Mon frère a subi des violences sexuelles

La rédaction 24 juillet 2021

» Cela fait maintenant trois mois que mon frère a vidé son sac, un sac lourd de dix ans de souffrance contenue. En fait, il y a encore quelque temps, il consommait beaucoup de cannabis. Et il a arrêté du jour au lendemain. Il y a trois mois, la vérité a éclaté. Il nous a annoncé, enfin surtout à mes parents, qu’il avait fumé du shit — au point de ne plus pouvoir s’en passer — pour oublier dix ans d’attouchements et d’abus sexuels de la part de son parrain. Évidemment, ce fut un choc pour tout le monde. Immédiatement, nous l’avons soutenu et nous avons beaucoup parlé de ce qu’il était possible de faire. Mais il ne veut rien engager pour le moment. Il attend, honteux, et nous sommes là, immobiles, à attendre avec lui. Nous avons l’impression d’avoir étalé un secret au grand jour et d’avoir vite mis une couverture dessus pour l’étouffer. Mes parents ne dorment plus, et mon frère écrit des chansons sur le sujet, qu’il laisse traîner à la vue de tous comme autant d’appels au secours… Il est très fier et ne veut pas consulter un psy. Pourtant, il en a certainement besoin. Du haut de ses 19 ans, il se croit fort car il a réussi à vivre avec ça. Comment peut-on l’aider à aller mieux ? »

De l’écoute et de l’empathie

Dans un premier temps, lui témoigner de l’empathie est la meilleure chose à faire. Cela signifie que vous lui donnez le sentiment d’être compris. Ne faites pas pression sur lui pour qu’il aille voir un thérapeute s’il affirme n’en ressentir ni l’envie, ni le besoin. Mais vous pouvez vous asseoir à côté de lui et lui dire qu’après avoir  vécu ce genre de traumatisme, tout individu a besoin de surmonter les sentiments contradictoires qui s’agitent en lui. Vous pouvez aussi lui écrire et lui proposer votre aide, sous la forme qui lui convient.

Même si votre frère s’est libéré de ce lourd secret, il est possible qu’il n’ait pas encore pris conscience de son statut de victime. Il est fréquent que les victimes d’abus se laissent submerger par un sentiment de honte, voire de culpabilité. La conscientisation vient avec le temps.

Le soutien et l’accompagnement pour aller mieux

Qu’il ait réussi à en parler en famille est déjà salutaire ! C’est une attitude plus dynamique que de fumer du cannabis. Il a raison d’être fier d’avoir pris la décision d’arrêter la drogue et de vider son sac. Laissez-lui le temps de continuer sa réflexion personnelle, il est probable qu’il comprendra de lui-même qu’avec de l’aide, on avance plus vite. Vous pourriez lui proposer de s’adresser à des associations s’occupant de victimes d’abus sexuels. Mais ne vous inquiétez pas en cas de réponse négative dans l’immédiat, c’est normal.

Néanmoins, il attend que vous lui montriez de l’intérêt, et c’est le plus important. Il s’agit d’une situation délicate où il ne faut surtout pas donner l’impression qu’une fois les choses dites, tout va bien. En même temps, on ne peut pas avoir l’air de vivre un drame en permanence. Il serait sans doute judicieux que vos parents décident d’aller en parler à quelqu’un qui les aiderait à trouver le comportement le plus adapté.

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