La gynéco en plein désert !

Antoine 20 avril 2015

Chronique d’un naufrage annoncé pour la gynécologie médicale en France. Alors que l’offre médicale s’appauvrit comme peau de chagrin, on commence à s’inquiéter pour la santé des Françaises qui ne manquera pas d’en pâtir.

Au commencement était le numerus clausus, instauré en 1971 et à propos duquel tout le monde s’accorde aujourd’hui à dire qu’il a eu des résultats dévastateurs sur l’ensemble de la médecine française. Cette mesure, initialement prise dans le but d’éviter un engorgement des professions médicales, a drastiquement fait baisser le nombre de médecins formés chaque année et la France a mis trop d’années à constater l’ampleur des dégâts. Puis, en 1986, la gynécologie médicale a carrément été supprimée. Dorénavant, seul le cursus de gynécologie obstétrique serait retenu (jusqu’à un rétropédalage en 2004). C’est ainsi, à force de décisions discutables et de coups du sort, que l’on a abouti à la situation actuelle : selon le Comité de défense de la gynécologie médicale (CDGM), on dénombrerait actuellement un gynécologue pour 30 000 Françaises, soit 1 000 praticiens en tout. Si les chiffres continuent à progresser de la sorte, ce seront seulement 180 gynécologues qui exerceront en 2020 pour la France entière… Dont la démographie aura continué de croître, bien entendu !

Une filière abimée

Mais le constat chiffré ne fait que refléter une situation bien réelle sur le terrain. Première évidence que toute Française aura remarquée : il est chaque année plus difficile d’obtenir un rendez-vous en gynécologie et ce à plus forte raison dans les zones pauvrement dotées en cabinets médicaux. Certains praticiens renoncent même à accepter de nouvelles patientes tant leurs calendriers affichent complet. Cette nouvelle donne change également la profession qui peine à s’adapter et qui tente de moins en moins les potentielles recrues. En effet, les filières médicales se féminisent et 60% des obstétriciens sont des femmes. Après plus de dix années d’études, ces dernières souhaiteraient simplement pouvoir concilier une vie de famille avec leur métier. Comme tout un chacun, elles acceptent donc de fournir 35 à 40 heures de travail par semaine mais ne conçoivent pas forcément l’utilité d’en faire plus, à titre personnel. Qui plus est, le schéma typique du médecin qui travaille en bénéficiant de la collaboration gratuite de son épouse n’a plus cours dans cette nouvelle configuration. D’où un coût de fonctionnement plus élevé et donc un regain d’intérêt pour la médecine hospitalière au lieu de la pratique indépendante à laquelle les patientes sont plus habituées. Dans ce contexte, que deviennent les petites urgences ou encore les consultations qui durent plus de dix minutes ? Et que devient la santé gynécologique des Françaises ?

Transfert et conséquences…

Les solutions envisagées actuellement afin d’assurer un minimum de suivi pour les patientes pointent vers un éclatement de la pratique. On forme plus de généralistes à la gynécologie et les aides-soignantes sont également mises à contribution. Mais ce morcellement des soins pourrait mener à une gynécologie ponctuée de ruptures dans le suivi et de négligences dues à de simples oublis de la part de professionnels de santé déjà débordés. Concernant la santé des Françaises, les conséquences de cette situation pourraient s’avérer dramatique. Que l’on songe à un appauvrissement des conseils sur la fécondité et la contraception, ou encore sur le volet du dépistage et de la prévention contre les cancers du col de l’utérus et du sein… L’avenir de la gynécologie française paraît bien sombre.

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Antoine B.


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