Qu’est ce que le flux instinctif libre ?
30 octobre 2024Le flux instinctif est une méthode qui se veut révolutionner la façon de vivre ses règles. Fini l’investissement dans des protections et retour au naturel !
Protections jetables, serviettes et tampons lavables, cups, culottes menstruelles… le marché de l’hygiène menstruelle innove sans cesse pour répondre aux attentes des consommatrices d’aujourd’hui. Et si la solution, c’était de ne rien porter du tout et d’écouter son corps ? Cette pratique porte un nom : le flux instinctif libre. Zoom sur cette méthode naturelle qui fait débat pour des questions d’hygiène.
Flux instinctif libre et Free bleeding
Le flux instinctif libre consiste à retenir corporellement le sang menstruel à l’intérieur du vagin avant de le rejeter directement dans les toilettes à un moment choisi. Connue sous le nom de free flow instinct, cette façon de vivre ses menstruations s’inspire du free bleeding, un mouvement féministe né aux États-Unis dans les années 1970, en réaction aux taxes imposées sur les produits d’hygiène féminine. Son objectif : lever les tabous autour des règles et promouvoir l’autonomisation des femmes. Les adeptes font le choix de laisser faire la nature sans investir dans des produits industriels. Le sang s’écoule librement et imprègne les vêtements. Pas vraiment pratique lors de sorties en public !
Le flux instinctif reprend cette technique tout en s’efforçant de maintenir un certain contrôle. L’exercice consiste à percevoir le moment idéal pour aller aux toilettes et évacuer les pertes menstruelles. Pratiquer le flux instinctif libre ne signifie pas contrôler son flux menstruel de manière à pouvoir l’arrêter ou le déclencher à volonté (non, ce n’est pas un robinet). Il s’agit plutôt de ressentir le cheminement interne du flux menstruel ou d’en percevoir les signaux physiques afin de déterminer le moment propice pour l’évacuer.
Le flux instinctif, dans la pratique
Le sang menstruel provient de l’utérus, plus précisément de sa muqueuse interne appelée endomètre. En fin de cycle, la couche superficielle de l’endomètre se détache et s’évacue par le vagin en déclenchant les menstruations. Grâce à l’utérus qui se contracte naturellement, les saignements sont expulsés vers le vagin. En moyenne, la quantité de sang perdue lors d’un cycle avoisine les 50 ml et s’élimine par l’intermittence des contractions de l’utérus.
Les adeptes du flux instinctif cherchent à identifier les signes associés aux contractions utérines comme les douleurs dans le bas-ventre ou le dos, les spasmes ou une pression sur la vessie. En percevant l’arrivée du flux menstruel vers la vulve, elles peuvent se préparer à l’évacuer. Si le moment n’est pas propice, les muscles du périnée entrent en jeu pour retenir ce flux pendant quelques minutes, voire quelques heures pour les plus aguerries ! A chaque phase d’écoulement ressenti, les adeptes du flux instinctif contractent volontairement le périnée pour retarder la progression des pertes.
L’extrémité supérieure du vagin forme un creux qui s’étend de part et d’autre du col de l’utérus. Appelées fornix du vagin ou culs-de-sac vaginaux, les cavités formées par ce creux sont capables d’accueillir quelques millilitres de liquide. Lorsque le périnée se contracte, le sang menstruel peut venir s’y loger temporairement. Lors de l’évacuation volontaire aux toilettes, les muscles du plancher pelvien sont relâchés complètement pour laisser se déverser le sang. L’apprentissage du flux instinctif libre nécessite de la patience et de l’entraînement. Il devient un automatisme au cours du temps et 4 à 5 cycles sont en moyenne nécessaires pour maîtriser la technique.
Avantages et inconvénients de la pratique
Sceptiques ? Beaucoup d’initiées le sont avant d’avoir essayé. Leur nombre est à ce jour méconnu mais nombre d’entre elles partagent leur expérience sur la toile dans des blogs, des vidéos TouTube ou des podcasts. Dans le blog Echos verts par exemple, Natasha témoigne de son expérimentation du flux instinctif libre et donne ses astuces. Pour ces initiées, les motivations et les bénéfices tirés de cette pratique sont souvent les mêmes. Le flux instinctif permet de se passer de tout type de protections hygiéniques aux composants nocifs pour l’organisme. C’est également une méthode gratuite et écologique compatible avec tous les types de contraception. Favorisant l’écoute de soi, l’exercice permettrait même aux initiées de se sentir mieux physiquement et psychologiquement.
Sur le papier, le concept paraît simple et séduisant. Mais bien loin de faire l’unanimité, le flux instinctif suscite controverse, notamment chez les professionnels de santé. Les avis sont partagés sur la question du danger que pourrait représenter la pratique. Certains médecins estiment que garder le sang à l’intérieur du vagin pendant une longue période pourrait favoriser une contamination bactérienne. Pour d’autres, l’exercice ne présenterait aucun risque médical. Le sang retenu ne serait pas assez conséquent et ne stagnerait pas assez longtemps pour constituer une réelle menace.
Le flux instinctif se revendique comme la solution naturelle convenant à toutes. Mais dans la pratique, les circonstances ne sont pas toujours favorables. Dans la réalité, l’accès aux toilettes n’est pas toujours garanti pour toutes les femmes désireuses de tester. Un flux menstruel très abondant, une tonicité faible du périnée et l’imprévisibilité du cycle menstruel peuvent constituer un frein, voir tout bonnement, empêcher l’adoption de la technique.
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