Catherine Harry brise les tabous du sexe au Cambodge
29 juin 2018Féministe engagée, la jeune Cambodgienne publie des vidéos sur Facebook pour libérer la parole des femmes dans un pays où les violences sexuelles sont courantes.
Le changement, c’est maintenant !
Crédit photo: Challenges.fr
Tout comme l’ancienne journaliste Tina Kieffer, Catherine Harry se bat pour la cause féminine. À 23 ans, la jeune blogueuse défie le conservatisme de la société cambodgienne sur les réseaux sociaux. Via des vidéos, elle parle sans tabou de la sexualité féminine : les relations sexuelles avant le mariage, les films pornographiques et la culture du viol au Cambodge.
En 2014, l’enquête de l’ONU avait montré qu’un Cambodgien sur cinq avait déjà commis un viol. Face à ce problème, la blogueuse a tenté de relayer le mouvement #MeToo dans son pays mais en vain. Selon elle, cet échec est dû à la peur du rejet :« Si une femme parle de ses expériences d’agression sexuelle ou de harcèlement sexuel, elle sera rejetée par la société, par sa famille et ses amis« .
Déterminée à faire change les mentalités, connue sous le pseudonyme de « A dose of Cath » sur Facebook, incite les Cambodgiennes à délier leur langue. Grâce à sa notoriété et à celle des réseaux sociaux, le premier ministre Cambodgien Hun Sen a établi une stratégie de communication sur Facebook pour aborder des sujets intimes comme le choix des époux avant le mariage, les maladies sexuellement transmissibles.
Une audace fortement critiquée
Dans ce pays de 15 millions d’habitants très conservateurs, l’évolution des mœurs n’est pas envisageable. La blogueuse explique qu’elle est régulièrement harcelée sur son compte Facebook. Certains l’accusent de détruire la culture cambodgienne tandis que d’autres la traitent de « démon du sexe » et menacent de la tuer. Ce genre de réactions rythment le quotidien des Cambodgiens.
En 2016, la première dame Bun Rany avait reçu des insultes de la part des habitants à cause d’une photo montrant ses genoux légèrement écartés. Dans ce pays, les Cambodgiennes doivent se tenir pieds joints.
Malgré toutes les critiques reçues, Catherine Harry arrive à gagner sa vie grâce à ses 200 000 abonnés sur Facebook. Depuis Mars 2018, elle figure dans la liste des 30 entrepreneurs de moins de 30 ans les plus influents d’Asie.
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