Confidences d’un sexologue (1/3)
26 mai 2015Quels sont les secrets du couple heureux ? Le polyamour existe-t-il vraiment ? Le point G est-il juste une mode ? Autant de questions que nous avons posées au célèbre amourologue, Gérard Leleu. Entretien fleuve en trois épisodes [1/3].
Attention, tour de magie noire… Cet ouvrage autobiographique porte la signature du docteur Gérard Leleu, mais ce n’est pas « son » livre. Il nous a même avoué qu’il le reniait. L’explication, très classique, est la suivante. À la suite d’une longue discussion avec l’éditeur, il a enfin lâché les rênes et accepté que paraisse malgré les remaniements substantiels qu’on lui avait imposés. Comble du sort, il est publié le même jour que son autre livre : , chez Flammarion. « C’est une catastrophe » selon l’auteur.
Pourtant, ces « Confidences » recèlent une qualité indéniable. L’écriture est de très bonne tenue, les passages les plus intimes ne s’autorisent aucune complaisance et on prend vite goût au parcours étonnant de « l’amourologue », tel qu’il se décrit lui-même. Le petit plus, ce sont les emblématiques tranches de consultations en sexologie distillées au cours du récit, qui nous fournissent en prime de petites astuces sexuelles (comment retenir son éjaculation par exemple, à retrouver dans notre numéro de juillet). Pour Gérard Leleu en revanche, ce ne sont pas des petits plus, mais des gros moins.
Mon autobiographie comptait 450 pages. Eux, ils voulaient un truc croustillant en sexologie. Au bout de trois ans, j’ai cédé.
De fait, à la lecture du livre, on sent bien qu’il manque des pièces au puzzle. On saute allégrement de l’enfance agitée sous les bombes, à l’engagement dans la guerre d’Algérie, jusqu’à l’annonce d’un cancer de la prostate en passant par des anecdotes amoureuses très intimes et riches en questionnements intérieurs.
Le seul fil rouge auquel on puisse vraiment s’accrocher dans ses montagnes russes existentielles, c’est l’éternelle admiration de l’auteur pour « La Femme ». Dès son enfance, puis lors de ses premières consultations en sexologie (après une carrière d’anesthésiste réanimateur), on sent que Gérard Leleu s’affirme comme un être humain à part entière qui puise dans son propre ressenti d’homme sensible les forces nécessaires à une pratique humaniste de la médecine. On voudrait seulement avoir le tableau complet afin de mieux saisir la profondeur de son propos, mais à cause de ce montage éditorial à la tronçonneuse, le voile ne se lève jamais entièrement. La fulgurance du récit historique est incessamment interrompue par les tranches de consultation qui recèlent elles-mêmes une certaine force, d’où une petite frustration. L’impression finale est celle de deux ouvrages qui se seraient chevauchés après qu’une tempête quantique aurait mis l’espace-temps sens dessus dessous. Bref, afin de remettre les pendules à l’heure, le plus simple était encore d’interviewer le principal intéressé.