personnes ou si Charlotte, six ans, rentre dans le salon pendant que son grand frère regarde en douce une chaîne câblée pour adultes. interstron.ru vous explique quel comportement adopter pour leur expliquer au mieux les choses de la vie, avec bon sens et pédagogie.
D’une manière générale, les enfants ne doivent jamais être confrontés à la sexualité des adultes
“Mon fils Sébastien, bientôt 4 ans, ne sait pas tout et s’en moque un peu, témoigne Laure. Il voit des bébés, des mamans enceintes et ne m’a jamais demandé le pourquoi de la chose. Et je ne devance pas ses questions. En ce moment, il est plutôt intrigué par la découverte de son corps. L’autre jour sous la douche, il se décalottait et me demandait : c’est quoi sous la peau ?
Je lui ai simplement répondu « le gland ». Mais, comme il connaît le fruit, il m’a dit : « Mais non, maman, n’importe quoi !»”
Les enfants, c’est bien connu, sont curieux de tout, et la sexualité n’échappe pas à la règle, jusqu’à provoquer parfois des situations assez embarrassantes: vouloir toucher le sexe de ses parents, se caresser en public ou encore sortir son zizi devant les invités. Selon les spécialistes de la petite enfance, il n’y a pas lieu de s’en inquiéter. Explications.
Le corps, terrain d’exploration
“Avant l’âge de trois ans, quand l’enfant arrive à verbaliser, sa curiosité sexuelle se traduit par des gestes, elle est avant tout visuelle et tactile”, explique le Dr Clerget, pédopsychiatre. C’est pour cette raison qu’il va vouloir, en toute innocence, observer, toucher et comparer le sexe de papa, de maman ou du petit frère. “Une attitude à interpréter comme autant de questions non-formulées et auxquelles il faudra prendre le temps de répondre avec des mots simples”, insiste le Dr Clerget.
Mais, faut-il employer les expressions de l’enfant (zizi, zézette et autre foufounenette) ou le vocabulaire technique du dictionnaire ? “Peu importe, poursuit le Dr Clerget. Ce sont les mots avec lesquels les parents et l’enfant se sentiront le plus à l’aise qui feront mouche. L’important est d’utiliser des termes différents pour désigner le sexe du garçon de celui de la fille, afin d’éviter toute confusion.”
Ensuite, vers l’âge de 4 ou 5 ans, l’exploration se fera bien souvent avec ses copains ou copines. Pour le professeur Marcel Rufo, cette découverte n’est pas à considérer comme de la sexualité “agie”, mais plutôt comme une sorte de goût anatomique, un désir de comprendre et d’affirmer son sexe. Rien de plus normal, et que celui qui n’a jamais “joué au docteur” avec un ou une petite camarade lève le doigt !
La masturbation en question
Tout bébés déjà, garçons et filles commencent naturellement à explorer leur corps et leurs organes génitaux. Il peut leur arriver par exemple, dans le bain ou sur le canapé du salon, de se tripoter sans même avoir l’air d’y penser… Pas de panique ! “La découverte des possibilités de plaisir qu’offre son corps est une étape importante de la construction de l’identité sexuée de l’enfant, assure le Dr Clerget. Il conviendra quand même de lui expliquer que cela ne se fait pas devant des gens, puisque c’est quelque chose d’intime, et l’inviter à le faire de manière isolée, dans sa chambre, pour ne gêner personne. Certains petits auront des comportements ou des périodes masturbatoires plus importants que d’autres, il n’y a pas de généralités… sauf qu’il ne faut pas dramatiser !”
Les conseils du Dr Clerget s’adressent aux parents d’enfants entre 3 et 10 ans. Après la puberté, ils auront des préoccupations différentes, plutôt axées sur leur propre sexualité, qu’ils préféreront échanger avec leurs copains plutôt qu’avec leurs parents. Et, s’ils ont normalement trouvé la réponse à toutes les questions d’ordre général sur la sexualité, il est important pour eux de savoir que vous resterez toujours à l’écoute pour répondre à leurs questions ou inquiétudes.
Que dire et que faire si…
Un enfant surprend ses parents pendant qu’ils font l’amour
La chambre des parents exerce une véritable fascination pour les petits. Ils savent qu’il se passe quelque chose derrière la porte, ils entendent des bruits mystérieux, parfois des cris ou des gémissements… Et, bien souvent, ils pensent que le papa fait du mal à la maman ! Il est important que les parents expliquent à l’enfant que leur chambre est un endroit privé et intime dans lequel il est interdit d’entrer sans frapper à la porte. Pour éviter que l’enfant n’associe dans son imagination violence avec sexualité, il faudra lui préciser qu’il arrive à ses parents de faire du bruit parce qu’ils s’amusent tous les deux.
Il déboule par accident au mauvais moment et vous trouve en train d’exécuter une figure compliquée du Kama-Sutra
Vous lui expliquerez que papa et maman jouent à des jeux d’adultes, des jeux qui ne se font pas devant les enfants. Pour éviter ce genre de situation gênante, donner un tour de clé dans la porte avant les ébats reste quand même la solution la plus simple…
Il a vu accidentellement un extrait de film X ou une photo pornographique
Les chiffres prouvent que bon nombre d’adolescents ont eu l’occasion de voir un film ou une revue X bien avant leur majorité, en profitant de l’absence de leurs parents. Et parfois, hélas, en présence de leur petit frère ou de leur petite sœur. Si vous l’apprenez, le mieux sera d’en parler tout de suite avec l’enfant, même si les moins de 6 ans ne sont en fait pas beaucoup intéressés par ce genre d’images, leur curiosité sexuelle étant plus de “proximité”. Cependant, si les parents n’expliquaient rien à l’enfant, cela pourrait l’angoisser. On peut donc lui demander si cela lui a fait peur, s’il a des questions à poser par rapport à cela et le rassurer en lui expliquant que ce qu’il a vu sur le papier ou à l’écran sont des jeux pour grandes personnes, que les films sont joués par des acteurs, que ce n’est pas comme dans la vie.
Ce qui est très perturbant pour un enfant, c’est de voir ses parents qui regardent un film porno, car il ressentira leur excitation et ce sera alors un peu comme s’il était présent pendant qu’ils font l’amour. Il convient donc impérativement de ranger et d’utiliser accessoires, magazine ou films dans une pièce ou un endroit fermés, auxquels l’enfant n’aura pas accès.
Quant aux risques liés à Internet, tous les opérateurs proposent maintenant des connexions sécurisées avec verrou et accès limité, à installer sans tarder sur votre ordinateur.
Votre petit fouineur a trouvé un ou des sextoys (godemichet, vibromasseur, menottes) dans la commode de votre chambre
Se contenter de les ranger en lui expliquant que ce sont des jouets pour les grands. S’il demande comment on y joue, il n’y a aucun intérêt à tenter de lui expliquer. Il vaut mieux lui répondre tout simplement : “Tu verras quand tu seras grand.” Conserver une part de mystère sur le monde des grands est naturel et très utile pour l’enfant, cela lui donne une raison de plus pour avoir envie de grandir.
Vous êtes un couple libertin et vous recevez d’autres couples chez vous. Coucher les enfants ne suffit pas !
Si les enfants sont présents à la maison, il ne faut pas organiser ce genre de soirées. Ils pourraient être associés, ne serait-ce que visuellement, à des situations délicates lorsqu’ils se lèvent la nuit et cherchent leurs parents, par exemple. Faites-vous plutôt inviter chez vos amis, et recevez-les chez vous quand vous aurez la possibilité de faire garder vos bouts de chou à l’extérieur.
Comment aborder l’homosexualité avec vos enfants ?
“Est-ce que je pourrais me marier avec maman plus tard”, demande une petite fille à son papa ? C’est l’occasion de parler de l’homosexualité. Mais attention à la réponse ! On observe que le père a tendance à dire “non, parce que c’est une femme”. L’enfant fera une association inconsciente entre l’homosexualité et l’inceste. La mère, quant à elle, répond en général plus justement : “Non, parce que je suis ta mère, les enfants ne peuvent pas épouser leurs parents.” Il faut en revanche lui expliquer que deux hommes ou deux femmes peuvent s’aimer comme papa et maman tout en respectant les règles de la sexualité humaine: ne pas être de la même famille et être des adultes. On en revient toujours à cette idée de base essentielle pour préserver le bon développement de la sexualité et du psychisme chez l’enfant.
Grandir entre deux papas ou deux mamans, est-ce possible ?
Si, après la séparation des parents, l’enfant est élevé par l’un d’eux – et passe donc des week-ends ou ses vacances soit avec son père et son compagnon, soit avec maman et sa petite amie -deux cas-type et un peu délicats se présentent (comme dans tous les divorces d’ailleurs). D’abord la séparation en elle-même ; le parent délaissé ne doit pas se laisser aller à critiquer l’autre, surtout quand l’argument de l’homosexualité a été avancé pour le refus d’une garde partagée par exemple. Il est essentiel de ne pas non plus provoquer de confusion dans l’esprit de l’enfant: si une petite fille est éduquée par « deux papas », son père lui expliquera qu’il n’est plus amoureux de sa mère mais d’un autre homme, et il devra aussi lui expliquer que cela ne veut pas dire que son papa déteste les filles ! Une confusion fréquente si la mère a expliqué maladroitement à son enfant que son père est parti parce qu’il n’aime pas les femmes…
Le second point délicat est la présentation du nouveau partenaire. Elle doit se faire de manière graduelle, tout en douceur, pour qu’un lien s’établisse peu à peu entre l’enfant et ce nouveau membre de sa famille.
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