La face cachée de #MeeToo

La rédaction 10 octobre 2024

Lucas, 27 ans (Paris) se pose pleins de questions en tant qu’homme sur la sexualité à la suite des révélation post #MeToo. Notre sexologue lui répond.

Bonjour docteur. Jusqu’à maintenant, je n’avais aucun problème avec les filles. Je draguais et je baisais sans problème. Pourtant depuis quelques semaines, je suis attentif à tous ces acteurs, metteurs en scène, sportifs ou écrivains impliqués dans des affaires louches et j’ai l’impression que cela joue non seulement sur mon esprit, mais aussi sur mon physique. D’abord je fais attention à tout ce que je dis pour ne pas risquer de froisser les filles, mais surtout, je n’ose plus les prendre comme avant. Notamment la levrette et la sodomie. Pire, j’ai même des difficultés à garder une belle érection. J’ai l’impression que tout se mélange un peu dans mon esprit, croyez-vous que cela soit possible ?

Notre sexologue lui répond :

Non seulement je crois cela possible, mais je suis convaincue que vous avez raison de penser que c’est ce qui vous perturbe. Il faut reconnaître que toutes ces affaires d’abus sexuels commis par des hommes donnent une terrible image de la gent masculine. De plus, ce sont des hommes en vue, que l’on aurait envie d’admirer et non de mépriser et c’est d’autant plus navrant. Avec ces mauvais exemples, on se met à associer la notion de virilité à celle de la violence, et quand on se sent homme, c’est-à-dire un être viril, il est perturbant d’avoir à appartenir à la même catégorie que ces abuseurs et ces violeurs de femmes, voire de jeunes filles. Certes, vous n’êtes pas comme ça, mais il y a toutefois en vous un élément de cet ordre, celui qui vous permet d’avoir des rapports sexuels. Le langage le suggère en disant qu’un homme pénètre une femme, qu’il la prend, qu’il se la fait… Même avec une partenaire consentante il faut une touche d’agressivité, sinon de violence, pour pénétrer le corps d’autrui. De plus, la plupart des individus ont une partie de leurs fantasmes qui sont liés à la domination. Or ces exemples d’hommes qui passent à l’acte sans vergogne provoquent chez les êtres comme vous, c’est-à-dire plus sensibles et respectueux de l’autre, une profonde inquiétude comme si vous pouviez tout d’un coup laisser surgir les mauvais penchants que vous croyez sommeiller en vous. Mais laissez-moi vous dire une chose très importante, les abuseurs sexuels et les violeurs sont soit des psychopathes dont les barrières morales sont absentes, soit des individus comme ceux que vous citez. Dans ce dernier cas, la raison profonde de leurs actions découle de leur soif de pouvoir et d’une recherche permanente du sentiment de puissance extrême qu’ils s’attribuent quand ils arrivent à soumettre à leur volonté celle ou celui qu’ils ont en face et à lui enlever toute capacité à résister. Ce n’est plus vraiment de sexualité dont il s’agit, mais de domination et de contrôle sur autrui, voire d’une forme de dictature.

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