Le billet de banque le plus sulfureux de la planète !

Depuis juillet 2024 une nouvelle série de billet de yen japonais est en circulation. Et l’enjeu économique est de taille : relancer la croissance économique d’un pays qui évite de justesse la récession. Le cours du Yen au plus bas, la production de ces nouveaux billets a pour but de dynamiser la circulation monétaire. Alliant innovation et mémoire, chaque billet de cette série est une œuvre d’art en soi. Mais la diffusion de ces billets innovants ne semble pas faire l’unanimité. Le nouveau billet de 10 000 yens attise la controverse, notamment chez les jeunes couples. Mais pourquoi une telle polémique ?

Un billet de 10 000 yens qui divise l’opinion

Une esthétique travaillée, des portraits d’illustres personnages de l’histoire japonaise et des paysages pittoresques, tous les ingrédients semblent réunis pour que ces billets rencontrent un franc succès. Chaque détail est pensé et réfléchi pour célébrer la culture japonaise. Et le pari est gagnant ! Symbolisant dynamisme et innovation, les billets fraichement imprimés font sensation. L’accueil du public est chaleureux, Japonais et étrangers saluent l’attention aux détails et le mariage harmonieux de la tradition et de l’innovation.

Mais le bât blesse pour l’une de ces nouvelles coupures. Le billet de 10 000 yens, illustré par le visage d’Eiichi Shibusawa, divise. Et de prime abord, on a du mal à comprendre pourquoi. Entré dans la postérité comme le père de l’économie japonaise, sa place sur cette nouvelle coupure semble pourtant légitime. Enfant de fermiers aux origines modestes, l’industriel s’est hissé à la tête de la chambre de commerce de Tokyo et de la première banque du Japon. C’est tout bonnement le rêve américain exporté au pays du soleil levant ! Reconnu de ses pairs l’économiste Tsuchiya Takao, présente l’homme comme “un leader à l’esprit noble et désintéressé qui épousait la morale et l’éthique économiques”. Grand homme d’affaire, il s’est impliqué au cours de sa vie comme fondateur ou financier dans pas moins de 500 entreprises. Mais dans sa vie privée, l’homme d’affaire ne prône visiblement pas les mêmes valeurs.

Un sage proverbe dit : Derrière chaque grand homme il y a toujours une femme. Mais pour Eiichi Shibusawa, une femme ne semble pas suffisante ! Mari notoirement connu pour son infidélité, l’industriel est allé jusqu’à imposer la présence de sa maîtresse à son épouse au domicile conjugal. Image de réussite et d’ouverture au monde pour certains et figure d’adultère pour d’autre, l’usage de son image pour illustrer le billet de 10 000 yens a de quoi diviser.

Quand l’adultère s’invite au mariage

Lors d’un mariage japonais, l’usage veut que les convives effectuent une donation aux mariés. L’ardoise se sale en fonction de la proximité avec les conjoints et va de 10 000 yens à 50 000 yens en moyenne. Dans ces évènement le liquide est de mise. Pour faire preuve de politesse, les invités doivent se munir de billets neufs et de la plus haute valeur. Le fameux billet de 10 000 yens est donc des plus courant. Depuis juillet, l’image de Shibusawa Eiichi, s’invite de plus en plus souvent dans les réceptions et suscite un certain malaise. Les jeunes mariés ne veulent pas de cette figure d’adultère à leur mariage. Selon une enquête de l’agence d’organisation de mariages Tokihana 30% des personnes interrogées jugeraient même leur utilisation inappropriée.

La question a pris de l’ampleur et suscite le débat dans de nombreux médias japonais. L’émission de télévision « Bon ! Matin » du 3 octobre, diffusée sur Asahi, a abordé le sujet « Etant donné que Eiichi Shibusawa est associé à l’infidélité, les anciens billets représentant Yukichi Fukuzawa (un intellectuel de l’ère Meiji) devraient être favorisés comme cadeaux de mariage. » Les anciens billets de banque peuvent être utilisés indéfiniment mais leur émission deviendra de moins en moins fréquente, favorisant leur disparation.

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