Ces 3 fétichismes dont les hommes ont honte
10 avril 2025Le fétichisme, loin d’être une simple préférence sexuelle, est souvent révélateur des facettes profondes de notre personnalité.
Souvent tus par honte ou par incompréhension, et si nos fétichismes en disaient plus sur nous que nous ne le pensons ? Loin d’être de simples préférences sexuelles, ils révèlent souvent des facettes profondes de notre personnalité : un rapport au contrôle, à l’esthétique, au regard des autres, voire une manière de s’inscrire dans le monde. Jean-Pierre, Jeff et Fabrice incarnent trois visions du désir, chacune intimement liée à leur manière d’être. Entre contrôle et lâcher-prise, admiration et affirmation de soi, leurs témoignages nous interrogent : notre sexualité est-elle le miroir de notre personnalité ?
Des talons avec talents
Le fantasme du pied est un des fantasmes les plus partagés chez les hommes ! Jean-Pierre, 66 ans, en est l’incarnation. Très tôt, dès l’enfance, il ressent un trouble en lien avec la soumission et l’humiliation. « C’est arrivé très tôt, autour de 10 ou 11 ans. Je n’avais pas d’excitation à proprement parler, mais certaines lectures, certaines scènes me troublaient profondément. » Ce trouble prend forme à l’âge adulte sous la (en une) fascination des chaussures féminines et des pieds.
Plutôt que de refouler ce désir, il l’intègre à son quotidien en co-gérant une boutique fétichiste avec sa femme, Martine. Il y trouve une place idéale : agenouillé devant ses clientes, il leur fait essayer des talons, servant parfois de repose-pieds ou de masseur improvisé. « Quand la cliente veut essayer des chaussures, je m’agenouille devant elle, je la déchausse, et c’est sur mes cuisses qu’elle appuie ses talons. » Cette mise en scène participe d’un plaisir autant sensuel que psychologique.
Loin de se contenter d’admirer les talons, Jean-Pierre y voit un symbole de puissance féminine. « Le talon, c’est le prolongement du pied. Il donne de l’élégance, du pouvoir, redresse la silhouette. Il y a une force dans cet accessoire. » Son fétichisme n’est pas un préliminaire vers un acte sexuel : il est une finalité en soi. « Quand je termine la journée avec des marques rouges sur les cuisses, c’est que la journée a été savoureuse. »
Cependant, il reste attentif à la frontière du consentement. Il veille à ce que ses clientes soient à l’aise et accepte leur refus. « Je suis très attentif au respect et au consentement. La moindre gêne perçue, et j’arrête tout. »
Dans ce monde où la podophilie est plus courante qu’on ne l’imagine, Jean-Pierre ne se sent pas seul. Il participe à des soirées BDSM où les fétichistes du pied se retrouvent. « Là-bas, c’est presque un jeu minimum : masser les pieds des dominas, les lécher. » Mais d’autres fétichismes sont plus difficiles à assumer !
À première vue…
Jeff, lui, ne touche pas, il regarde. Son fétichisme repose sur la scopophilie, un plaisir intense lié à l’observation de l’érotisme et du sexe dans des contextes inattendus. Ce cinquantenaire rieur et charmant refuse néanmoins l’étiquette de voyeur. « Voyeur, ça fait pervers. Moi, je vois des choses que les autres ne remarquent pas. J’ai un cerveau qui capte l’érotisme, une sensibilité particulière à ce qui se joue dans les espaces publics. »
Être scopophile, c’est collectionner des images et des moments. « Je m’installe toujours à un endroit stratégique, où je peux voir l’ensemble de la salle. Un jour, j’étais seul dans un restaurant et j’ai vu, à la fenêtre d’un immeuble, un couple faire l’amour. Ils savaient qu’ils étaient visibles, ils en jouaient. Je suis revenu plusieurs fois dans ce restaurant, et ils sont revenus, s’exhibant avec un frisson de risque. »
Pour lui, la scopophilie n’est pas passive. C’est une fusion entre passé et présent, une mémoire érotique qui enrichit chaque nouvelle scène. « Quand je vis un moment érotique en public, cela réactive en moi des souvenirs. Mon plaisir vient de cette accumulation. »
Son plaisir de connaître des moments intimes ne se limite pas à l’image. Il aime aussi écouter. « Je vais parfois dans des hôtels avec des cloisons fines. On devient spectateur, ou plutôt auditeur, des ébats des voisins. Ce n’est pas du porno, c’est plus excitant, car c’est spontané. »
La question du consentement se pose bien sûr. Jeff en est conscient. « Je ne me cache pas. J’observe, mais sans intrusion. Le consentement reste ma priorité. Je ne vais pas importuner les gens ou m’imposer. »
Et si le fétichisme de Jeff dévoilait une envie viscérale d’être un gardien des secrets intimes des autres ?
Ni oui, nylon !
Le fétichisme de la matière (cuir, latex, laine…) inspire les communautés fétichistes les plus actives sur les réseaux. Fabrice, 25 ans, vit avec ce type de fétichisme depuis l’adolescence. Et son attirance pour les collants féminins n’est pas un simple fantasme, mais une obsession qui s’impose à lui au quotidien. « Je ne fantasme pas sur les seins ou les fesses. Ce qui m’attire en premier chez une femme, ce sont ses jambes en collants. Dès que j’en vois, mon regard est happé et je ne pense plus qu’à ça. »
Il a appris à dissimuler cette attirance, ne la confiant qu’à quelques proches, avec précaution. « Je me contente de dire que j’aime bien les collants, que je trouve ça doux et sexy. La plupart des gens comprennent et n’en font pas toute une histoire. »
Dans ses relations amoureuses, il assume davantage et demande systématiquement à ses partenaires d’en porter. Toutes ses complices ont d’ailleurs accepté d’en porter, pour son plus grand bonheur, ce qui lui permet de mieux canaliser son obsession. Mais à défaut, il compense autrement. « Je regarde beaucoup de vidéos de Pantyhose sur YouTube. On y trouve une belle collection de femmes en collants, et ça fait partie de mes moments d’intimité. »
Il achète parfois ses propres collants et se souvient précisément de sa première paire. « Je l’ai volée à une fille dans les vestiaires. Rien que l’acte en lui-même m’excitait, mais la porter ensuite, c’était encore plus intense. »
Dans la rue, dans les transports, au restaurant, son regard est inévitablement attiré. « C’est devenu envahissant. J’aimerais pouvoir penser à autre chose, mais c’est plus fort que moi. » L’idée d’une thérapie l’a traversé, mais il n’a jamais sauté le pas. « J’ai honte d’en parler à quelqu’un en face. Et puis, je me dis que c’est une part de moi dont je ne pourrai jamais me débarrasser. Alors à quoi bon ? »
Et si la meilleure façon de vivre son fétichisme, c’était de l’accepter ?
A lire aussi…
Comment réagir face à ma copine fétichiste
Fétichiste du pied ? On vous explique pourquoi ça plait autant !