La sexomnie

La rédaction 6 avril 2021

Faire l’amour en dormant… Où est le problème ? Pourrait-on demander. Mais cette forme de somnambulisme à caractère sexuel peut mener à l’isolement et même à la prison ! Retour sur cette drôle de pathologie plus fréquente qu’on ne le croit.

La sexomnie, c’est quoi ?

Identifiée en 1996, la sexomnie (mot-valise parfois orthographié « sexsomnie ») est une maladie psychosomatique qui se caractérise, comme son nom l’indique, par des épisodes de somnambulisme sexuel. Souvent, c’est la compagne ou le compagnon qui détecte la pathologie. Le patient cherche à avoir un rapport sexuel avec son ou sa partenaire et il a l’air éveillé, mais il a une mine absente. Par ailleurs, il ne répond pas quand on lui parle et peut aussi se montrer plus agressif que d’habitude. Il est en fait plongé dans un sommeil profond, ne se rend absolument pas compte de ce qu’il fait et n’en gardera aucun souvenir. Il arrive également que le sexomniaque se soulage lui-même dans son sommeil. Certains témoignages rapportent même que des patients se lèvent pour se masturber devant le lit.

 Origines de la maladie

La recherche tâtonne encore et les scientifiques restent assez précautionneux dans leurs explications du phénomène. On parle généralement d’un trouble psychologique lié au stress ou à l’impossibilité d’assouvir certaines pulsions sexuelles. Une série de frustrations pourrait déclencher cette réaction du subconscient. Il est toutefois un point sur lequel les études sont unanimes : l’alcool et la drogue, qui nous plongent plus assurément dans un sommeil profond, sont reconnus comme des déclencheurs récurrents de crises chez les sexomniaques. On estime même parfois que c’est une des causes possibles de la sexomnie. Quoi qu’il en soit, la maladie est susceptible de survenir à tout moment de la vie, chez n’importe quel patient qui présente ou cumule ces facteurs. En bref, on ne naît pas sexomniaque, on le devient.

Traitements et fausses solutions

La maladie étant encore assez méconnue et plutôt taboue, les personnes qui souffrent de sexomnie vont souvent refuser d’en parler, mais il s’agit justement d’un réflexe à éviter. Les spécialistes mettent en garde contre le repli et invitent les couples à en discuter librement. De même, il est recommandé de ne pas chercher à contourner le problème à l’aide de somnifères (qui auraient plutôt tendance à aggraver la sexomnie) ou en s’attachant les mains.

Adressez-vous plutôt à votre médecin qui vous orientera vers un thérapeute ou vous recommandera un centre du sommeil.

 Vivre avec un(e) sexomniaque

Les personnes qui souffrent de sexomnie peuvent avoir plusieurs rapports au cours de la même nuit sans même ressentir de fatigue… Contrairement à leurs partenaires qui finissent par s’alarmer ou prendre peur. Dans de nombreux cas, le malade refuse de parler du problème et cela peut générer une certaine incompréhension. C’est le schéma à éviter à tout prix, surtout si les épisodes sexomniaques sont récurrents. Il y a un risque d’empirer la situation en laissant le silence s’installer. Le partage reste le seul chemin connu vers la guérison, d’abord en couple, puis en étant suivi par un médecin.

Parmi les patients qui ont été auscultés dans le cadre d’une étude américaine parue en juin, aucun d’entre eux n’avait parlé de son problème à un médecin avant de consulter le centre du sommeil dans lequel ils avaient été admis pour ladite étude. C’est dire la détresse psychologique et l’isolement que peuvent ressentir les personnes atteintes de sexomnie. Ces dernières voient la plupart de leurs relations amoureuses gâchées par ce problème, il faut aider ceux qui en ont besoin à franchir les obstacles psychologiques qui les retiennent dans cette situation.

Enfin, sachez que réveiller un somnambule ne comporte aucun danger pour sa santé mentale et qu’il en va de même pour les sexomniaques.

Quand la sexomnie devient dangereuse

Au fur et à mesure que la maladie trouve une certaine résonance au sein de la communauté scientifique, on voit la sexomnie faire son entrée dans les tribunaux. Et dans certains cas, cela mène même à des acquittements.

Un certain Frédéric L. s’est ainsi défendu en plaidant la sexomnie après avoir été accusé en 2008 d’avoir violé sa fille de 4 ans. Il avait la garde de l’enfant et c’est elle qui l’a réveillé alors qu’il forçait son sexe dans sa bouche. Il est comparu en mars devant le tribunal belge de Mons qui lui a accordé le bénéfice du doute après que son témoignage a été jugé crédible par des experts scientifiques. La partie civile a cependant fait appel.

On retrouve des exemples similaires d’acquittements dans des affaires de viol en Australie, aux Etats-Unis et au Canada dès 2005.

À ne pas confondre…

Le syndrome de Kleine-Levin est un cousin de la sexomnie qui fait partie de la famille des hypersomnies récurrentes. Le patient dort beaucoup pendant les crises : jusqu’à 20 heures par jour. Les sujets développent également une forme d’hypersexualité avec une excitation anormalement élevée, des érections prolongées et plus importantes que d’habitude. Les symptômes disparaissent généralement au cours de la trentaine, mais il arrive également qu’ils apparaissent à un moment ultérieur de la vie, souvent après un choc violent.

Les pollutions nocturnes sont encore un tout autre « problème ». Il s’agit d’une éjaculation non contrôlée de liquide séminal (et non pas de sperme) au cours du sommeil. Ce petit incident sans importance est indicateur du commencement de la puberté, mais il arrive aussi que certains adultes en fassent l’expérience.

Enfin, l’érection matinale est un phénomène naturel. Le corps effectue simplement un contrôle de routine de certaines de ses fonctions pendant la nuit. Une érection matinale survient lorsque l’on se réveille au cours d’un de ces tests de routine. Ce qui n’indique en rien que l’on souffre de sexomnie !

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