Les musées créent leur propre OnlyFans ! On vous dit pourquoi…

Sorelle Spet 27 octobre 2021

Les réseaux sociaux les plus populaires n’acceptent aucune forme de nudité, même quand celle-ci est artistique. Les musées de Vienne ont trouvé une solution pour contrer cette censure abusive…

Contre la censure des réseaux sociaux en matière de nudité, les musées de Vienne ont lancé une campagne inédite sur la plateforme OnlyFans.

Des oeuvres d’art censurées pour cause de nudité

Afin de contourner la censure de certains réseaux sociaux, plusieurs musées Viennois ont investi la plateforme OnlyFans. Réputée pour son accès à des comptes aux contenus olé-olé, la célèbre plateforme OnlyFans accueille de dorénavant de nouveaux créateurs de contenu : les musées. Pour assurer la publicité de leurs oeuvres et/ou expositions, les musées de Vienne ne peuvent pas compter sur les réseaux populaires tels que Facebook, Instagram ou Tik Tok. Ces derniers bannissent systématiquement toute représentation de nu, y compris lorsque celle-ci est artistique.

Le 16 octobre, l’Office du tourisme de Vienne annonce dans un article pour , la création d’un compte OnlyFans pour assurer leurs promotions artistiques. Cette initiative a pour objectif de « Protester contre un cahier des charges jugé trop strict de Facebook, Instagram ou Tik Tok« , explique le journal britannique. Ce n’est pas la première fois que les institutions muséales Viennoises sont confrontées à des restrictions abusives de la sorte. En 2018, le musée Léopold peinait à promouvoir son exposition autour des nus du peintre Egon Schiele. Les publicitaires refusaient d’inclure les peintures dans les campagnes de publicité des villes. Comme le montre le compte , un compromis avait finalement été trouvé : les tableaux étaient utilisés pour la campagne, mais des bandeaux masquaient la nudité des personnages.

En juillet dernier, c’est le compte Tik Tok du musée Albertina de Vienne qui en paie les frais. Suite à la publication d’une oeuvre de l’artiste Japonais, Nobuyoshi Araki, montrant un sein féminin obscurci, le compte du musée a été bloqué, puis supprimé par la plateforme. Ce n’est pas la première fois que le musée Albertina se voit éjecté des réseaux sociaux. En 2019, déjà, Instagram censurait le compte pour la publication d’une toile du peintre flamand Pierre Paul Rubens. La justification ? Cette publication enfreignait les normes communautaires de la plateforme.

Ces censures à répétition ne touchent pas que le milieu de la peinture. En 2018, une photographie de la Vénus de Willendorf, vieille de 25.000 ans, avait été retirée de Facebook. La raison ? Ce petit bout de femme avait un caractère supposément pornographique.

OnlyFans, le refuge pour l’art Viennois

Aujourd’hui, l’exposition Modigliani, Révolution du primitivisme, qui présente un certain nombre de nus peints par l’artiste Italien, se voit être victime de la même censure abusive. Pour éviter cette énième exclusion des réseaux sociaux, l’Office de tourisme Viennois lance officiellement son compte OnlyFans « Vienna’s 18 + content ». La porte-parole, Helena Hartlauer, explique dans un entretien pour que cette opération n’a pas pour seul objectif de relancer le secteur du tourisme en berne.

Il y a une véritable volonté d’alerter sur les normes de censure avec lesquelles les artistes doivent conjuguer : « Cette initiative marketing de notre part n’est pas la solution ultime à cette relation problématique entre le monde de l’art et les réseaux sociaux, mais nous voulons défendre nos valeurs et nos convictions (…) Vienne a toujours été réputée pour son ouverture d’esprit« . L’incapacité des algorithmes a déceler une toile de Rubens ou de Modigliani de quelconque contenu pornographique, est déplorée par le milieu artistique.

Toujours dans l’interview pour The Guardian, Helena Hartlauer questionne ces restrictions abusives qui touchent le domaine artistique : « Nous voulons juste nous demander : avons-nous besoin de ces limitations ? Qui décide de ce qui est censuré ? C’est très peu transparent. Cette initiative marketing n’est pas la solution ultime pour résoudre la relation problématique entre le monde de l’art et les réseaux sociaux. Mais nous voulons nous battre pour nos valeurs et pour ce en quoi nous croyons« , « S’ils ne peuvent pas être utilisés sur un outil de communication aussi puissant que les réseaux sociaux, c’est injuste et frustrant. C’est pourquoi nous avons pensé [à OnlyFans] : enfin, il existe un moyen de montrer ces choses« . 

En faisant son entrée sur la plateforme OnlyFans, les musées Viennois offrent aux premiers abonnés, une carte de réduction et de transport pour visiter la ville. Un ticket pour découvrir l’une des peintures concernées est également offert.

OnlyFans devient-il le nouvel outil de diffusion de la nudité artistique ? L’avenir nous le dira, mais quoiqu’il en soit, cette méthode questionne considérablement la liberté artistique.

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