Les règles, un tabou ancestral ?

Flore Cherry 16 avril 2015

« J’ai mes ragnagnas », « Les Anglais débarquent », « Le cadeau de mère nature », les périphrases ne tarissent pas quand il s’agit de mentionner « cette » période du mois. Entre les petits tampons à cacher dans la pochette discrète du sac à main et les culottes blanches en dentelle à éviter, nous les femmes, ne manquons pas d’imagination pour dissimuler « ces règles que vous ne sauriez voir ».
Quand les règles deviennent un sujet sensible, c’est qu’il est peut-être temps d’en parler, non ?

les regles un tabou ancestral

Pourquoi ça fait du bruit en ce moment ?

, une jeune femme de 22 ans a récemment fait « couler » beaucoup d’encre sur son cas. Après avoir posté , les modérateurs de ce réseau social se sont empressés de bannir l’image qu’ils jugeaient à l’encontre des  « principes de la communauté ».  La jeune femme a immédiatement fait face à cette censure qu’elle considérait comme « tout sauf acceptable« . Après un buzz d’une ampleur internationale, Instagram s’est rapidement excusé de sa bavure et a autorisé la photo à naviguer librement sur son site.

Rupi Kaur – Instagram

Tout est bien qui finit bien, alors ? Oui et non ! Si Instagram a changé son fusil d’épaule, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour changer les esprits…

De la menstruation à la monstruosité: les belles histoires qu’on nous raconte à travers les siècles

 La religion judéo-chrétienne, celle qui a bercé notre culture occidentale, s’était déjà fait une opinion très tranchée sur cet écoulement sanguin : mieux valait l’éviter. Extrait du Lévitique (le troisième livre de la Torah) « Lorsqu’une femme éprouvera le flux, c’est-à-dire le sang qui s’écoule de son corps, elle restera sept jours dans son isolement, et quiconque la touchera sera impur jusqu’au soir. Tout meuble sur lequel elle aura couché pendant son impureté sera impur et tout objet sur lequel elle se sera assise sera impur. Quiconque touchera son lit lavera ses vêtements, se baignera et sera impur jusqu’au soir. »

Les premiers penseurs romains attribuaient eux aussi des « pouvoirs magiques » à la femme en période de règles. Selon l’écrivain Pline l’Ancien « Aux approches d’une femme dans cet état, les liqueurs s’aigrissent, les grains qu’elle touche perdent leur fécondité, les essaims d’abeilles meurent, le cuivre et le fer rouillent sur-le-champ et prennent une odeur repoussante […] ».

Si ces légendes pré-moyenageuses peuvent faire sourire, les idées reçues subsistent toujours jusqu’au milieu du XXème siècle. En 1946, M. Delawayde, procureur général prononçait lors d’un discours en Belgique :

« Plus faible physiquement, la femme a […] un lourd handicap du fait des menstrues, de la grossesse et de la ménopause. […] Les psychologues notent que, pendant ces époques, la femme est encore plus impressionnable, plus susceptible, moins maîtresse d’elle-même, plus soumise à des excès de […] dépressions pouvant aller jusqu’aux troubles mentaux. ».

Comme quoi, en deux millénaires, les préjugés changent, mais les préjugés restent…

Un phénomène avant tout mal compris

 Pour , sexothérapeute et fondatrice de , ces légendes ressemblent comme « deux gouttes d’eau » (sans mauvais jeu de mot) aux croyances de son fils de 17 ans, angoissé par l’idée de faire l’amour à une femme qui a ses règles. « Il s’imaginait que le sang féminin pouvait lui faire mal, « rentrer » dans son sexe et le blesser. Quand je lui ai confirmé qu’il ne pouvait pas être contaminé, il a vraiment été soulagé. »

Notre sexologue nous donne son point de vue sur l’émergence de la mauvaise réputation du sang menstruel : « Les règles renvoient à l’accouchement, au don de la vie. C’est un phénomène qui a une connotation très bestiale que l’homme ne maîtrise pas complètement et qui peut lui faire peur. De plus, lorsqu’une femme saigne chaque mois, cela montre qu’elle n’a pas été fécondée et qu’elle est dans une période où elle ne peut pas tomber enceinte. Ca peut être vécu inconsciemment comme un échec.»

Quand on sait qu’aujourd’hui, la pilule permet  d’avoir un contrôle sur ses règles (voire même de les éviter pendant plusieurs mois), on peut aisément imaginer que cette forme de contraception aidera à changer les mentilatités. Et oui ! C’est toujours plus facile d’assumer des règles choisies et non plus subies.

Allez, on se quitte en vidéo avec Natoo pour une petite touche de fraicheur : les règles, mieux vaut en rire qu’en rougir !

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À propos de l’auteur
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Flore Cherry

Journaliste, blogueuse et organisatrice d'événements dans le milieu de l'érotisme, je suis une jeune fille cul-rieuse qui parle de sexe sans complexe (et avec une pincée d'humour, pour que ça glisse mieux !)

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