La sexualité, c’était mieux avant ? Un sondage affirme le contraire !

Gwendoline Casamata 19 novembre 2024

L’Inserm (l’institut national de la santé et de la recherche médicale) et Santé Publique France se glissent sous les draps des Français et publient le 13 novembre 2024 une enquête « Contexte des sexualités en France ». Quatrième enquête du genre depuis 1970, elle résulte des réponses d’un peu plus de 31 000 participants de 15 à 89 ans choisis au hasard. Fruit de cinq années de travail, le rapport apporte un nouvel éclairage sur la sexualité des Français. Et les résultats sont sans appel : en 10 ans, les habitudes sous la couette ont changé. Alors, est ce que c’était mieux avant ? On fait le point.

Varier les plaisirs

Pour toute génération confondue, le nombre de partenaires au compteur s’emballe. En 2006, les femmes avaient en moyenne 4.5 compagnons au cours de leur vie. En 2023, c’est presque le double ! Avec un score de 7.9, les femmes semblent pousser la curiosité un cran au-dessus. Les hommes continuent quant à eux de creuser l’écart. Ils cumulent en moyenne 16.4 partenaires en 2023 contre 11.9 en 2006.

Cette augmentation du nombre d’amants s’accompagne d’une diversification des pratiques sexuelles, à commencer par la masturbation. Longtemps considérée comme taboue, elle sort enfin de l’ombre et des tiroirs. En 1992, seules 42,4 % des femmes déclaraient l’avoir déjà pratiquée. En 2023, elles sont 72,9 % à reconnaître s’être livrées aux plaisirs solitaires. La masturbation a visiblement du bon.

Et les préliminaires ? Pas question de les bâcler ! La pratique de la fellation et du cunnilingus est en plein essor, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Concernant la pénétration annale, les chiffres sont tout autant révélateurs : 38,9 % des femmes et 57,4 % des hommes s’y adonnent en 2023, contre respectivement 23,4 % et 29,6 % en 1992. Selon une étude du Journal of Sexuality, 94% des femmes ayant pratiqué le sexe anal lors de leur dernier rapport sexuel déclarent avoir eu un orgasme. Ça vaut peut-être le coup de se pencher sur la question, non ?

Pour les plus touche-à-tout, l’étude de l’Inserm révèle que le spectre de la sexualité s’est élargi en 2023. 13,4 % des femmes et 7,6 % des hommes ont déjà ressenti une attirance pour quelqu’un du même sexe. Le sujet fait d’ailleurs de moins en moins débat puisque 69,6 % des femmes et 56,2 % des hommes considèrent l’homosexualité comme une sexualité comme une autre.

Privilégier la qualité à la quantité

Si l’amour n’attend pas, les Français, eux, si ! L’entrée dans la vie sexuelle en France n’a jamais été aussi tardive : 18,2 ans pour les femmes et 17,7 ans pour les hommes en 2023. En 2010, où garçons et filles franchissaient ce cap à 17,3 ans. Les jeunes semblent moins impatients de s’adonner à la chose que leurs ainés.

Mais si les Français et Françaises démarrent sur le tard, ils semblent vouloir rattraper le temps perdu. L’amour n’est plus une question d’âge. En 2023, 56,6 % des femmes et 73,8 % des hommes de plus de 50 ans restent sexuellement actifs. Visiblement, plus c’est long, plus c’est bon !

Et si leur vie sexuelle dure plus longtemps, c’est peut-être parce qu’ils sont d’avantages satisfaits sexuellement. En 2023, 45,3 % des femmes se disent satisfaites de leur vie sexuelle, contre 43,6 % en 2006. Du côté des hommes, la hausse est plus timide : 39 % en 2023 contre 35,1 % en 2006.

Pour beaucoup, la qualité semble primer sur la quantité. L’enquête révèle une diminution de l’activité sexuelle. En 2023, seulement 77,2 % des femmes et 81,6 % des hommes ont eu au moins un rapport sexuel dans l’année écoulée. En 2006, ces chiffres étaient respectivement de 82,9 % et 89,1 %.

Cerise sur le gâteau, la fréquence des rapports pour faire plaisir à l’autre sans vraiment en avoir envie est en baisse. Si la passion ne se commande pas, au moins elle ne se force plus.

Violence et protection, des ombres persistantes 

Il semble que l’éducation sentimentale de bon nombre de français ait encore quelques chapitres à réviser. Côté violences sexuelles, les chiffres atteignent des sommets. Chez les 18-29 ans, 36,8 % des femmes, soit un peu plus d’une sur trois, déclarent avoir subi un rapport sexuel forcé ou une tentative au cours de leur vie. Une hausse vertigineuse par rapport à 2006, où ces chiffres étaient de 16,5 % pour les femmes et 4,7 % pour les hommes. Pour les femmes âgées de 18 à 69 ans, la tendance est similaire : 29,8 % en 2023 contre 15,9 % en 2006.

Les hommes ne sont pas non plus épargnés. 12,4 % d’entre eux sont victimes de violences similaires, contre 4,7 % en 2006. Et le pire ? Une partie importante de ces violences s’est produite alors que les victimes étaient mineures. Toutefois, la définition de ces violences au sens stricte du terme n’est plus la même. Les revendications du mouvement #MeToo ont largement contribué à redéfinir la définition des violences sexuelles.

Les violences sexuelles ne s’arrêtent pas à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre. 53,1 % des femmes et 29,5 % des hommes ayant déclaré des partenaires du même sexe ont subi des rapports forcés ou de tentatives. Les personnes ayant pensé à changer de genre sont encore plus souvent victimes de ces violences. Côté opinion, les avis sur la transidentité restent mitigés. Seuls 41.9 % des femmes et 31.6 % des hommes considèrent qu’il s’agit d’une identité comme une autre.

Côté prévention ? On a connu mieux : moins de la moitié des femmes (49,4 %) et juste au-dessus de la moyenne pour les hommes (52,6 %) se protègent lors de leurs premières fois avec de nouveaux partenaires. Pas étonnant que 34,7 % des grossesses des cinq dernières années soient « non souhaitées ».

Finalement les Français s’essaient à plus de pratiques variées, comptent plus de partenaires au fil des années, mais passent un peu moins de temps sous la couette. Et les chiffres sur les violences sexuelles rappellent que le chemin vers une sexualité respectueuse et épanouie est encore semé d’embûches.

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