Interview : Janesvky auteur de la bande dessinée Erotique Lilith
20 novembre 2024Lilith s’inscrit dans l’univers érotique et futuriste de Janevsky. Cette bande dessinée érotique est réservée à un public averti et adulte.
Lilith raconte l’histoire de la professeure Sixella, experte en biologie alien, envoyée sur la planète Eden 347 pour y étudier une « reine », créature tentaculaire aux mystérieuses capacités. Accompagnée d’Iris, un robot habituellement dévolu au service sexuel, Sixella noue rapidement un lien privilégié avec la reine. Un monde de rêve et de sensualité s’ouvre alors à elle. Mais la société agricole qui emploie Sixella a d’autres projets pour Eden 347…
Blandice : Bonjour Janevsky. Très intéressante représentation de la figure de « Lilith » dans votre BD. Cette créature aux innombrables tentacules n’est jamais visible entièrement, elle semble coincée au milieu de tunnels. Pourquoi l’avoir représentée de cette façon ?
Janevsky : Une des façons de représenter une figure absolument gigantesque, c’est aussi de la représenter par morceau. Dans la bande dessinée, on ne voit que ses tentacules ou son œil, mais le lecteur manque de vision d’ensemble. Il se met alors à la place de l’héroïne, et comprend que cette créature lui est difficilement accessible. Cela ajoute au mystère, on a plus de mal à la saisir, à la comprendre.
Blandice : Lilith est une sorte de « reine des abeilles », elle est mise en esclavage par les humains pour produire des bébés et de la viande. Pourquoi les humains ont-ils choisi de faire référence au mythe Lilith ?
Janevsky : C’est en effet un nom qui lui a été donné par les humains, en référence au mythe judéo-chrétien. Cela rappelle que le monde dans lequel Sixella (l’héroïne) évolue, c’est un futur dans le prolongement du nôtre. Nous avons la même histoire commune. Lilith renvoie aussi à l’image du serpent, et c’est ce que j’ai essayé de travailler avec toutes les tentacules. Il y a aussi la notion de « sexe–plaisir ». Elle fait l’amour avec Sixella mais ce n’est pas pour de la reproduction, c’est juste pour assouvir une pulsion, une envie. Comme dans le serpent du jardin d’Eden.
Blandice : Il y a aussi la figure d’une femme qui lutte pour s’extraire de son exploitation par l’homme, de ne pas être une simple « reproductrice ».
Janevsky : Oui, évidemment, Lilith cherche à s’émanciper et à se libérer. Finalement, sa sexualité n’est pas simplement là pour être productive, elle peut aussi servir à créer des sentiments forts, notamment avec Sixella.
Blandice : Dans votre bande-dessinée, il y a une surreprésentation du sexe lesbien. Pourquoi choisir cette sexualité ? Est-ce militant ?
Janevsky : Cela correspond avant tout à un choix personnel. Je suis beaucoup plus attiré par le corps de femme et plus révulsé par le corps de l’homme. D’ailleurs, je ne dessine que des hommes-robots, ce qui est plus simple. Il y a peut-être un regard hétérosexuel sur les scènes de sexe lesbien, j’en conviens, mais je pense que cela correspond à une vision assez esthétique de la sensualité entre deux femmes.
Blandice : Et lorsque l’on rentre dans la « technique » des sexes érotiques, les tentacules et les câbles font penser que les personnes se « connectent » entre elles…
Janevsky : C’est vrai que j’aime beaucoup travailler les sexes, les mains, la sensualité à travers des câbles et des tentacules. C’est plus parce que j’aime travailler cet univers graphique, mais maintenant que j’y pense, il y a peut-être une façon de représenter l’invisible, la connexion entre les âmes.
Blandice : Quelles sont vos principales inspirations artistiques ?
Janevsky : Mon influence tient beaucoup du dessinateur de bande-dessinées de science-fiction Mœbius ou de l’univers de Hans Ruedi Giger (le plasticien d’Alien). Ces tentacules n’étaient donc pas influencés directement par le hentaï. Quand j’ai commencé à lire des mangas, j’ai plutôt puisé ma créativité du côté de « Ghost in the Shell », un univers « techno futuriste ». Évidemment on y trouve aussi de l’inspiration de la culture tentaculaire et des estampes japonaises.
Source :
A lire aussi :
Le billet de banque le plus sulfureux de la planète