Tampons hygiéniques… la composition enfin affichée ?
8 mars 2017Tampax va enfin faire apparaître la composition de ses tampons sur les boîtes… C’est du moins ce qui est annoncé, mais les consommatrices restent sceptiques.
Nous vous en parlions en 2015 : la modèle américaine Lauren Wasser, survivante d’un choc toxique induit par un tampon hygiénique, avait choisi de parler de son expérience et de montrer les résultats désastreux de ce scandale sanitaire. Résultat : une série de photos où elle s’affichait aussi belle que tragique, juchée sur la prothèse qui remplaçait dorénavant sa jambe droite.
Les clichés ont fait le tour du monde et son regard cristallin, presque accusateur a transpercé le cœur de bien des lectrices de magazines, élevant tout à coup le niveau des consciences sur les « protections » hygiéniques… et plus particulièrement sur leur composition qui peut s’avérer dangereuse.
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Victoire ? On verra !
Mais cette fois, il semblerait que ce soit une victoire que nous ayons à célébrer. La marque Tampax qui appartient au groupe Procter & Gamble a décidé sous la pression de ses consommatrices de révéler la composition de ses tampons et de la faire figurer sur ses produits. Le virage s’est amorcé il y a déjà quelques années et la coupe menstruelle est déjà l’option choisie par de nombreuses femmes en France et à l’étranger. Tout à fait dans l’air du temps, Mélanie Doerflinger, une cliente francilienne a mis sur pied . En un peu plus d’une année, elle a récolté pas moins de 259 000 signatures, un signal fort adressé aux fabricants.
Après un premier geste en avril dernier qui consistait à révéler une partie de la composition des tampons sur la notice interne des produits, Tampax promet cette fois de faire figurer l’information sur les boîtes… Une nouvelle qui ravit les signataires de la pétition, mais qui suscite déjà des soupçons du côté des consommatrices. En effet, la marque avait déjà mis en ligne une page de type questions/réponses assez floue et qui évitait soigneusement certains sujets de discorde…
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Alors, Roundup ou pas ?
Sur ce site maison, Tampax assure à ses acheteuses que leurs tampons lavent plus blanc que blanc et respectent la réglementation en vigueur… Le tout en tournant largement autour du pot et en ne répondant pas à l’inquiétude principale des consommatrices : est-ce que je mets du glyphosate (c’est-à-dire le désherbant notamment commercialisé sous la marque Roundup) dans mon vagin 5 jours par mois, depuis toutes ces années ? Il en va de même pour le chlore utilisé afin de traiter les différents produits du tampon pour les blanchir : les quantités auraient été réduites ces dernières années, mais cet écueil a-t-il totalement disparu ? Et surtout quels sont les risques associés à ces produits ?
Risques supposés…
Là encore, on est dans le flou, certaines associations évoquent le cancer du col de l’utérus, d’autres l’endométriose… Il s’agit parfois de maladies qu’on ne comprend pas encore très bien et qui sont finalement trop peu étudiées par rapport aux dégâts qu’elles infligent, on en connaît donc mal l’origine. En revanche, pour ce qui est du choc toxique, le risque est directement associé à ces produits et il est même assumé par les fabricants qui mettent les utilisatrices en garde dans leurs notices.
Cette nouvelle défiance de la part des consommateurs et consommatrices des produits de la vie courante a d’ailleurs très bien été captée par la vie politique et ce n’est pas un hasard si le candidat socialiste à l’élection présidentielle française Benoît Hamon a annoncé très tôt dans sa campagne qu’il allait appeler à une transparence accrue des industries et plus particulièrement sur la question des perturbateurs endocriniens, ce fléau encore trop méconnu et bien peu pris en charge par nos responsables politiques.
(Image à la une : Getty Images/ Richard Levine)