Salo IV, le salon du dessin érotique

Flore Cherry 29 février 2016

Laurent Quénéhen est directeur de l’espace d’art les Salaisons, une ancienne charcuterie familiale, dans laquelle il organise sa première exposition « Salo » (en référence au gras du cochon et à l’œuvre de Sade) en 2013. Quatre années plus tard, c’est à Paris qu’il ouvre sa quatrième session. Un salon qui veut avant tout ouvrir l’espace d’expression érotique aux femmes artistes… Rencontre.

interstron.ru : Qu’est-ce qui a motivé la création de ce salon à l’origine ?

Plusieurs raisons nous ont motivées à lancer ce salon de dessins érotiques. Il y a quatre ans, j’étais installé dans un espace d’art qui était une salaison, l’ancienne usine de charcuterie de mon grand-père avec sur l’enseigne un cochon (d’ailleurs Salo signifie en russe le gras du cochon). Dans ce lieu, j’avais exposé Vincent Corpet, un artiste qui a illustré Sade. C’était aussi la période de tous les salons de dessins parisiens, je voulais amener une touche alternative et sexy dans une ville de banlieue, à Romainville (93). Il y avait également un lycée professionnel de jeunes femmes en face du salon, je souhaitais leur permettre d’accéder à l’art d’une manière plus sensible, l’art pour tous est une priorité.

Combien de personnes avez-vous réunies lors des précédentes sessions ?

Difficile à dire, je ne comptais pas les visiteurs, 500 sans doute, peut-être plus en soirée.

Comment sélectionnez-vous vos artistes ?

Je fais un appel à candidatures et je sélectionne. J’ai reçu un très grand nombre de dossiers. Il est important de laisser une opportunité à tous les artistes, que ça ne soit pas uniquement une sélection d’amis ou de noms connus. Il faut aussi des sans nom, c’est d’ailleurs une source importante de l’érotisme ; imaginez des inconnus qui vous envoient des dessins érotiques, c’est assez fabuleux. Pour la sélection des œuvres, c’est la puissance d’imagination de l’artiste, la force d’un univers, l’allégorie ou le côté direct, la surprise en pleine face ; André Breton disait : « la pornographie, c’est l’érotisme des autres ».

Un « bon » dessin érotique doit-il être un minimum explicite ?

Le dessin peut être explicite ou pas trop : le côté cru s’adresse à la sensation pure, on ressent quelque chose physiquement, dans l’identification quasi involontaire. Si le dessin n’est pas explicite, il s’adresse à d’autres parties du cerveau, à la raison, à l’imagination, c’est une autre forme de plaisir qui redescend par ricochet, c’est moins direct, mais ça fonctionne aussi bien.

L’art érotique est-il en pleine libération actuellement ou au contraire en recul ?

L’art érotique est en pleine libération personnelle, beaucoup d’artistes font des œuvres érotiques, particulièrement des femmes, mais c’est assez peu montré. Les lieux sont censurés (ou s’autocensurent) pour ne pas heurter les sensibilités des prudes, des sectaires. Comme c’est parti, ils risquent d’interdire l’entrée du Louvre aux plus jeunes, on y voit tellement de femmes nues.

Le salon se tiendra du 7 au 10 avril 2016, au 24, rue Beaubourg à Paris de 11h à 20h.
Le petit plus ? L’entrée est gratuite !

Toutes les informations sont à retrouver .

Pour les amateurs d’images érotiques, retrouvez l’interview du dessinateur Axterdam et les auteurs d’un cadavre exquis érotique en ligne !

(Image à la une : Frédéric Léglise, Hello Kitty, 2016)

À propos de l’auteur
Flore Cherry

Flore Cherry

Journaliste, blogueuse et organisatrice d'événements dans le milieu de l'érotisme, je suis une jeune fille cul-rieuse qui parle de sexe sans complexe (et avec une pincée d'humour, pour que ça glisse mieux !)

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