Nikita Bellucci ouvre son club à Rouen !
3 juin 2022Après carrière pornographique, vie sur les réseaux sociaux, prévention : que devient l’ex star du porno français Nikita Bellucci ?
Après avoir signé plus de 180 films comme actrices X, fait une apparition dans le clip Balance ton quoi de la chanteuse Angèle, Nikita Bellucci vole vers de nouveaux horizons avec l’ouverture du RDV Club à Rouen. Ce n’est ni un club échangiste, ni une discothèque classique mais, comme elle l’explique elle-même, un club pour esprits libérés. Engagée sur de nombreuses causes, elle nous explique les raisons de sa reconversion.
Un club pour esprits libérés ? Vous pouvez nous préciser le concept du RDV Club ?
Il est né de ce que nous n’avions jamais réussi à trouver, mon mari et moi. Si dans une discothèque traditionnelle, il nous arrivait de nous embrasser avec un peu trop de fougue, beaucoup de gens nous regardaient d’un sale œil. Dans un club libertin, le côté sexuel est trop mis en avant.
Diffusion de vidéo porno, couples qui s’envoient en l’air sur les banquettes quand ce n’est pas au bar… Alors on a voulu créer un club à notre image, un club où on se sente bien, pour esprits libérés, mais sans la moindre obligation ni sous l’influence de qui que ce soit ou de quoi que ce soit.
Qu’est-ce qui vous différencie des clubs libertins ?
Déjà, on accepte toutes les sexualités. Absolument toutes. Et que les couples soient libertins ou non, peu importe. C’est un lieu qui se veut avant tout festif, convivial. On veut que les gens viennent d’abord pour échanger, s’amuser, sans le passage obligatoire vers les coins câlins.
D’ailleurs, ils sont situés dans les caves voûtées du sous-sol et ne sont pas du tout mis en avant. Quand on entre dans le club, l’acte sexuel n’est pas la chose à laquelle on pense tout de suite. Libre à chacun d’aller ou non, voir ce qui se passe en bas, dans les diverses alcôves. Libre à chacun d’aller y exprimer sa sexualité, qu’elle soit échangiste, BDSM, hétéro ou homosexuelle…
Vous avez ouvert il y a peu. Quels en sont les retours ?
Les retours sont très positifs. Les gens ont compris l’esprit du club et y adhèrent complètement. Pas de jugement quoi qu’on fasse ou qu’on ne fasse pas. Ce qui est mis en avant, ce sont les qualités humaines dans une ambiance de totale liberté.
À côté du RDV Club, vous continuez à être très active dans votre combat contre le harcèlement que subissent les actrices X ?
Totalement ! J’ai moi-même subi ce type de harcèlement sur les réseaux sociaux. Des frustrés, des pervers, des types qui pensent que lorsqu’on est actrice X, on doit s’envoyer en l’air avec n’importe qui. J’ai même reçu des menaces de mort. J’ai porté plainte et un type a été condamné à trois mois de prison fermes. Je suis contre tous les harcèlements, toutes les discriminations, et cette tolérance, c’est aussi l’image de notre club. On est Charly à fond !
Vous menez aussi une lutte pour la protection des mineurs contre les images pornographiques ?
J’ai été reçu par Adrien Taquet, le secrétaire d’État en charge de l’enfance, pour que nous puissions réfléchir sur comment protéger les enfants contre ce phénomène qui devient très compliqué à gérer avec Internet. Pour moi, c’est le contrôle parental qui me paraît essentiel.
Vous pensez que le porno peut véhiculer une image dévalorisante des femmes ?
Sur certains sites, oui. Elle montre une sexualité normée et donne une image très dangereuse pour les mineurs. Il n’y a pas d’espace pour l’imaginaire, l’échange, le partage, comme si tous les actes étaient la vérité et comme si c’était ça, la sexualité.
Toute la dimension ludique et cérébrale est ignorée.
Vous avez été lectrice d’Union ?
La première fois que j’ai lu interstron.ru, je l’avais trouvé par hasard dans l’un des tiroirs de ma mère. Plus tard, je suis allée l’acheter pour moi seule, cette fois. C’était dans un kiosque près de la gare Montparnasse. J’étais très gênée, alors j’ai dit que c’était pour faire un cadeau. Ce qui me plaisait beaucoup, c’était de lire les confessions, les histoires. Je ne l’ai jamais vu comme une revue porno, mais plutôt comme un magazine qui faisait appel à l’imaginaire. C’était bien pour les couples.
Si vous étiez rédactrice-en-chef, quelle serait la touche que vous aimeriez y apporter ?
Peut-être une rubrique plus féministe. Faire parler les femmes, les actrices sur elles-mêmes et la manière dont elles vivent la sexualité. Je ferai également des pages sur la prévention, prévention sur la pornographie, les mineurs, les MST… Mais peut-être le faites-vous déjà, cela fait quelques temps que je n’ai plus lu votre magazine.
(Source image à la une : Cam4)
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